L’ILE DE RHODA
Au sud de l'île de Gezira se trouve l'île de Rhoda (3,5 km de long sur 600m de large) entre le Caire à Test et Guizèh à l'ouest C'est un lieu résidentiel aisé. On y trouve le Palais Maniai,
le Nilomètre, l'auberge de jeunesse, l'Hôpital Ksar El Eini, inauguré par le roi Farouk en 1941 et la faculté de tourisme. Les premières constructions érigées sur l’ile furent le Nilomètre, les casernes des Mamelouks et le palais de Manial. Au 19ème siècle l'île couverte de magnifiques jardins vit l’émergence de nombreux palais rappelant ceux du Bosphore avec ses vergers et ses demeures de pachas. Seuls deux palais ont subsisté à la vague de béton des années 1950
Le nilomètre de l’île de Rodah
Les nilomètres, (Mikyas al-Nil), ont été utilisés tout le long du Nil depuis l’antiquité et font partie du patrimoine Egyptien. Construit en pierre de taille, le nilomètre de l’île de Rodah est situé à la pointe sud de l’île et fait face à al-Fustat sur la rive Est. C’est une des plus anciennes structures du Caire construites après la conquête arabe. Sa fonction principale était de mesurer le niveau de la crue. Avant que le Nil soit apprivoisé par les barrages, durant Août et Septembre, il était utilisé pour réguler la distribution de l'eau ainsi que pour calculer le montant des impôts à payer au califat. En effet selon l’importance de la crue on avait ou pas de bonnes récoltes. .
C’est un énorme puits circulaire (rectangulaire à sa base), relié au Nil par trois tunnels répartis sur trois niveaux, qui fonctionnent selon le principe des vases communicants. Une grande colonne en marbre est placée au centre de la cavité. Elle repose sur une base en pierre et est surmontée par une poutre en bois d’acacia inscrite en kufique. Cette colonne à chapiteau corinthien est scandée sur son fût de repères correspondant à la mesure d’une coudée romaine (54 cm). Un escalier en pierre permet d’accéder jusqu’au troisième niveau. Les murs intérieurs sont ornés de niches en ressauts à arcatures légèrement brisées soutenues par des colonnettes.
Le Nilomètre fut fondé en 715 A.C et reconstruit en 861 comme l’indique les inscriptions sur ses côtés nord et Est. Si ces inscriptions nous fournissent d’importantes informations historiques, elles sont aussi remarquables car elles constituent le plus ancien exemple d’inscription monumentale en Égypte islamique. Il fut restauré au XI siècle et en 1939 ou les travaux ont mis à jour des blocs de sculpture venant d'une église copte et quelques fragments de l'époque pharaonique.
Situé près de la nilomètre,c’est un complexe architectural construit par Hassan Fouad Al-Manasterli Pacha en 1851. (A sa mort il fut inhumé dans sa mosquée situé à proximité). En 2012, après trois ans de travail, le Palais de Manasterli a été entièrement rénové redonnant vie aux gravures et décorations qui ornaient ses murs. Prévu à l’origine pour être un musée de pierres précieuses, il a finalement été accaparé par le ministère de la Culture
Une magnifique pagode donne sur une immense terrasse dont la partie inférieure s’avance directement dans l'eau. Plus loin se trouve le musée Kawkab al-Sharq (astre de l’Orient) en mémoire de la chanteuse Oum Kalthoum qui abrite une série de ses effets personnels dont ses célèbres lunettes de soleil et écharpes. Dans un petit jardin attenant on trouve une petite statue conçue comme notation musicale portant son nom.
Palais Manial
Le palais a été construit au début XXème siècle au cœur d’un parc pour commémorer et immortaliser l'art islamique. Il est considéré comme un des musées les plus importants et historiques, car il représente une période cruciale dans l'histoire égyptienne moderne et dépeint en détail la vie de la famille royale. Il fut habitée par son concepteur, le prince Mohammed Ali jusqu’en 1952 (année de la révolution égyptienne), trois années avant sa mort.
Il est situé à l'est Nil dans l'île de Manial El-Roda. Le domaine (61 711m2) comprend les bâtiments (5 000m2), les jardins (34.000m2), les allées (22711m2). Le palais est divisé en 11 sections; la porte qui a été construit dans le style d’un château moyenâgeux.
Partons à la découverte du domaine, on y trouve: L’enceinte extérieure - l’entrée du palais - le palais de réception à deux étages, (chacun comprenant deux salles)- la tour de l’horloge - le Sabil ou fontaine - la mosquée le musée de la chasse, le palais résidentiel
proprement dit, à deux étages, flanqué d’une tour d’où l’on avait à l’époque une vue panoramique sur le Caire et Guizèh ; le palais du trône
le musée privé - la salle dorée . Un jardin
unique en son genre, entoure le palais.
Le musée privé situé dans la partie sud du palais, se compose de 15 salles divisées par une cour avec un petit jardin, on y trouve :
-Des manuscrits rares, des interprétations coraniques, des toiles reproduisant de superbes calligraphies ornées de décorations végétales et d’oiseaux. On y retrouve des armes blanches et des armes à feu, des épées et des poignards arabes et ottomans.
- Des Tapis rares de divers styles, des modèles de costumes turcs de toutes les catégories et une collection de ceintures féminines incrustées de rubis, de corail et d’ambre.
- Des objets privés du prince incrustés de diamants et une collection de cadeaux offerts par les rois des Etats.
Étant sans enfants, le prince laisse des instructions précises pour qu’après après son décès, son palais et son musée fasse l’objet d’un “waqf” (donation à œuvre d’utilité publique)
Mais l’histoire en décide autrement : Sous Nasser, le palais est transformé en un hôtel 5 étoiles et loué au Club Méditerranée. Il sert d’escale pour les circuits du ClubMed vers Louxor et la vallée du Nil. Sous Sadate, le palais sert de cadre à de luxueux mariages. Les lectures de poésie et récitals de musique classique sont remplacés par des spectacles de danseuses du ventre et des concerts de musique disco. Commence alors la période la plus sombre : le palais est laissé à l’abandon.
Ce n'est qu'en 2005, sous l’influx du ministère des Antiquités, qu'un chantier de rénovation permettra au palais de retrouver sa splendeur d’antan.