La Citadelle
Un peu d’histoire
1169, Saladin est nommé vizir par le calife Al-Adid, menacé par l’armée du roi franc de Jérusalem, Amaury Ier. Il entame aussitôt un vaste programme de fortifications dans tout le pays et en particulier au Caire. Les murailles de briques construites cent ans auparavant sont doublées d'une enceinte en pierre de 14 kilomètres de long percée de portes monumentales. Elle doit réunir la ville de Fostat à la cité califale d'al-Qahira.
1173, Saladin devenu sultan est le premier dirigeant de la dynastie ayyoubide. Il pose les fondations d'un site fortifié de dix hectares sur la seule colline de de la ville, qui prévoit des poternes et trois grandes portes. Cette citadelle verrou de la nouvelle enceinte, devient le symbole son pouvoir et le siège de sa résidence royale
Après la mort de Saladin, ses successeurs, renforcent la citadelle. Vers 1200 son neveu Al-Kamel double la taille des tours contrôlant le passage étroit vers les collines de Mokattam. La partie sud du rempart étant considérée comme la plus faible reçoit trois tours dont la plus monumentale est surnommée Burj al-Turfa, « la Pièce maîtresse ».À la mort de son père en 1218, Al-Kamel devient sultan et transfère sa résidence à la citadelle où il a construit son palais dans le quartier sud.
1250. Les Mamelouks renversent les Ayyoubides et prennent le pouvoir. Le sultan An-Nasir Muhammad (1294--1341) construit sa mosquée et un grand Palais de justice. Doté d’un grand dôme vert qui dominait tous les bâtiments, il était, utilisé pour des cérémonies officielles. Tout près du palais, les écuries royales abritaient 4 800 chevaux.
1517 : Les Ottomans construisent la plus grande tour de la Citadelle Al-Muqattam, qui s'élève au-dessus de l'entrée de la Citadelle. Cette tour fait 25m de haut et a un diamètre de 2 m. En 1754 ils reconstruisirent les murs du quartier bas et ajoutèrent la porte fortifiée El-Azab.
1805 Méhémet Ali, reconstruit une grande partie des murs externes et remplace plusieurs des bâtiments délabrés, du quartier. Sa mosquée, construite dans le style appelé Ottoman Baroque qui imite les grandes mosquées d'Istanbul, domine aujourd'hui le quartier sud. Au sud de la Mosquée, le palais Gawharah (palais des bijoux) a été construit entre 1811 et 1814 en vis-à-vis de la mosquée de Mohamed an-Nasir. C'est aujourd'hui le musée national de la police.
Visite
L'Enceinte
Mosquée de Méhémet Ali
Sa mosquée, construite édifié de 1830 à 1848 s'inspire largement de l'architecture traditionnelle ottomane qui imite les grandes mosquées d'Istanbul, elle domine aujourd'hui le quartier sud. Plusieurs constructions datant de l'époque mamelouke sont détruites pour laisser la place à la mosquée. Les plans sont calqués sur les grandes mosquées impériales d'Istanbul et plus spécifiquement sur la mosquée bleue, avec laquelle il existe de nombreuses similitudes. Le gros œuvre est achevé en 1848, mais les travaux de finition se poursuivent jusqu'en 1857. Cette même année voit le transfert dans la nouvelle mosquée du tombeau de Mohammed Ali.
Le palais Gawharah (palais des bijoux). Il a été construit entre 1811 et 1814. Son nom est celui de la dernière épouse de Mohamed Ali, Gawharah Hanem son surnom, le palais des bijoux, vient du fait du fait qu’après la révolution de 1952 il a été utilisé comme musée des joyaux khédives. Cependant, il a été ravagé par un incendie en 1972, lorsque des voleurs ont tenté de voler les bijoux. C'est aujourd'hui le musée national de la police. On peut y voir des armes, des uniformes, des photos de célèbres criminels égyptiens historiques comme les deux sœurs Rayya et Sekina, qui assassinèrent plus de 15 femmes à Alexandrie au début du 20e siècle. Juste en face du Palais Gawharah et la Mosquée Mohamed Ali se trouve une esplanade offrant une vue magnifique sur le Caire ou on peut voir la plupart des monuments islamiques. En son milieu se tient une énorme fontaine où parfois l'eau jaillit de la gueule de quatre lions.
« De la terrasse de la citadelle se déroule un panorama magnifique. Le Caire sous vos pieds avec ses 400 mosquées, ses jardins qui découpent le ton monotone et sombre des maisons, les vastes plantations et les belles avenues qui couvrent l'espace compris entre la ville et le Nil, Boulac, le Vieux Caire, Rhoda, les plis jaunâtres du grand fleuve ; plus loin, en face, Gizeh et ses pyramides, ces colosses que ni le fleuve, ni les hommes, ni le temps n'ont pu détruire et qui vous invitent à venir admirer le lever du soleil du haut de leur aiguille ; plus loin encore vers le Sud les quinze pyramides de Sakarah, les monts Libyens et les plaines immenses du désert. Là votre imagination se complet à exhumer des fastes du vieux monde les souvenirs si attachants d'une histoire qui, d'abord légendaire, se dégage peu à peu des langes du vieil âge, devient certaine, brillante et montre à l'admiration les peuples et les rois qui ont laissé tant d'impérissables monuments. »
F. Levernay, Guide général de l'Egypte, 1868.
Le palais Haram
Près de la porte Al-Qullah dans le quartier nord se trouve le palais-harem de Méhémet Ali, qui a été construit en 1827 dans le même modèle ottoman que le palais des bijoux. La statue placée devant est celle d'Ibrahim Pacha, par Charles Cordier. Le palais servit de résidence royale jusqu'en 1874 quand le khédive Ismaïl déménagea au palais d'Abdine. Il fut un hôpital militaire pendant l'occupation britannique. Depuis 1949, c'est le musée militaire de l'Égypte, fondé par le roi Farouk. C’est ici que Mohamed Ali devait recevoir 470 Mamelouks qu’il avait convié à une fête. Ils les a tous fait massacré au pied de la porte Bab el Azab (Voir le récit sur l’article consacré à Bab el Azab. Juste derrière ce musée la tour el-Turfah, est une des plus grandes des tours carrées construites par Al-Kamil en 1207.
Mosquée de Mochamedel-Nasir
Mohamed An Nasir, un Sultan qui a régné durant trois périodes entre 1294 et 1341) Parmi toutes ses constructions il reste que sa mosquée. Elle a été commencée en 1318 et finie en 1355.
Nous savons également qu’il a construit un grand Palais de justice avec un grand dôme vert qui dominait tous les bâtiments. Près de celui-ci a été construit Qasr el-Ablaq (palais rayé) avec son marbre noir et jaune. Ce palais, utilisé pour des cérémonies officielles, comportait un escalier menant vers le quartier bas et les écuries royales où An Nasir avait 4 800 chevaux.
Qasr al-Ablaq ou Le Palais bigarré
Le Sultan siégeait d’habitude dans ce palais tous les jours pour le service (de sa cour), sauf les lundis et jeudis consacrés au service de la Maison de Justice. Il siégeait tantôt sur son trône dressé au centre de l’Iwan de ce palais tantôt délaissant le trône, il s’asseyait sur le sol. Le palais communiquait avec trois palais intérieurs dont les façades étaient pierres noires et jaunes
Puits de joseph
Salah al-Din, a laissé, à l’intérieur de la Citadelle, un puits remarquable profond de 87m. Il comporte deux parties. On descend à la partie inférieure par un escalier taillé dans le roc qui serpente autour du puits et qui comporte des fenêtres. C'est par là qu'on fait descendre les bœufs sur la plate-forme inférieure d'où ils élèvent l'eau par une sakieh pourvue de pots de cuir qui se remplissent et se vident dans un premier réservoir. Une seconde sakieh située sur la plateforme supérieure amène l’eau en haut du puits. La deuxième partie du puits comporte un escalier, plus étroit rendant sa descente très dangereuse. Le bassin ou la source d'eau qui est au fond du puits, n'a que 3m de profondeur. L’eau de la source est un peu salé aussi on ne s’en servait que pour les tâches ménagères. On n’en buvait que par nécessité, et dans le cas que le château soit assiégé.