Bab el Azab
Un peu d’histoire
Bab al-Azab protégeait l'entrée originale de la Citadelle, elle a été reconstruite en 1754 et dotées des portes en bois et en laiton actuelles. Sa notoriété date d’une action décisive de Mohammed Ali, au début du 19e siècle gouverneur de l'Egypte.
Lorsque Mohammed Ali devint le maitre de l'Egypte, des factions de mamelouk contrôlaient toujours une grande partie du pays et contestaient son autorité en vertu de leurs anciens droits seigneuriaux. Organisant une grande fête pour son fils Tusun, il y invita les principaux seigneurs mamelouks pour se réconcilier avec eux.
Le 1er Mars 1811, cinq cents chefs Mamelouks dirigés par Shahin Bey participent au défilé militaire des célébrations de Mohammed Ali comme l'un de ses contingents d'arrière-garde. Arrivés à la grille de l’Azab au bas de la colline étroite qui monte vers la citadelle, les immenses portes de Bab al-Azab furent soudainement fermés. Ils furent pris au piège entre un étroit défilé encadré de hauts murs et un détachement de soldats albanais derrière eux. Ils furent massacré par des soldats turcs qui depuis le sommet des murs par une fusillade impitoyable. En un seul jour, Muhammad Ali mis fin la longue domination des Mamelouks en Egypte
Le 1 mars 1811, sous prétexte de réjouissances organisées pour l'investiture de son fils Toussoun, nommé commandant de l'armée égyptienne en partance pour la péninsule arabique, il décide d'attirer dans la Citadelle du Caire l'élite de la force mamelouke, vingt-quatre beys, quarante de leurs kushof (agents locaux), accompagnés d'environ quatre cents hommes-. À leur tête, Chahine bey. Ces chiffres, étant donné l'absence de témoignage oculaire, sont bien entendu incertains.
Comment l'embuscade se déroule-t-elle ?
On peut se laisser aller à imaginer ces Mamelouks, défilant ce jour-là en grand arroi, magnifiquement drapés dans leurs amples vêtements de cachemire et de soie conçus comme à plaisir pour leur rendre la marche à pied presque impossible, comme s'ils n'étaient nés que pour faire corps avec leur monture.
Ils pénètrent dans la forteresse par bab el-Djedid, la porte neuve, et sont accueillis par le pacha et sa cour. Celui-ci les reçoit avec sa bienveillance coutumière et leur offre un festin au terme duquel, selon toute apparence, il s'entretient familièrement avec les plus importants d'entre eux.
À ce stade deux hypothèses. Selon certains auteurs, la cérémonie de l'investiture de Toussoun devant se dérouler au camp de Kobet el-Azab, l'ordre de départ est donné et le cortège se met en branle vers bab el-Àzab. Pour d'autres, la fête touchant à sa fin, les Mamelouks prennent simplement congé de leur hôte. À vrai dire, cela n'a pas beaucoup d'importance, c'est la suite qui demeure le fait essentiel.
Le cortège se forme, dans un ordre déterminé à l'avance : la garde du pacha avance en tête ; dans son sillage caracolent les Mamelouks, en arrière un deuxième corps, peut-être constitué de deihis, ferme la marche, interdisant toute retraite. La colonne s'engage le long de la rampe d'accès, qui descend de bab el-Wastani, principale porte intérieure, vers bab el-Azab qui s'ouvre sur la place de Roumélie. La voie tortueuse, étroite et en pente, ne permet guère à plus de trois cavaliers d'avancer de front.
Du haut des remparts, les soldats albanais observent les Mamelouks qui progressent en rangs si serrés qu'il leur serait impossible de faire demi-tour.
À peine l'avant-garde du pacha a-t-elle franchi le seuil de bab el-Azab que les derniers Mamelouks quittent bab el-Sirr, si bien qu'ils se trouvent tous engagés dans le défilé. Soudain, un coup de canon. La lourde porte de bronze de bab el-Azab se referme devant Chahine et les siens tandis que, derrière eux, bab el-Djedid et bab el-Wastani pivotent elles aussi sur leurs gonds. C'en est fait, les quatre cents guerriers sont pris dans la souricière. Une grêle de balles s'abat sur eux du haut des remparts. C'est l'hécatombe, dans un mélange de feu et de sang.