CHAPELLE MUR NORD
La répartition du décor est plus irrégulière que sur les autres parois. On peut séparer une partie à l'extrême gauche, avec deux représentations superposées du couple assis, puis une scène de chasse et pêche dans les marais, puis un registre consacré au pèlerinage en Abydos, deux autres consacrés à la cérémonie d'ouverture de la bouche et, en bas, un dernier avec une procession de porteurs d'offrandes.
Menna et Henouttaouy
A l'extrême gauche du mur on trouve sur deux sous-registres deux scènes du couple
Registre supérieur : Les visages de Menna et de Henouttaouy ont été en partie effacés, ils sont assis sur des sièges reposant sur une natte. Henouttaouy est blottie contre son mari, sa main droite enserrant son bras. Menna maintient une fleur de lotus devant son visage.
Kha, un fils du couple, officie en tant que prêtre-Ouâb (prêtre pur) pour cela il a les cheveux rasé et a une tenue d’une propreté exemplaire. Sa poitrine est barrée d'un sash blanc, traduisant son état de prêtre officiant. Il présente à ses parents des offrandes (paniers de fruits, grappes de raisin un canard, etc.) déposées sur une table en albâtre. Derrière lui une jeune fille vêtue d'une longue robe transparente offre deux vases, (bleu et rouge) et des fleurs de lotus.
Registre inférieur
Le couple est pratiquement dans la même posture, cette fois, Menna, à un sceptre Sekhem d'une main et étend l'autre vers table d'offrandes qui semble flotter dans l'air. Au-dessus se trouve un texte nous indiquant que la zone détruite devant lui est son autre fils, Sa. Derrière lui se tiennent deux jeunes femmes, la première offre un vase et un bouquet de papyrus. La seconde tient une fleur de lotus serrée contre sa poitrine.
Chasse et pêche dans les marais
Représenté en symétrie miroir, l’action se situe dans les marécages du Delta. Elle décrit deux activités (la chasse et la pèche) répondant aux besoins de la vie quotidienne, puis, qui progressivement, sont devenues des loisirs pour le pharaon et les notables.
Néma lance le bâton de jet vers une nuée d'oiseaux tout en tenant des appeaux. Simultanément il harponne de gros poissons. (Souvent tilapia et Lattès ou perche du Nil). Il est accompagné de sa famille. Tous sont parés de leurs plus beaux atours. Le frêle esquif de papyrus semble doté d'un équilibre magique, surtout si l'on observe la jeune fille nue se penchant pour cueillir un lotus. Longtemps prise pour une scène de divertissement, cette scène est reconnue aujourd'hui comme ayant une valeur protectrice. Les poissons ou oiseaux, faisant référence au chaos primordial.
L'égyptologue Philippe Derchain a magistralement démontré que chacun de ces détails, pris séparément (canard, jeune femme, perruque, lotus, poissons) ressortissait de la symbolique érotique et que leur présence conjointe matérialisait la volonté de renaissance, de renouvellement de vie que manifestait tout défunt
Quant au nombreux lotus, considérés comme vivificateurs, qu'il soit placé à l'avant du serre-tête, simplement tenu en mains ou approché des narines pour être humé, il favorise également la renaissance solaire du défunt
La Pêche
Menna penché vers l'avant il tient à deux mains un harpon avec lequel il a attrapé deux Tilapia. (Le harpon est un des systèmes de pêche le plus ancien et le plus connu. Les pêcheurs y avaient recours pour les poissons de grande taille et pour chasser les hippopotames.) Henouttaouy se maintient de sa main droite au torse de son époux, dans la main gauche, elle tient un petit bouquet de fleurs de lotus. Accroupie à ses pieds, sa fille s’agrippe à sa jambe, à la proue de l’esquif son fils tient d'une main un lotus et de l'autre un canard par les ailes. Sur l’eau flottent des lotus et des nénuphars, sous les barques, l’eau est grouillante de vie, un crocodile, et de nombreux poissons d’espèce différentes sont représentés
La Chasse
Au-dessus d’un bosquet de papyrus on aperçoit cinq nids contenant chacun deux œufs, trois oiseaux sont perchés sur les corolles, d’autres prennent leur envol, On remarquera les nombreux détails, (des papillons l’Ibis, le chat en maraude, un petit mammifère monte vers les nids)
Menna brandit un bâton de jet qu'il s'apprête à lancer sur des oiseaux des marais ; dans son autre main, il tient par les pattes deux aigrettes qui jouent le rôle d'appeau. Henouttaouy se tient derrière lui, les deux bras levés. Elle porte un cône d'onguent sur la perruque. A son coude gauche pendent cinq tiges de lotus. Sur la proue de l’esquif un fils de Menna, tenant des canards dans une main tourne la tête vers son père et lui indique des oiseux cachés dans les roseaux. Une de ses filles, à moitié nue, penchée sur le marais, essai d’arracher des lotus avec ses deux mains. Une autre de ses filles semble se désintéresser de la chasse. Elle tient plusieurs lotus dans une main et à la saignée du coude, et trois canards par les ailes de l'autre main.
Navigation vers Abydos
Abydos était une ville sainte ou la tête d'Osiris était enterrée. De nombreux pèlerins désireux d’obtenir les faveurs d’Osiris y laissèrent une trace de leur passage sous la forme d’un cénotaphe, d'une chapelle, d'une stèle selon leur degré de fortune.
Depuis l’aube des temps ce pèlerinage est d’abord une navigation, on ne dit pas aller en Abydos, mais naviguer vers Abydos, il en sera de même pendant au moins quatre millénaires. On allait en pèlerinage toute l’année, Durant la grande fête de Khoïak à l’automne (de la mi-septembre à la mi-octobre), tous les pécheurs du Nil avaient l’interdiction de pêcher quoi que ce soit, car on considérait que les défunts prenaient la forme de poisson pour aller à Abydos.
Pour chaque égyptien, si ce pèlerinage n’avait pu se réaliser de son vivant, il lui restait la possibilité d’effectuer ce voyage après sa mort. Ce voyage posthume (réel ou fictif) était souvent représenté dans les tombes. Dans celle de Menna le voyage allé et retour sont montrés adossés. Dans les deux cas, un bateau tracteur tire celui où les défunts sont assis.
Voyage de Thèbes à Abydos
Le bateau tracteur voile repliée, suit le courant du Nil. A la proue le pilote repère les bancs de sable, sa sonde lui permet de connaitre le tirant d’eau. La tête tournée vers l'arrière, il donne des instructions au timonier (à peine visible derrière l’aviron) pour faire dévier la course du bateau. Sur le pont six marins debout participe à la manœuvre. Sur la cabine on aperçoit le lit funéraire du défunt ainsi que divers objets.
Le second bateau est celui des défunts, Sur le pont, dans un kiosque, le défunt et son épouse vêtus d'un suaire blanc, sont assis sur des sièges devant une table d'offrandes. Menna tient un fouet et Henouttaouy, une fleur de lotus.
Voyage d’Abydos à Thèbes
Le bateau tracteur, voile dépliée, profite des vents soufflant du nord. A la proue, le pilote est cette fois dans un kiosque, Il donne ses ordres au timonier. Huit marins assis se reposent, le neuvième agrippé d’une main au bastingage puise de l'eau dans le Nil de l’autre. Sur le navire tracté, nous retrouvons la même représentation du couple.
Le rituel d'ouverture de la bouche Voir l’article
Il se déroule pendant le pèlerinage à Abydos. Le rituel rituel est pratiqué sur la momie de Menna, et peut-être celui de Henouttaouy. Il s'agit d'ouvrir les différents orifices de la tête à l'aide des outils appropriés et de réciter les formules idoines. On remarque plusieurs zones de destruction volontaire ayant intéressé la totalité d'un personnage qui, vu sa position, ne pouvait être qu'un prêtre-sem. Le cercueil de Menna est noir, avec des bandes dorées imitant les bandelettes, un cône d'onguent est posé au-dessus de lui. Le cercueil est posé sur un socle en pierre, maintenu par un prêtre vêtu d'un pagne et d'une tunique. Le visage du mort est orienté au Sud afin d’être face à Ré. A sa droite on trouve deux sous-registres.
Le sous-registre supérieur est divisé en huit scènes, Dans la plupart un Prêtre-Ouab, la poitrine barrée d'un sash blanc, officie sur la momie debout. , La momie est vêtue d'un suaire, une perruque et un masque-plastron recouvrent sa tête. Une fausse barbe à bout recourbé orne le menton (portée seulement par le roi et les dieux).Dans la cinquième scène, le prêtre applique une herminette sur la bouche pour l'ouvrir.
Le sous-registre inférieur est divisé en huit scènes, trois sont seulement préservées : les deux premières ou le prêtre présente un vase devant la bouche; la quatrième ou des tissus qui sont présentés par l'assistant du prêtre .
Procession des porteurs d'offrandes
Elle occupe le registre le plus bas, depuis la zone située sous la scène de chasse et pêche jusqu'à l'extrémité droite de la paroi. Un veau à la robe blanche et noire, guidé par un bouvier grisonnant ouvre la marche. Il est suivi par huit porteurs vêtus de la même façon d'un même modèle de pagne, avec une perruque sur la Viennent ensuite huit femmes, vêtues à l'identique portant des vases et des fleurs de lotus. Puis nous retrouvons un groupe de sept porteurs identique au premier. Le registre se termine comme il a commencé, par un veau guidé par un bouvier.