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NEBAMON

 de la tombe perdue

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Il vivait  durant  Nouvel-Empire sous les règnes Thoutmosis IV et d’Amenhotep III vers 1320 avant J.-C

Sa tombe est  connue par les peintures exceptionnelles conservées au british muséum. Elle est quelque part à Cheikh abd el-Gournah, sur la rive ouest de Thèbes, où sont enterrés beaucoup de hauts fonctionnaires de la XVIIIe dynastie.   Les chances de la retrouver paraissent bien faibles!  Il y aurait en effet au moins neuf personnages portant ce nom qui y sont inhumés

 

Giovanni d’Athanasi, avec Giovanni Battista Belzoni, est l'un des pourvoyeurs d'antiquités du consul général britannique du Caire Henry Salt.  Il effectue  à Thèbes de 1817 à 1827 des fouilles pour son compte. En 1820, dans une tombe, il découvre une magnifique chapelle aux parois peintes. Il détache les plus belles scènes qu’il propose à Henry Salt. Ce dernier vend pour une somme dérisoire (2000 livres !) onze peintures murales au British Museum  D’autres fragments, plus petits, sont vendus à divers collectionneurs (ils sont aujourd’hui au Musée égyptien de Berlin, au Musée des Beaux-Arts de Lyon et Musée Calvet d’Avignon).

Giovanni d’Athanasi a caché localisation de la tombe afin de préserver son filon d’archéologue marchand. Il est probable que le saccage de la tombe dû aux arrachements des parois  l’a irrémédiablement endommagé, la rendant anonyme.

 

Les peintures murales

 

 Les peintures de la tombe de Nebamon sont l’œuvre d’une équipe d’artisans extrêmement talentueux. Elles sont représentatives de la XVIIIe dynastie, marquée par un renouvellement dans l’art.  Les peintures ont un  canevas imposé, art de convention, une fonction rituelle et magique, elles doivent respecter certaines règles de représentation sans quoi elles ne pourraient remplir leur rôle.

Abandonnant  l’utilisation rigide des couleurs de base, elles privilégient la richesse des couleurs, le mouvement, le détail qui fait vrai. Le souci de naturalisme s’épanouit dans les figurations des animaux, qui témoignent d’un sens de l’observation et d’une sensibilité toute particulière. Les peintres prennent des libertés avec les conventions représentant, fait rare, des visages de face.

 

La chasse aux oiseaux,

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Nebamon debout sur sa  barque se fraye  un passage à travers les papyrus d’un  marais.  Sa femme Hatshepsout et  sa fille l’accompagnent. . L’action se déroule de droite à gauche, passant du calme au désordre bruyant des oiseaux qui fuient vers le ciel.  

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A droite, Hatshepsout tient avec élégance un bouquet  dans sa main droite et un sistre dans sa main gauche, elle porte un cône parfumé sur la tête. Celui-ci exprime un symbole très fort, qui la relie à Hathor, la déesse des festivités et de l'amour. Sa plus jeune fille, au corps délicat est assise à ses pieds et cueille des fleurs de lotus. On remarquera sa mèche de l’enfance et. A gauche sous l’avant de la barque on peut voir des poissons, à proximité se tient une oie domestique servant d’appeau.

 

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Les Égyptiens dressaient les chats à lever le gibier d’eau et les emmenaient à la chasse avec eux. On voit ici le chat  de Nebamon qui fait sortir les oiseaux hors du feuillage des fourrés  de papyrus. Il tient deux oiseaux  dans ses griffes et un dans  sa gueule.

Nebamon vient d’attraper trois hérons cendrés qu’il tient de la main droite. Il  s’apprête à en tuer un autre avec son bâton de jet à tête de serpent: (il ressemble à un boomerang mais ne revient pas une fois lancé.) On remarquera que certains oiseaux ne volent pas car ils protègent leurs œufs dans le nid, indiquant également  le renouvellement de la vie après la mort.

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À l'origine une autre moitié perdue de cette scène, montrait  Nebamon harponnant des  poissons. Il subsiste deux vieilles photographies et de petits fragments. Ce collier est formé de cinq rangées cylindriques et une rangée de pendants en forme de pétales incrustées de lapis lazuli. Les cinq rangées en or sont séparées les unes des autres par des petites perles rondes de turquoise. .

 

Le Banquet

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A L’évidence  il  indique le statut social élevé de Nebamon propriétaire. De nombreux détails de la scène révèlent une atmosphère sensuelle illustrée par les vêtements étriqués et transparents des femmes. Les invités portent de riches vêtements de tissu fin, de perruques couronnées de fleurs, de cônes parfumés sur leur tête et sont ornés de bijoux précieux tels que des colliers USEK . Ils sont assis à des tables posées avec une grande variété de nourriture et de boisson, servi par les jeunes servantes. Certains invités conversant les uns avec les autres en offrant des boutons de lotus ou de la nourriture tandis que d’autres vont échanger des caresses, partout l’érotisme est présent.

 

Des musiciens divertissent  les convives en jouant des instruments de musique comme le luth et la flûte. A la fois très apprécié pour l'atmosphère intime qu’ils procurent, ils  sont généralement utilisés dans les banquets de famille.

 

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Deux danseuses  sont, vêtues seulement avec une petite ceinture sur les hanches, tandis qu'une jeune fille joue de la flûte, trois autres  battent le rythme avec leurs mains. Ils sont jeunes et attrayant avec, vêtements spéciaux transparents dans le modèle et avec des coiffures complexes.

La représentation est exceptionnellement rare pour les canons artistiques et formels de l'époque, car il présente les visages de deux jeunes femmes  de face et non de profil, avec la chevelure  qui ondule  au rythme de la musique.

Une paroi complète de la chapelle figure un banquet en l’honneur de Nebamon, rassemblant les amis et parents du défunt, richement vêtus. Des danseuses nues et des musiciennes animent la fête.

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De telles scènes de banquet, spécifiques à l’art du Nouvel Empire, sont une extension d’un thème traditionnel, celui du repas funéraire. Dans ces scènes, le défunt était figuré devant une table chargée de nourriture (pains, canards rôtis, figues), de bière et de tissus. Précisément chiffrés, ces mets assuraient l’approvisionnement et donc la survie du défunt pour l’éternité.

 

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Au Nouvel Empire, le repas funéraire se transforme en magnifique banquet animé. Ici, la scène est enrichie d’une file de serviteurs apportant des lièvres à Nebamon.

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Le Jardin

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Les égyptiens aimaient les jardins pour leur fraîcheur et pour l'agrément qu'ils procuraient mais aussi pour tout ce qu'ils produisaient: des fruits, des légumes, du papyrus, du vin...

Les jardins étaient composés de manière parfaitement géométrique, leur tracé toujours très régulier. Ils étaient entourés de hauts murs pour les protéger aussi bien du sable que des crues et des intrusions des bêtes.

L’artiste a représenté de manière fidèle tous les éléments tels que Nebamon pouvait les voir.

Son bassin est  parfaitement discernable. Les couleurs ont un peu passé. Les arbres ont perdu leur teinte initiale mais leur forme permet de reconnaître leur espèce. Dans le plan d'eau les carpes sont montrées de profil ainsi que les oies et les canards qui barbotent au-dessus  d’eux. L’eau a conservé son bleu transparent, les vagues traitées à l'aide d'un pigment bleu foncé semblent avoir un peu noirci. Sur son plan apparaît la fleur de lotus. Blanche ou bleue, elle symbolise la première apparition de la vie et son renouvellement. Elle est associée au culte funéraire car elle s'ouvre chaque jour au soleil.

Un parterre de fleurs  court tout autour de la pièce d'eau: Le papyrus plante sacrée du Nil est la plus représenté, elle symbolise la régénération et la vie et elle permet aussi la fabrication du papier. On peut voir également des mandragores et des bleuets.

On peut noter le rythme harmonieux de la représentation. Tous les arbres sont chargés de fruits montrés à différents moments de leur croissance: figuiers, sycomores, palmiers dattiers, doum et jujubiers et pistachiers alternent leurs feuillages et leurs palmes.

En haut à droite une déesse émerge d'un arbre, elle offre des figues et une jarre, sans doute de vin, au défunt. Au-dessus de la figure féminine un hiéroglyphe du discours de bienvenue à Nebamon n'est plus lisible. 

 

La vie quotidienne,

 

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Ces deux scènes sont extraordinaires par le soin accordé à la représentation de la faune, avec une profusion de détails et un souci de donner l’illusion de la vie et du nombre.  D'autres expositions ont reçu, à nouveau des murs des tombes, représentant des scènes de la vie quotidienne, même ces uniques dans leur beauté, même si elle est une simple inspection au recensement des bovins et des oies faite par un scribe dans la propriété Nebamon mais où les animaux sont représentés avec un extrême réalisme et chaque vache est de taille différente.

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Mais le chef-d'œuvre est dans les nombreuses oies survivants dans le fragment, tout connoté différemment et tous avec un plumage différent.

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On le voit accomplissant la Maât (l’ordre) et repoussant l’Isfet (le chaos) dans des scènes d’agriculture et d’élevage.

 

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Nebamon, figuré en grand, inspecte ses biens : ses serviteurs lui présentent leur hommage et lui présente les oies et bœufs qu’il possède, tandis que des scribes les comptent. Cet étalage de richesse témoigne du prestige de Nebamon, mais aussi de son autorité. Les scènes sont accompagnées de hiéroglyphes. On y lit les chamailleries des paysans dans la file d’attente, alors qu’un intendant leur intime de se taire.

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Source Janine VITTORI