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TT 320  LA CACHETTE ROYALE

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© Luna92

La tombe était prévue pour être la dernière demeure du premier prophète d'Amon Pinedjem II et plusieurs membres de sa famille. II meurt vers -969 au moment du déclin du royaume. À ce moment, les momies des précédentes dynasties sont vulnérables aux vols et sont transportées dans cette tombe pour protéger les restes de ces personnages royaux.

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 Pinedjem II British Museum

La découverte

Pendant l'été de 1871 une chèvre appartenant à Ahmed Mohammed el-Rassoul un Villageois de Gournah s'était éloigné de son troupeau sur les falaises de Deir el-Bahari. Ahmed alerté par les bêlements de son animal, constata qu'elle était tombé dans un puits vertical de la falaise. Il maudit sa chèvre, et descendit auprès d’elle dans un couloir étroit encombré  de formes sombres. Après avoir allumé une bougie, il aperçut une collection de cercueils en bois poussiéreux, qui s'étendait aussi loin qu'il pouvait voir, entassés les uns sur les autres. La plupart étaient couverts de cartouches et portaient l'uraeus au front. Ahmed savait que c’étaient les marques de la dignité royale, sa chèvre lui avait livré un plein souterrain de Pharaons.

 

Cette découverte si précieuse fût-elle, était très difficile à exploiter. Les cercueils étaient nombreux et lourds, le seul accès était un puits profond, il fallait, pour le vider de son précieux contenu, installer au-dessus de celui-ci un appareillage impossible à dissimuler. Il devrait mettre les voisins dans la confidence, partager le trésor avec eux, certains pourraient tout révéler au directeur des fouilles.

Le Villageois se résigna à ne pas tirer un parti immédiat du trésor. Deux de ses frères et un de ses fils l'aidèrent à démailloter quelques momies, à enlever deux ou trois couffes de figurines funéraires, des scarabées, des canopes, des Osiris en bois peint, une demi-douzaine de papyrus, une collection d'objets aisés à emporter et à cacher.

 

En dix ans, Ils descendirent de nuit trois fois au fond de leur cachette durant quelques heures seulement, si bien que personne autour d'eux ne soupçonna leur découverte.Chaque hiver, ils vendaient aux voyageurs une partie du butin attendant une opportunité pour vendre la plus grosse à un touriste assez riche pour les acheter et obtenir les laisser-passer de la douane égyptienne.Cependant, une partie des objets vendus était parvenue jusqu'en Europe. Dès 1874, quelques figurines avaient fait leur apparition sur le marché de Paris. En 1878 on pouvait affirmer qu’une ou plusieurs hypogées royales avaient été découvertes. En 1881 une longue enquête, menée patiemment auprès des acquéreurs et des touristes mis en évidence que les principaux vendeurs des antiquités étaient Abderrassoul Ahmed, son frère Mohammed et un certain agent consulaire Moustapha Agha Ayat.

 

Le 4 avril 1881 la police de Louxor arrêta Ahmed Abderrassoul. Il fut interrogé par Maspero et le conservateur adjoint du Musée de Boula.Protégé par l’agent consulaire Moustapha Agha Ayat et tous les notables de son village Abderrassoul nia tous les faits que l’on imputait, et fut mis en liberté provisoire et rentra chez lui, vers la mi-mai avec le brevet d'honnêteté immaculée que lui avaient décerné les notables de Gournah.

 

Cependant des dénonciations timides, des renseignements nouveaux mirent la discorde dans la famille d'Abderrassoul. Les uns croyaient le danger passé les autres estimaient qu'il serait plus prudent de se dénoncer et de livrer leur secret. Après un mois de discussions et de querelles, l'aîné des frères, Mohammed Abderrassoul, voyant qu'une trahison des siens était imminente, se rendit secrètement à Qenéh, le 25 juin annonça au gouverneur qu'il connaissait l'emplacement si longuement et si inutilement dissumulé.

Le mercredi 6 juillet MM. Mohammed-Bey, et des fonctionnaires de la Société des Antiquités furent conduits par Mohammed Abderrassoul à l'entrée du caveau funéraire. L'ingénieur égyptien qui l'a disposé jadis avait pris ses précautions de la manière la plus habile jamais cachette ne fut mieux dissimulée. La chaîne de collines qui sépare en cet endroit le Bab el-Molouk de la plaine thébaine, forme, entre l'Assassif et la Vallée des Reines, une série de cirques naturels, séparés l'un de l'autre par des contreforts, dont l'épaisseur varie entre quatre-vingt-sept deux cents mètres. Celui d'entre eux qui s'ouvre au sud du vallon de Deir el-Bahari présente un aspect particulier.

 

La Tombe        1      2 

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Le puits (A) a 12m environ de profondeur sur 2m de largeur. Au fond dans la paroi ouest, on pratiqua l'entrée d'un couloir qui mesure 1,4m de large sur 0,8m de haut dans son état actuel. La baie était formée jadis par des battants en bois qui ont disparu après chaque cérémonie on les assurait au moyen de grosses pastilles d’argile sur lesquelles les gardiens de la nécropole apposaient leur cachet d'office.

 

Après un trajet de 7,5m (B), le couloir (C) tourne à 90° vers le nord et court pendant près de 60m sans conserver partout les mêmes dimensions. En certains endroits, il atteint 2m de large, en d'autres il n'a plus que 1,3m. Vers le milieu, cinq marches grossièrement taillées accusent un changement de niveau sensible, et, sur le côté droit, une sorte de niche inachevée (E), profonde de 3 m, montre qu'on a songé à changer une fois de plus la direction de la galerie. Celle-ci (F) débouche enfin dans une sorte de chambre oblongue, irrégulière, d'environ 8m (G) Tout était rempli de sarcophages en bois, de momies, d'objets funèbres. Un cercueil blanc et jaune, au nom de Nibsni, barrait le couloir à 0, 6m au plus de l'entrée.

 

Les cercueils, entrevus rapidement à la lueur d'une bougie, portaient des noms historiques, Amenhotep 1er, Thoutmosis II. Dans la chambre du fond, le pêle-mêle était au comble. Le succès dépassait toute espérance où je m'étais attendu à rencontrer deux ou trois roitelets obscurs, les fellahs avaient déterré des familles entières de Pharaons. Et quels Pharaons ! Les plus illustres peut-être qui aient régné sur l'Égypte. (Amenhotep 1er, Thoutmôsis II. Thoutmôsis III, Séti I, Ramsès II).

 

Les frères Abderrassoul avaient si bien gardé leur secret que les habitants de Louxor et de Gournah furent aussi surpris que les Européens par le nombre et l'importance des momies. Déjà leur imagination s'échauffait ils parlaient de caisses remplies d'or, de colliers en diamants et en rubis, de talismans. Il fallait agir vite, si l'on ne voulait pas s'exposer à des tentatives de vol ou peut-être même à des attaques à main armée.Quarante-huit heures d'un travail énergique suffirent à tout exhumer, mais la tâche n'était qu'à moitié terminée. Il fallait mener le convoi, à travers la plaine de Thèbes et au-delà de la rivière, jusqu'à Louxor. La plupart des cercueils, soulevés à grand' peine par douze ou seize hommes, exigèrent sept ou huit heures de transport entre la montagne et la berge; on se figurera aisément ce que dut être ce voyage dans la poussière et la chaleur de juillet. La quantité des menus objets était si considérable, que plusieurs des gens auxquels on les avait confiés tentèrent d'en détourner une partie, espérant qu'on ne s'apercevrait de rien.

 

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Dessin d'après Emile Bayard  http://www.egyptedantan.com/egypt.htm 

 

Enfin, momies, cercueils, mobilier dûment enveloppés de nattes et de toiles furent chargées sur un bateau qui partit pour Boulaq à toute vapeur. C'est alors qu'advint un fait étrange et émouvant à la fois: à la nouvelle que les pharaons retrouvés quittaient leurs tombes séculaires, les fellahs et leurs femmes se rassemblèrent sur les rives du Nil et, au passage du cortège, rendirent un hommage spontané à leurs rois antiques, les hommes en déchargeant leurs fusils en l'air et les femmes en poussant des cris perçants, se couvrant le visage et la poitrine de poussière. Après avoir retiré les rois de l'oubli, il fallait les loger convenablement, le musée, déjà trop petit ne pouvait les recevoir. La plupart des objets mobiliers, les figurines, les papyrus furent déposés dans des magasins, les momies furent placées côte à côte, dans une salle. Ce ne fut qu’en 1886 qu'elles furent vraiment mises à l’abri dans des cercueils de verre.

 BIbliographie

G Maspero Les momies royales de Deir El-Bahari 1889

 Photos

http://www.egyptedantan.com/egypt.htm  -  © Luna92   ©  Keith Hazell  ©  kairoinfo4u  ©  Graf Ernesto