LA CHAPELLE ROUGE
L’histoire de ce monument, très emblématique du temple d’Amon-Rê de Karnak, est longue et romanesque. Destiné à recevoir la barque portative sacrée d’Amon, il a été réalisé pour sa plus grande partie par la reine Hatshepsout, l’un des grands bâtisseurs de l’Égypte ancienne. La reine ne put terminer ce qui devait être le cœur du dispositif cultuel qu’elle avait conçu pour le temple, peut-être à l’image de ce qu’avaient construit ses prédécesseurs du Moyen Empire.
L'érection de la chapelle rouge entre dans le cadre d'un vaste programme politique de la reine-Pharaon, essentiellement axé sur son souci de légitimation. Hatchepsout procède à l'occupation progressive des principaux emplacements de Karnak : aménagement au cœur du temple de chapelles d'offrandes, aménagement des extrémités Ouest et Sud du temple, et édification de la Chapelle Rouge. Le siège initial de la construction reste débattu, mais il s'agit probablement de la " Cour des Fêtes " de Thoutmosis II, entre les deux obélisques qu'Hatchepsout avait fait ériger à cet endroit, en avant de l'ensemble des salles appelé Le Palais de Maât.
C’est son successeur, Thoutmosis III, qui termine sa décoration, dans les premières années de son règne. Mais il ne tarde pas à la remplacer par son propre monument, qu’il met en place pour la célébration de son premier jubilée, voulant à son tour imprimer sa marque en faisant de ce monument l’élément central du service de l’offrande divine.
À la mort de la reine, Thoutmosis III - partagé entre le désir de mener à bien, conformément à la tradition, l'œuvre de son prédécesseur et celui de s'affranchir de sa trop longue "régence" commença par achever la chapelle Rouge ; plus tard, lorsqu'il créa sa propre Ouadjyt et entreprit le vaste ensemble de l’Akh-Menou, il fit démonter (et non détruire) la chapelle Rouge et en réutilisa les fondations pour ériger sa propre chapelle. Les blocs de quartzite rouge et de granit noir dont elle était composée furent alors stockés dans un dépôt.
Quelques années plus tard, le fils de Thoutmosis IV, Amenhotep III utilisa une grande partie de ses blocs comme bourrage à l’intérieur du pylône 3. C'est à l'intérieur des fondations et des murs de ce pylône qu’ils furent retrouvés intacts. (S'ils étaient resté, à l'air libre, il aurait certainement beaucoup souffert et aurait pu disparaître pour toujours.)
Au début du XXe siècle, Georges Legrain, démontant ce troisième pylône, y découvrit les blocs qui furent alors stockés dans l'actuel "musée de plein
Ils ne reverront le jour que 3 500 ans plus tard, le 4 janvier 1899 que Georges Legrain mis à jour les premiers éléments de cette chapelle. Une centaine de blocs n'ayant qu'une seule face décorée furent découverts entre 1898 et 1899, seront examinés et stockés dans le musée en plein air pendant de nombreuses années. La reconstruction de la chapelle Rouge a commencé en 1997 près d'un siècle après sa découverte initiale
Décoration
Consécration des obélisques
La décoration répond aux règles habituelles pour un monument divin :les parois extérieures sont tournées vers le monde et les parois intérieures décrivent le fonctionnement cultuel. À l'extérieur, sur la première assise, des quatre côtés, figure la procession géographique traditionnelle.
Viennent ensuite, de la 3e à la 8e assise, les processions de la barque sacrée : sur le côté sud, la fête d'Opet et, notamment, la consécration des obélisques, le couronnement d'Hatshepsout et la dédicace de Thoutmosis III ; sur le côté nord, la fête de la Vallée et, à nouveau, le couronnement d'Hatshepsout. Les façades sont, elles, consacrées à Amon et à Amon-Min et évoquent les couronnements d'Hatshepsout et de Thoutmosis
À la mort de la reine, Thoutmosis III - partagé entre le désir de mener à bien, conformément à la tradition, l'œuvre de son prédécesseur et celui de s'affranchir de sa trop longue "régence" commença par achever la chapelle Rouge ; plus tard, lorsqu'il créa sa propre Ouadjyt et entreprit le vaste ensemble de l’Akhmenou, il fit démonter (et non détruire) la chapelle Rouge et en réutilisa les fondations pour ériger sa propre chapelle. Les blocs furent alors stockés dans un dépôt où Amenhotep III puisa, plus tard, une partie du bourrage du môle nord du troisième pylône.
Le monument était entièrement décoré sur tous ses murs. Les scènes sont en relief dans le creux à l'extérieur comme à l'intérieur de la chapelle. Les personnages représentés sur le granite sont teintés d'une coloration jaune, alors que les reliefs réalisés sur les blocs de quartzite devaient être peints de couleurs naturelles mais vives. La plupart des scènes sont intactes bien qu'il en manque encore une partie sans doute remployée ailleurs à Karnak et qui attend toujours d'être découverte.
La fête d'Opet et de la Belle fête de la vallée étaient les cérémonies principales et annuelles qui se déroulaient au cœur de Thèbes et dont Amon et pharaon étaient les principaux acteurs. D'autres scènes représentent l'intronisation d'Hatchepsout, dont notamment son couronnement par Amon, et son entrée dans le palais. Plusieurs représentations de Thoutmôsis III sont présentes. Il est figuré à égale hauteur de la reine dans la scène de la fête d'Opet. Ce détail a son importance car il indique, selon les conventions iconographiques égyptiennes, que les deux souverains étaient considérés à égale importance ce qui pourrait être le signe d'une corégence en titre et d'un partage des fonctions.
Bibliographie
Franck Burgos et François Larche : La chapelle rouge d'Hatshepsout
Pierre Lacau / Henri Chevrier : Une Chapelle d’Hatshepsout à Karnak
Christina Karlshausen : Evolution de la barque processionnelle d’Amon à la 18ème Dynastie
Red Chapel of Hatshepsut Rote Kapelle Hatshepsut