Salle hypostyle
Difficile de ne pas éprouver un choc visuel lorsque l'on franchit les portes du second pylône et que l'on pénètre dans la grande salle hypostyle. Chef d’œuvre inégalé de l’art pharaonique, cette Salle incomparable procure au visiteur une étrange impression où se mêlent émotion, admiration mais aussi une certaine crainte devant tant de gigantisme et de puissance. Seti I n’eut pas le loisir de terminer l’œuvre entreprise. Ce fut son fils, Ramsès II qui mena les travaux à leur terme et paracheva la décoration.
Une forêt pétrifiée de 134 colonnes papyriformes ouvertes ou fermées, surgissent parfaitement alignés dans une salle de 102 mètres de longueur et de 53 mètres de largeur, soit d'une superficie de 5406 m². Les colonnes de l'axe médian, hautes de 24 mètres, développent une circonférence comprise entre 10 et 15 mètres, là où les chapiteaux s'ouvrent en corolles.
Les colonnes des nefs latérales ne mesurent que 14 mètres de hauteur pour une circonférence de 6.5 mètres. L'ensemble de l'édifice était recouvert d'un toit de pierre dont la partie centrale, la plus haute, permettait l'ouverture de claustra qui dispensaient une lumière abondante dans la nef centrale tandis que les bas-côtés restaient dans la pénombre, à peine éclairés par un pinceau de lumière émanant des rares ouvertures pratiquées.
Les piliers plongeaient leurs racines dans l'eau du noum (la nappe d'eau souterraine) et leurs tiges supportaient les corolles qui s'ouvraient vers le bleu du plafond peint. Les deux rangées axiales sont chacune composées de six colonnes de 23 m de haut et offrent un chapiteau à papyrus ouvert. Elles sont l’œuvre d’Amenhotep III.
De chaque côté, sept rangées de colonnes plus petites, 16 m, à papyrus fermé, occupent le reste de l’espace, chaque rangée comprenant neuf colonnes exceptées celles qui jouxtent la colonne centrale qui n’en comportent que sept. Ainsi avons-nous l’impression de déambuler dans une vaste forêt de papyrus en pierre. Les colonnes qui sont appareillées reposent sur un socle circulaire et, pour donner une idée des dimensions des chapiteaux, on a coutume de dire que sur chacun d’entre eux, cents personnes pourraient tenir debout. La différence de hauteur entre les colonnes centrales et les colonnes latérales a permis l’agencement de baies ajourées appelées fenêtres a claustra dont l’intérêt est de laisser filtrer une lumière oblique du plus bel effet.
La salle hypostyle de Karnak succède à la grande cour et forme une sorte d’antichambre avant l’entrée dans le temple proprement dit : l’Ipet-Sout. Selon les textes des architraves, la salle est considérée comme un « temple de millions d’années » – c’est-à-dire un lieu de célébration du culte monarchique associé au culte d’Amon.Le décor polychrome intérieur évoque les cérémonies accomplies en ce lieu, comme la fête de la barque sacrée et le rituel divin journalier, tandis que le décor extérieur illustre les victoires de Séthi Ier au Nord, et de Ramsès II au Sud.
C’est Séthi Ier (– 1291 à – 1278) qui aurait ordonné l’érection des 134 colonnes entre les IIe et IIIe pylônes de ses prédécesseurs, Horemheb et Amenhotep III transformant ainsi une aire d’environ un demi hectare en un vaste espace couvert. Les douze grandes colonnes papyriformes à chapiteau ouvert encadrent l’allée centrale, tandis que les 122 autres supportent les couvertures des nefs latérales. De grands claustras, installés à l’articulation des deux niveaux de toiture, assurent l’éclairage de la voie centrale ; le reste de la salle, percé de petites ouvertures zénithales restait plongé dans la pénombre.
Une différence de hauteur de presque 6 m entre la travée centrale et les colonnes latérales a permis l'installation de fenêtres à claustra, qui diffusaient une lumière tamiséede part et d'autre de la travée centrale.Séthi Ier entreprit également la décoration de colonnes mais ne put malheureusement achever son projet : seule la moitié nord de la salle et les claustras de la nef centrale portent ses cartouches. Ses successeurs, Ramsès II (– 1278 à – 1212) puis Ramsès IV (– 1151 à– 1145) parachevèrent l’ornementation de la salle.
Les Colonnes
La Grande salle hypostyle comporte 122 colonnes de grès de 15m de haut se terminant par des chapiteaux en forme fleurs de papyrus fermées. (2) Les douze grandes colonnes dans la nef centrale dépassent 20 mètres de hauteur et se terminent par des chapiteaux en forme de fleur de papyrus ouvert. (1) Le principal axe est-ouest de la salle hypostyle est dominé par une double rangée de 12 colonnes géantes.
La Grande salle hypostyle comporte 122 colonnes de grès de 15m de haut se terminant par des chapiteaux en forme fleurs de papyrus fermées. (2) Les douze grandes colonnes dans la nef centrale dépassent 20 mètres de hauteur et se terminent par des chapiteaux en forme de fleur de papyrus ouvert. (1) Le principal axe est-ouest de la salle hypostyle est dominé par une double rangée de 12 colonnes géantes. Les interventions de Ramsès II sur les douze grandes colonnes de la nef centrale sont plus étendues que pour les 122 plus petites. Au début de son règne, elles avaient un système décoratif simple. Ses reliefs sur ces colonnes se distinguent par l’absence de palimpsestes. (Retouche de certains hiéroglyphes par un roi « ici Ramsès II » pour se réapproprier le texte d’un autre «ici Sethi I.»)
Les petites Colonnes :Voir sur le schéma ci contre les composants de la colonne.
Au-dessus du chapiteau un bloc carré (1) appelé abaque soutenait les architraves. Sur son pourtour on trouve les cartouches de Séthi I ou de Ramsès II.
De nos jours, tout le monde pénètre dans les temples égyptiens, mais qui songe qu'il entre dans un endroit sacré où le peuple du pharaon ne pouvait accéder. Seul, le personnel attitré pouvait pénétrer.
La salle hypostyle est une exception car elle a joué le rôle de «chambre publique» du temple d’Amon. Le public a eu accès à cette partie du temple lors des fêtes pour assister aux processions du sanctuaire portable du dieu. Seuls quelques Egyptiens pouvaient lire les textes hiéroglyphiques, mais une conception picturale à la base de chaque colonne indiquait qu'ils avaient l'autorisation d’y être.
L’oiseau rekhyt posé sur le signe neb représente s le peuple de pharaon dans les temples
Répété plusieurs fois autour de la base de toutes les 134 colonnes elle représente l’oiseau rekhyt posé sur le signe neb (tous les gens du peuple) devant les cartouches de Ramsès II. Sous ses bras levés se trouve une petite étoile définit les mots (amour, adorer). L’ensemble lu par un scribe se traduit par : « le peuple adore Ramsès II ». Pour les analphabètes ce pictogramme signifiait qu’ils étaient autorisés à entrer dans la grande salle hypostyle lors des festivals et processions annuelles
Les scènes sur ces colonnes représentent des épisodes typiques des rituels de culte quotidien qui avait lieu dans le sanctuaire du temple. Aujourd'hui, un patchwork d'inscriptions tapisse la plupart des colonnes. La densité de cet embellissement est due à Ramsès II et un certain nombre de ses successeurs. Abstraction faite de l'équilibre entre les inscrits et vierges surfaces, qui permettent des inscriptions à voir à l'avantage, Ramsès II et Ramsès IV remplis ces espaces- vide et même certains qui avaient déjà été decorated- avec de nouvelles inscriptions: scènes cultes supplémentaires, frises de nom cartouches royaux , et stéréotypée des textes hiéroglyphiques.
Dans la 20ème dynastie, Ramsès IV a ajouté deux scènes rituelles supplémentaires sculptées sur les espaces restants et a ajouté plusieurs bandes d'inscriptions , des frises stéréotypées , des motifs géométriques sur la plupart des 122 petites colonnes. Seule sa mort a empêché la réalisation complète de ses dessins, laissant le quart sud-ouest de la salle dans son état original. La partie sud de la salle a la fonction d'une cour servant à introduire le roi vers le lieu de purification : la partie nord, la « per-Douât », où il revêt les ornements sacerdotaux et reçoit l’ultime purification avant de pénétrer dans le temple proprement dit. La décoration intérieure de la salle reflète ce passage : scènes de fondation, de processions et d'introduction royales dans la première partie, d'offrandes dans la seconde.