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El Kab      

 

       

La nécropole d'el-Kab, connu sous le nom de Nekheb dans l’antiquité, est située à 32 km au sud d'Esna, sur la rive ouest du Nil. L'activité sur le site s'étend sur toute l'histoire de l'Égypte ancienne et au-delà, de la période prédynastique à l'ère copte. La divinité majeure de la cité était la Déesse Nekhbet (Celle de Nekhen). Nekhbet est figurée par le vautour blanc de la Haute-Egypte reconnaissable  par le dessous blanc de ses ailes. Nekhbet  porte souvent le titre de "Dame de la vallée" car son domaine s'étendait à l'Est jusqu’aux montagnes, elle est assimilée à la couronne blanche de Haute Égypte. La nécropole est parsemé de vestiges de temples, d’habitats, de cimetières et de tombes taillées dans la roche, l'élément le plus impressionnant encore visible est une imposante enceinte  de brique en terre crue datant de la 30e dynastie.

Ce mur d'enceinte en briques de boue massif mesurant environ 520 m sur 590 m fut probablement construit vers le milieu du 4ème siècle avant JC, au cours de la trentième dynastie. Ce n'est pas la seule relique du passé que l'on puisse trouver actuellement sur le vaste site d'Elkab, qui couvre une superficie de 16 km² Des vestiges archéologiques datant de toutes les époques de l'Égypte ancienne, de la Préhistoire à l'époque gréco-romaine, sont présents à Elkab.

 

Enceinte des temples 

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Partie centrale d’après la carte de F. Depuydt

A l'intérieur se trouvent deux temples contigus. Le plus grand temple oriental est dédié à la déesse vautour Nekhbet. Les vestiges visibles aujourd'hui datent de la fin de l'époque pharaonique, mais il ne fait aucun doute que le temple a été construit, au moins en partie, en utilisant des blocs appartenant à des bâtiments plus anciens. Le temple occidental date principalement du règne de Ramsès II et a été construit en l'honneur du dieu Thot, qui à Elkab était associé à Nekhbet. Ces temples sont de nos jours en ruine, seules des fondations sont préservées. Ils furent partiellement démolis dans la première moitié du XIXe siècle en 1828, les blocs de grès furent réutilisés dans diverses constructions modernes de la région. Au moment de l'expédition de Bonaparte en Egypte (1798-1799) des parties de temples, avec des colonnes et des architraves, étaient toujours debout.oeil

 

Il est probable qu'une simple structure de temple était présente à Elkab depuis la première période dynastique, et certainement des souverains du Moyen Empire construits ici, mais les restes actuels datent du Nouvel Empire. La plus grande partie du complexe du temple principal à Elkab était dédiée à Nekhbet mais ce temple était rattaché à un temple plus ancien de Thoth. De nombreux blocs réutilisés du Moyen et du Nouveau Royaume peuvent être vus dans les deux temples. Ces structures sont sur le plan typique du temple du culte du Nouvel Empire, avec une cour ouverte comprenant un portique, une salle hypostyle, pronaos et trois sanctuaires contigus. Autour d'eux sont diverses structures subsidiaires, y compris un temple de l'époque romaine.

 

La construction du temple de Thot commence sous la direction d'Amenhotep II  (18ème dynastie). Un pylône de Ramsès forme l'entrée du temple et donne sur une cour ouverte. Deux portiques de quatre colonnes flanquent la voie processionnelle. Suit  une petite salle hypostyle à six colonnes qui précède une petite salle transversale et .le pronaos.

 

Le temple dédié à Nekhbet est, contigu au temple de Thot, construit par étape il a  été finit pendant les règne de Nectanebo II. Les murs du parvis étaient à l'origine en harmonie avec ceux de la salle hypostyle du temple adjacent de Thot, mais lorsqu’il fut agrandi vers l'est, il prit un plan dissymétrique. Pour accéder à la cour, on traverse un ensemble de petits pylônes. Elle donne accès à une salle hypostyle asymétrique avec deux rangées de quatre colonnes à l'ouest et quatre rangées de quatre colonnes à l'est qui jouxtent trois petites chambres. Au nord de la salle hypostyle, une entrée centrale mène au pronaos. Juste à l'est du temple de Nekhbet, il y a un petit lac sacré.

 

Au sud se trouve un mammisi ou "Maison de Naissance" contenant une chambre à six colonnes, puis ensemble de structures comprenant des pylônes et un kiosque de Nectanebo I. Ce kiosque et ces pylône représentaient  l'entrée principale. Plus au sud, il y a aussi les restes d'un petit temple romain. Il est en butée contre le mur extérieur de l'enceinte. Son entrée est communément appelée la porte de Nectanebo I.

 

La nécropole rupestre

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Elle se trouve à l'extérieur de l'ancienne ville, à environ 700 m de l'enceinte à l'Est. C’est principalement une colline de cinquante mètres de haut dans les flancs de laquelle des centaines de sépultures ont été creusées. Elle abrite également des chapelles funéraires décorées avec brio du Nouvel Empire. Quelques tombes importantes nous livrent des renseignements primordiaux sur l'histoire et l'agriculture du pays et sur les débuts de la XVIIIe dynastie (1549-1295). Du Moyen Empire à la fin du  Nouvel Empire le versant Sud qui domine la ville a accueilli les sépultures des familles des Nomarques de la cité : Ces tombes comportent des chroniques relatives à la guerre contre les Hyksôs  à la fin de la XVIIe dynastie, notamment celle de  l’expulsion des Hyksôs du pays par  Ahmès fils d’Abana. (Il aurait apporté un  fort soutien aux Princes Thébains de la XVIIe dynastie dans leur lutte contre les Hyksôs. Les Thébains, en remerciement des services rendus  auraient offert à sa famille ces tombeaux magnifiques.).

 

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On peut trouver notamment :

▪ La tombe d'Ahmès le fils d'Abana, un général qui lutta contre les Hyksôs.

▪ La tombe d'Ahmès-Pennekhbet, le tuteur de la Reine Hatchepsout).

▪ La tombe de Pahéri  un haut fonctionnaire du Thoutmôsis III).

▪ La tombe de Rani, Grand Prêtre sous les règnes de Amenhotep I,Thoutmôsis I et Thoutmôsis II.

▪ La tombe de Setaou Prêtre, Scribe royal, qui fut Nomarque, puis vice-Roi de Kouch.

▪ La tombe de Sobek Nakht II, un haut fonctionnaire, Nomarque de Nekheb, qui sauva la dynastie Thébaine au XVIIe ou XVIe siècle, de la destruction par les forces d'invasion des Rois du pays de Kouch (Nubie).

 

De nombreuses autres tombes creusées dans la montagne ne sont pas accessibles au public. Elles ne présentent pas de puits funéraire reliant la chapelle au caveau. Il est remplacé par une descenderie face à la chapelle. Dans une tombe inviolée, la descenderie était recouverte par quelque 500 récipients en céramique grossière. La chambre funéraire contenait quelques objets en cuivre, des vases en pierre dure et un nombre limité de poteries.

 

Près de la nécropole prédynastique, on a découvert un village des périodes ptolémaïque et romaine avec des maisons parfaitement rectangulaires et un tracé rectiligne de la rue. Ce village semble avoir été démoli et abruptement abandonné vers 38AD. Est-ce le résultat d'un événement politique ou militaire? En tout cas, les murs des maisons, construites en briques crues ont été rasés, soit dans l'Antiquité, soit par les sebakhins du XIXe siècle. Seule la partie inférieure des murs est de nos jours visible. (Les sebakhins sont des paysans égyptiens qui récupèrent la terre fertile pour la répandre sur leurs champs. Cette activité est un désastre pour les archéologues et égyptologues car ces paysans récupérent les briques d'argile des sites archéologiques, détruisant parfois la totalité des vestiges).

 

En remontant  l’Ouâdi Hilal

 

La Chapelle de Thot oeil

Egalement appelé "El-Hammam" et "Chapelle de Thot". Elle a été construite par Setau, vice-roi de Koush, pendant le règne de Ramsès II. Elle fût restaurée sous la Période Ptolémaïque et fut aussi dédiée à d'autres divinités. Près de la chapelle de Thot, un chemin dans l'oued mène à un ancien  spéos de la19ème dynastie. 

 

Temple hémispéos oeil

Dédié à la Déesse Isis et creusé dans la roche dans  sa partie intérieure (hémispéos), il est daté du règne de Ramsès II. Il sera transformé par les Ptolémées en un temple de réception complexe.  Un long escalier mène à une terrasse pourvue d’un kiosque, placé devant l'entrée de la chapelle taillée dans le roc. On peut voir une stèle de Ramsès II, taillée dans sa façade. Deux vestibules  conduisent dans une chambre voûtée. Les reliefs intérieurs sont mal  conservés, ceux près de l'escalier et de la cour ont été restaurés. Ici fut célébré l'un des festivals les plus importants de l'ère ptolémaïque, le "Retour de la déesse errante". Cette très grande fête comprenait des processions joyeuses et la navigation de barques divines, ainsi que des chants, des danses, des repas et des beuveries pour commémorer le retour heureux du désert nubien de la fille du dieu soleil Ra. Au début de la période Chrétienne il sera transformé en un monastère Copte.

 

Rocher aux vautours oeil

En remontant l'oued, on trouve monticule rocheux connu sous le nom de "Rocher aux vautours". On y a relevé de nombreux pétroglyphes, graffiti ou stèles gravées datant de l'Ancien Empire, certaines remontent à la Période Prédynastique (v.3500-v.3150). Plusieurs monticules et collines isolées portent un grand nombre de dessins symboliques gravés sur leurs surfaces rocheuses (pétroglyphes).  Les pétroglyphes  font partie de l'art rupestre allant de l'ère prédynastique à l'époque islamique. On trouve également des inscriptions hiéroglyphiques remontant pour la plupart à l'Ancien Empire et  plus précisément à la Sixième Dynastie.

 

Plus loin

De nombreux graffiti et stèles, en  écriture hiéroglyphique, hiératique et démotique,  ont été laissés par les pèlerins se rendant à la chapelle d’Amenhotep III. Environ six cents inscriptions, la plupart écrites en hiéroglyphes semi-cursifs, ont été récupérées. Ces inscriptions de roche ne sont pas simplement les graffitis des voyageurs passant par Elkab. Dans la plupart des cas, ils ont été gravés pour les résidents de la colonie, en particulier les prêtres attachés aux cultes de la déesse vautour Nekhbet.

 

Temple d'Amenhotep oeil

 

 

A environ 1500m du temple ptolémaïque, à l’entrée de l’Ouâdi Hilal se trouve une chapelle reposoir consacrée aux Déesses Nekhbet et Hathor. Sa construction est attribuée au Roi Aménophis et à son père Thoutmôsis IV. La chapelle est de forme presque carrée et le toit est soutenu par quatre colonnes à chapiteaux hathoriques. Elle a bénéficié d'une réalisation soignée, l'intérieur est décoré de peintures qui ont conservé encore aujourd'hui presque leur teinte d'origine. Devant l'entrée existait une petite salle hypostyle avec quatre colonnes. Sur la façade fut gravé un texte par le Prince Khâemouaset, un fils de Ramsès II annonçant le jubilé de son père en l'an 42, ainsi que des graffitis fait par des voyageurs de passage.

 

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Diaporama : Cliquer sur l'image

Deux souverains y sont représentés : Amenhotep III et son père Thoutmosis IV. Ce monument a donc été construit soit entièrement par Amenhotep III au début de son règne, soit débuté par Thoutmosis IV et achevé par son fils.

Dédiée à Nekhbet, elle consiste en un parvis (ajouté à l'époque ptolémaïque) et un petit sanctuaire d'une pièce.  Des Graffitis de diverses périodes décorant  sa façade, ainsi que des inscriptions datant de l'Ancien Empire sur des rochers plus loin dans le désert indiquent  l'itinéraire sacré de procession en l'honneur de Nekhbet.

La décoration du sanctuaire souligne sa fonction de reposoir, avec le long des deux parois latérales, de grandes scènes  d’offrandes d'Amenhotep III à la barque de Ré. Bien que les textes du temple indiquent que la chapelle était dédiée à Nekhbet, une frise de têtes Hathorique qui alterne avec les cartouches d'Amenhotep III autour des murs supérieurs de la chambre suggère son assimilation à Hathor. Les chapiteaux des quatre colonnes portant les architraves soutenant le toit sont également Hathoriques.

Des Scènes inachevées d'oiseaux et de bétail et  de lion dans un marais de papyrus, font allusion à la manifestation de Hathor comme une vache ou un lion. En outre, l'utilisation de l’épithète, nbt r-int ("Dame de l'entrée de la vallée"), est un titre associé à Hathor.

 

 

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