LE SITE DE KOM OMBO
LE SITE
Situés à une quarantaine de kilomètres au nord d'Assouan, les vestiges du temple de Kom Ombo dominent, du haut d'une petite colline, une boucle du Nil, à la manière d'une acropole. Le site fut choisi en fonction de son intérêt stratégique ; la colline dominait à la fois le Nil ainsi que l'accès aux importantes mines d'or de la Nubie. L'étymologie reflète d'ailleurs bien cet aspect, puisqu'en égyptien ancien, ce lieu fut appelé Noubet, "Celle de l'Or", qui fut traduit Ombos en grec, pour finalement devenir Kom Ombo. La singularité de ce site est autant architecturale que religieuse. Le complexe présente un plan quasi unique en Égypte : il est constitué de deux temples réunis, car consacrés simultanément à deux divinités principales. La partie sud était dédiée au dieu faucon Horus l'Ancien (Haroéris) et la partie nord au dieu crocodile Sobek. Le temple dispose d'ailleurs d'une porte d'entrée et d'un sanctuaire pour chacune de ces deux divinités.
LA THEOLOGIE DU TEMPLE
Afin de mieux comprendre la description des scènes voici un le résumé succinct de la théologie du temple.
Adolphe Gutbub a traduit les textes écrit sur les murs du temple. Ceux-ci dans leur majorité décrivent la théologie du temple. Ils nous apprennent que bien qu’Haroeris and Sobek se partage chacun une moitié du temple, ils ne sont pas des dieux jumeaux. Ils ont cependant une relation religieuse complexe dans le système théologique, chacun d'eux est à la tête de sa propre triade divine. Haroeris a un conjoint Tasenetnefret (la belle-sœur) et un fils Panebtaouy (le seigneur des deux terres). L'épouse de Sobek dans la théologie locale est Hathor, et son fils est Khonsou. Dans la théologie de Kom Ombo, le système religieux basé sur la cosmogonie héliopolitainne, est très compliqué.
Haroéris, est assimilé à Shu (l’air), Tasenetnefret à Tefnut (humidité), et Panebtaouy (au seigneur des deux terres . Sobek devient associé à Geb (la terre), son épouse Hathor à Nout (le ciel) et son fils Khonsou à Osiris
Au niveau de la famille divine, Sobek devient Panebtaouy, "le Seigneur des deux Terres", qui succède à son père Haroeris. Au niveau cosmique, il devient Geb, le fils de Shu et Tefnut, qui mets au monde Osiris Isis et Nephtys, qui à leur tour donnent vie à Haroéris, Horus l'enfant. Sur le plan de la création, Sobek devient la divinité créatrice primordiale, fortement associée à l'océan primordial Noun et donc au Nil et à la venue de l'inondation. En outre, Sobek est clairement connecté au dieu-soleil Ré comme son protecteur et le tueur d' Apophis, à Osiris et aux dieux morts de la nécropole du temple.
PORTE DU MUR D'ENCEINTE.
L'entrée du site s'effectuait par cette porte monumentale qui faisait partie de la grande enceinte en brique Construite sous Ptolémée XII Néos Dionysos, elle est en grande partie détruite. Seule la partie Ouest
a survécu. Son soubassement était décoré d’un motif ornemental que l’on retrouvera sur presque tous les murs du temple : « la Procession des Eaux », elle est personnifiée par des divinités mâles et femelles. Les divinités mâles ont l'aspect du dieu Hapi quand il figure les nomes, mais ici les divinités aquatiques personnifient le plus souvent les canaux, les marais, les lacs, les étangs et les îles. La procession commence dès la porte, elle continue sur le mur extérieur du temple, pénètre dans la cour, puis parcourt les diverses salles précédant le sanctuaire, pour finir dans celui-ci. Une bonne partie de ces tableaux sont intacts.
En son milieu, on peut voir quatre lignes de signes Ankh entourés de signes Ouas et quatre lignes de titulatures de rois . A droite, des scènes incomplètes montrent Ptolémée XII en compagnie de diverses divinités (Harsiesis; Shou Tefnout). Sur une scène complète le roi offre des bouquets à Geb et Nout.
Dessous celle-ci il encense Osiris et Isis. A gauche, le roi se tient devant 2 divinités dont les têtes sont détruites.
Au sud de la cour une rampe permet d'accéder à une chapelle dédié à la déesse Hathor construite en grès rouge. Elle est très bien conservée ; selon une inscription en grec, elle fut décorée sous l'empereur Domitien par dame Petronia et ses enfants, en l'honneur d'Aphrodite. De nos jours, on trouve dans une pièce des momies de crocodiles sacrés. D'époque romaine, le temple possède quelques décorations, sur l’une d’elle on peut voir la reine jouant de la harpe devant Hathor qui est aussi déesse de la musique. La porte est surmontée d'une corniche à gorge ornée d’un disque ailé. Derrière le temple quelques sarcophages, en pierre sont entreposés. Sur la tête d’un sarcophage le défunt est représenté couché sur un lit en forme de lion. Les déesses Isis et Nephthys sont agenouillées devant sa dépouille.
LE GRAND TEMPLE.
Sa construction s’ordonne autour de trois axes, un principal et deux secondaires, mais ce n'est pas pour autant un temple double. Les textes l'appellent « le temple d'Haroéris et Sobek, Seigneurs d'Ombos ou le château du faucon » ou « le château du crocodile » . C'est le même édifice qui prend des noms appropriés pour chacun des dieux maitres d'un seul temple. Les deux déités sont associées dans chacun des deux sanctuaires et il n'y a aucune exclusive pour l'un ou pour l'autre. Son plan rappelle assez exactement celui des autres temples de l'Egypte de la même époque. C'est toujours et dans le même ordre la même succession des différentes pièces qui ont de tout temps composé l'ensemble d'un temple.
D'abord un pylône donnant accès dans une vaste cour à galerie couverte; au fond de la cour, l'édifice principal avec ses colonnes encastrées dans la façade; puis les salles hypostyles, les salles sans colonnes précédant un couloir mystérieux qui entoure le sanctuaire, un naos, où était enfermée la statue de la divinité. Après le sanctuaire, le couloir s'ouvrent à droite et à gauche de petites salles plus ou moins nombreuses.Ces salles, sont moins nombreuses à Kom Ombo. Le culte a entraîné la séparation de l'édifice en deux parties parfaitement distinctes dont chacune est consacrée à une divinité. Ces deux divinités Haroëris et Sebek, bien que vivant en fort bonne intelligence ont leur propre culte. Leurs fêtes, sont indépendantes et se célèbrent à des époques distinctes. Aussi pour ce double culte, il été nécessaire de répartir le temple entre les deux divinités.La partie située au nord de l'axe du temple a donc été consacrée à Haroëris, tandis que la partie méridionale a été attribuée à Sebek.
Le sanctuaire de chaque dieu étant bien distinct, on traça parallèlement à l'axe du temple un couloir extérieur conduisant à chacun des deux sanctuaires. Des portes furent ouvertes dans chaque salle et dans le pylône formant deux avenues parallèles conduisant en droite ligne du parvis du temple au sanctuaire. On relève ainsi dans la construction et dans la décoration un ordre symétrique qui se retrouve partout et toujours.
Le pylône du grand temple a presqu'entièrement disparu; du massif nord il ne reste plus que les arasements; du massif central et du massif méridional seulement quelques assises sont restées debout. A l'intérieur du pylône se trouve une chambre oblongue, on y accède par la cour. Un escalier ménagé dans l'intérieur du pylône conduisait au sommet; aujourd'hui, il s'arrête après quelques marches.
Défilé des dieux Nil et des déesses Merit précedé de l'empereur romain Domitien
Les Vestiges
Sur la face Sud-Est encore debout se trouvent les restes de scènes. En haut à droite, le roi suivi de son Ka avance vers des enseignes , Il est accompagné d’un prêtre Sem représenté plus petit. Plus loin le roi est transporté par les Ba de Nekhen (manquants) et de Pe avec leurs têtes de chacal dans une chaise à porteurs (les âmes de Nekhen, à tête de faucon, sont identifiées à Horus, accompagné de deux de ses quatre fils, les âmes de Pé sont identifiées à Horus, accompagné d'Amset et Hâpi). En bas on peut voir un défilé de dieux Nil et de déesses Merit du Sud . (Déesses musiciennes et chanteuses, elles sont représentées les bras à l'horizontale).
Devant un long texte « hymne à Sobek» datant de l'empereur Domitien; Sobek, Hathor et Khonsou reçoivent des offrandes.
Située au milieu de la cour une plate-forme de six mètres de long et de deux mètres de large; servait probablement pendant les processions, à déposer le naos porté sur les épaules des prêtres. Les colonnes de la cour, au nombre de 16 supportait un portique qui s'adossait contre les murs. Elles ont été ajoutées par l'empereur Tibère. Il est représenté sur toutes les scènes.
Le Pronaos
Il est constitué par l’imposante façade du temple et de la première salle hypostyle. Les deux voies processionnelles commencent dès le pylône avec Haroéris à gauche et Sobek à droite. En face, après la cour, la façade du pronaos avec ses deux entrées. Elle est constituée d'une rangée de colonnes connectées par des murs d'entrecolonnement. Les colonnes ont en grande partie disparues, mais il reste les murs d'entrecolonnement avec des scènes symétriques de part et d'autre de l'axe.
1 A gauche, Ptolémée VIII précédé de ses enseignes divines se dirige vers le temple. On peut apercevoir ses sandales (il n’est pas mort). Devant lui, représenté tout petit, un prêtre Iounmoutef vêtu de sa peau de léopard l'encense. Les enseignes sont maintenues soit par des signes Ouas, soit par des signes Ankhs. En tête du cortège, deux enseignes portent les Oupaouts de haute et basse Egypte (ceux qui ouvrent les chemins), associés à la protection du roi ; ils lui ouvrent le chemin. Vient ensuite l''Horus de Béhédet (basse Egypte) et Thot. Dessous entre les deux Oupaouts se trouvent le placenta royal. (Le Roi avant la naissance), Puis suit l’arc et les flèches de Neith la guerrière. Nous retrouverons pratiquement la même scène sur la paroi Ouest de la petite salle hypostyle.
2 Ce panneau rempli de textes est percé d’une porte qui ouvre sur le déambulatoire
3 Ce panneau montre Ptolémée XII est purifié par Thot et Horus en présence de Haroéris.
Façade avant côté Sud :
4 Ptolémée XII est purifié par Horus et Thot en présence de Sobek,
5 Ce panneau de textes percé d’une porte ouvre sur le déambulatoire. L'embrasure de la porte est décorée de motifs avec des textes intercalés. En bas et en haut, le signe de l’éternité est entouré des cartouches du roi.
6 Ptolémée XII chaussé de sandales se dirige vers le temple précédé de ses enseignes tenues par des signes Ankh. La scène est pratiquement identique à la scène 1
Dans les deux entrées du pronaos, les colonnes sont presque intactes. Le fronton est orné de superbes soleils ailés. En dessous, on trouve un texte dédicatoire pour Ptolémée XII et pour Haroéris à gauche et Sobek à droite.
L’envers de la façade Sud:
Scène de couronnement Les déesses Ouadjet et Nekhbet couronnent Ptolémée XII en présence de Sobek-Rê et d'Hathor.
Sobek donne au roi sa couronne et Hathor lui donne la Maât.
Dans l'encadrement de la porte, Le roi Ptolémée XII présente des offrandes à trois dieux assis sur des trônes. Il est suivi de Cléopâtre VI portant des fleurs. Devant lui, Haroéris, Sobek-Rê et Tasenetnefret portant la coiffure d'Hathor. Les déesses Nout et Isis à tête de lionne entourent et protègent Ptolémée XII en levant leurs bras. Nout est suivi par Thot, tandis qu’Isis est précédée par son fils Harsiésis, et par Haroéris.