CONSTRUTION DES PYRAMIDES
Contexte culturel
Un culte tourné vers la mort
Les croyances funéraires égyptiennes sont multiples et parfois contradictoires selon les époques. L'idée d'une survie dans l'au-delà semble dater du néolithique. A l'ancien Empire apparaît une conception stellaire puis solaire selon laquelle l'âme du pharaon monte au ciel en escaladant les rayons pétrifiés du dieu Rê symbolisés par sa pyramide funéraire (texte des pyramides).
Le temple funéraire constitue, avec la pyramide, le complexe mortuaire du pharaon. Il est joint à la partie Est de la pyramide et il est relié par une longue chaussée à un second temple en contrebas à la lisière du désert.Ce dernier sert à réceptionner les offrandes funéraires du roi acheminées par bateau à partir des domaines agricoles rattachés à son culte.
Le temple solaire apparaît à la cinquième dynastie dans la région de Memphis. Son architecture est à l'image du monde : le sol est la terre, les colonnes la végétation, la salle hypostyle le ciel, les décorations murales reprennent les grands mythes de la naissance de l'humanité et les différents rites accomplis par le roi pour maintenir l'ordre cosmique.
En effet, le temple doir assurer quotidiennement, à travers le culte divin, la permanence de la création.Les Egyptiens prennent un soin méticuleux à préparer leur repos éternel, en édifiant des tombes somptueuses dont l'architecture, la décoration murale mobilisent parfois tout leur génie de leur époque. A l'ancien Empire, les notables obtiennent le privilège de se faire inhumer près de la pyramide du roi .
Leurs tombes forment une véritable ville funéraire dont les rues se coupent à angle droit. Leur structure est composée d'un coffrage de pierre qui enferme un puits au fond duquel repose, dans un caveau, le sarcophage du défunt et le mobilier funéraire.
Le mastaba s'ajoute d'une chapelle pour les offrandes. Cependant, ce type de tombe disparaît à la fin du moyen-empire.
Contexte historique
Les pyramides sont des monuments d'origine égyptienne, essentiellement des tombes de roi ou de reines construites entre 2700 et 2200 av JC. Leur forme pyramidale est issue de grands monuments en gradins, analogiquement des « pyramides à degrés » qui ont été édifiées sous la troisième dynastie. Des escaliers étaient construits pour faciliter l'ascension de l'âme du roi vers Rê, le Dieu Soleil, souverain de tous les dieux.
A partir de la quatrième dynastie, avec l'avènement de Snéfrou, les égyptiens se mirent à construire de véritables pyramides avec des faces lisses et cela sous l'inspiration d'architectes qui eurent l'idée de matérialiser dans la pierre le tracé triangulaire où s'inscrivait auparavant le profil à degrés du monument. Les pyramides sont la partie dominante d'un complexe monumental et cela dès le fondement de la troisième dynastie : en effet, sous l'immense monument, deux temples richement décorés sont reliés entre eux par une chaussée privée couverte de bas reliefs.
En haut, vers la face orientale de la pyramide, il y avait des temples qui servaient aux cultes funéraires. En bas, à la lisière de la Vallée, étaient réceptionnés des cortèges pour lesquels des bassins d'accostage étaient construits. Ceux-ci servaient aussi préalablement à la réception des blocs de pierres durant la construction de la tombe. Une enceinte entourait la pyramide et de nombreux objets de tailles importantes y étaient entreposés dans des caveaux.
La construction
A. Le site et l'orientation
Toutes les pyramides connues actuellement sont situées sur la rive gauche du Nil (où le soleil se couche). Personne n'est capable de dire pour quelles raisons il en est ainsi, ce sont peut-être des obligations religieuses, géographiques…
Après avoir choisi l'emplacement, il faut encore orienter la pyramide car toutes les pyramides ont une face nord, une face sud, une face est, et une face ouest (à quelques degrés près), ce qui est un exploit compte tenu de leurs techniques de mesures à l'époque.
Une des techniques avancées est la construction d'un mur circulaire d'une hauteur constante, on marque sur ce mur l'endroit où une étoile se lève le soir et l'endroit où elle se couche le matin.
On trace ensuite la bissectrice de l'angle formé par le point du levé de l'étoile, le centre du cercle formé par le mur et le point du couché de l'étoile et on obtient ainsi le nord (voir schéma).
A) LE SOIR. L'observateur place au centre O vise une étoile à son lever au-dessus de l'horizon du mur. Détermination de la droite OA.
B) LE MATIN. L'observateur toujours placé en O, vise la même étoile à son couché au-dessous de l'horizon du mur. Détermination de la droite OB.
C) La bissectrice de l'angle AOB détermine le nord.
Le nivellement
Une fois l'emplacement et l'orientation fixés, le nivellement du sol était indispensable car une pyramide ne pouvait être construite que sur un sol parfaitement plat.
Pour cela les Egyptiens construisaient un énorme quadrillage de tranchées peu profondes, orthogonales les unes par rapport aux autres et reliées entre elles sur toute la superficie de la base de la future pyramide. Ces tranchées étaient remplies d'eau ( 1), puis les bords des tranchées étaient marqués d'un trait horizontal qui suivait le niveau de l'eau, les tranchées étaient alors asséchée (2)
Il ne restait plus qu'à niveler les petits carrés formés par les tranchées en suivant ces traits ( 3) puis à reboucher les tranchées ( 4) pour obtenir un sol parfaitement plat sur toute la surface de base de la pyramide.
Les métiers et les pierres
La construction d'une pyramide mobilisait plusieurs milliers d'hommes selon sa taille. La majorité étaient des ouvriers, mais la construction d'une pyramide nécessitait aussi d'autres métiers :
Les ouvriers ils transportaient et hissaient les blocs de roche. Contrairement à ce qu'on a longtemps cru les ouvriers n'étaient pas des esclaves. En effet, la pyramide de Gizeh, qui est la plus grande connue actuellement, a nécessité le travail de 20 000 hommes pendant une vingtaine d'années. Il est très peu probable que l'Egypte ait réussit à rassembler autant d'esclaves car son nombre était très faible. L'hypothèse retenue actuellement est la participation obligatoire des prisonniers de guerre, des soldats de l'armée, mais surtout des paysans qui devaient passer un certain nombre de semaines chaque année à participer à l'édification de la pyramide. Pour les paysans, c'était à la fois du volontariat et une obligation.
Les forgerons : ils fabriquaient les outils pour le chantier, les armes et de magnifiques bijoux.
Les scribes : ils écrivaient avec un roseau taillé sur du papyrus, ils devaient apprendre des centaines de hiéroglyphes utilisés dans l'écriture égyptienne et ils devenaient des personnages très importants dans la société car peu de gens savaient écrire.
Les carriers : ils découpaient les blocs de pierre grossièrement, puis les marquaient pour être identifiés plus tard.
Les architectes : ils faisaient les plans de la construction de la pyramide.
Les outils
Les premiers ciseaux furent en cuivre (1), ensuite en bronze (2).
La queue d'aronde était en bois (3), tout comme les maillets ou marteau (4).
Les pilons de dolérite servaient à tailler le granite (5).
Les polissoirs étaient utilisés pour les finitions (6), tout comme le fil à plomb
LE DUR LABEUR DES CARRIERES
Le calcaire est la pierre la plus utilisée comme matériau de construction pour la Grande Pyramide de Gizèh. Cependant, certains blocs sont en granit et durent poser de sérieux problèmes. Le granit est si dur que les scies et les ciseaux de cuivre égyptiens pouvaient à peine les entamer. Les tailleurs de pierre devaient utiliser des marteaux spéciaux en dolérite afin de tailler des ébauches de rainures, ou des encoches, dans les fronts de carrière. Dans ces encoches on enfonçait des coins de bois qui arrosés d'eau, gonflaient et faisaient éclater le rocher.
Les énormes fragments qui s'en détachaient étaient alors dégrossis au marteau. Ces blocs portaient de nombreuses inscriptions peintes dont certaines précisaient leur destination, et d'autres des indications techniques - " Haut " et " Bas ", par exemple. D'autres encore portaient le nom de ceux qui les avaient taillés, comme " l'Équipe des Costauds " ou " l'Équipe des Infatigables ". Il arrivait parfois qu'un groupe de sans-souci commentât son effort d'une remarque irrespectueuse, telle que " Le Pharaon est fin saoul! ".
UNE ÉQUIPE DE TAILLEURS de pierre met la dernière main à un lot de blocs.
A l'arrière-plan, trois hommes prennent des mesures afin d'éliminer un reliquat d'aspérités dans le niveau d'une surface; tandis que d'autres , au premier plan, affûtent leurs outils de cuivre. Au fond et à gauche, inscription d'une indication technique.
A L'EXTREMITE de la rampe, une autre équipe charge le bloc de granit sur un traineau de bois à patin courbe. Grâce à ces rondins, ces rampes et ces traîneaux , les egyptiens parvenaient à haler, sur plusieurs centaines de mètres, des pièces pesant jusqu'a 15 tonnes , de la carrière aux péniches stationnées au bord du nil.
LES FONDATIONS D'UN TOMBEAU
Pour élever une pyramide à la gloire de leur maître - pyramide qui reste la plus grande construction jamais érigée par des hommes les architectes de Chéops eurent d'abord à choisir un emplacement approprié au coeur du désert. Pour illtra structure sommaire du futur monument funéraire, ils prirent un mamelon rocheux qui dominait l'environnement sableux. Les arpenteurs délimitèrent alors une surface telle que la base de la pyramide formerait un carré parfait.
Ce travail accompli, les architectes entreprirent de faire tailler en gradins le relief irrégulier du tertre. Destinées à tenir lieu de fondations sur lesquelles tous les blocs de pierre s'empileraient, ces terrasses devaient être dotées d'une horizontalité absolue, faute de quoi le monument tout entier eût été de guingois. Pour les assurer de cette caractéristique indispensable, les bâtisseurs de pyramides creusèrent un vaste réseau de rigoles remplies d'eau cernant l'aire d'édification.
Puis, prenant le niveau de l'eau comme référence de base, ils furent à même d'aplanir une surface carrée de 52000 mètres carrés avec une précision telle que nos ingénieurs modernes, armés de leurs instruments scientifiques rigoureux, ont trouvé une simple différence de 1,25 cm entre les niveaux des angles sud-est et nord-est de la pyramide.
Tailleurs de pierre nivelant les inégalités lu sol pour aménager une terrasse plane.
Le niveau de base est établi par les deux arpeneurs accroupis, au moyen de cordons tendus qui donnent l'horizontale en liaison avec des baguettes dont l'extrémité inférieure affleure l'eau des canivaux. Grâce à ce repérage, l'homme appuyé sur son genou pourra préciser jusqu'à quelle profondeur les terrassiers devront creuser.
L'ÉTABLISSEMENT d'un niveau par rigoles communicantes est illustré, dans son principe, par le croquis ci-dessous. Entre deux baguettes touchant la surface de l'eau, est tendue une cordelette. On creuse alors le socle de pierre jusqu'à lui donner l'horizontalité indiquée par les trois batons de repère et le parallélisme nécessaire et suffisanr de la cordelette.
TERRASSEMENT DU TERTRE
à l'aide le leviers, des hommes écartent les blocs surnunéraires des bords d'une terrasse, tandis que d'autres, à droite, dégagent le terrain avec des Traîneaux. Au premier plan, des porteurs d'eau équipés de lourdes jarres en argile, eau destinées à remplir le système de rigoles communicantes qui .fournira aux bâtisseurs un niveau de base uniforme pour les quatre côtés de la pyramide.
MODES DE CONSTRUCTION
Beaucoup de théories, parfois divergentes, tentent d'expliquer de quelle manière ont été hissés tous ces blocs de degrés en degrés. La roue et la poulie, encore inconnu, ne peuvent faire partie des solutions envisagées. Tout dispositif impliquant l'utilisation du fer est également à proscrire. Enfin, la configuration géomorphologique du lieu ainsi que la forme du bâtiment excluent l'usage d'instrument de levage tel que le chadouf, un appareil à bascule utilisé à l'époque pour tirer l'eau des puits.
Les pyramides sont construites avec des outils simples mais sur un chantier organisé de façon très rigoureuse. Selon Hérodote, la construction de la pyramide de Gizeh se serait établie sur 20 ans, la main d'œuvre se composant de 10 000 hommes renouvelés tous les trois mois. Ces chiffres, bien qu'ils ne puissent être ni vérifiés ni confirmés, semblent plutôt réalistes. On ne peut demeurer indifférent devant l'organisation d'un si vaste chantier, étalé sur une durée aussi longue, avec les moyens techniques de l'époque et la perfection des résultats obtenus. Sur le terrain nivelé était mis en place la première assise. Les difficultés ne commençaient qu'à partir de la seconde. Pour y élever les lourds blocs calcaires qui la composaient, se posait un problème de manutention.
Il a été formulé l'hypothèse que plusieurs dizaines d'hommes hissaient les blocs rocheux, emballés dans une gangue de papyrus cylindrique, en les faisant rouler le long d'un plan incliné adossé à la pyramide. Mais les cordages et les gangues de papyrus peuvent-ils résister à des masses de plusieurs tonnes ?
La théorie d'un ascenseur, se composant d'un tronc d'arbre posé sur deux murs parallèles qui aurait pu faire office de poulie (encore inconnu à l'époque) pour soulever un bloc de pierre et d'une nacelle chargée d'hommes faisant contrepoids, est peu probable vu l'énorme difficulté du travail et le temps trop important qu'il aurait fallu pour finir la pyramide.
La construction de funiculaires est également peu probable : la pierre, chargée sur un traîneau de bois glissant le long de rails, est tirée au moyen de cordages par des ouvriers progressant sur des rampes pour éviter de glisser. En effet, cette technique aurait nécessité beaucoup de bois, un matériau rare à l'époque en Egypte.
L'hypothèse qui rallie le plus de suffrages est celle de la rampe d'accès : pour acheminer les blocs rocheux, les ouvriers auraient bâti des chaussées en pente douce le long de la pyramide. De quoi permettre à des traîneaux de bois tités par une vingtaine d'hommes, de convoyer les pierres jusqu'à leur emplacement désigné. Fabriquées à l'aide de briques et de sable, ces rampes auraient été régulièrement enduites de boues humides pour favoriser la progression des charges. Il aurait pu s'agir d'un simple plan incliné droit, disposé sur un côté de la pyramide. Lors de l'élévation du bâtiment, les ouvriers l'auraient progressivement allongée et surélevée. Si on attribue à ce plan une déclivité raisonnable, voisine de 6%, il aurait alors mesuré plus de 3 km de long et son volume aurait largement dépassé celui de la grande pyramide.
Autre théorie : la rampe, toujours en briques, se serait enroulée autour de la construction au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Cette forme hélicoïdale réduit sensiblement la longueur de la rampe, mais elle oblige sa largeur à atteindre une douzaine de mètres pour laisser aux bâtisseurs une marge de manœuvre suffisante. Selon certaines estimations, le volume de cette rampe aurait alors approché les 400 000 m3. Au vu des vestiges en brique retrouvés à Meidoum ou contre les murs du temple Amon, à Karnak, cette hypothèse pourrait bien tenir la route. Quelques doutes subsistent tout de même : la forte déclivité de la rampe amènerait à penser qu'elle a servit à la récupération de pierres destinées à d'autres constructions, ou bien, on peut se demander encore comment les architectes égyptiens auraient pu contrôler l'angle des arêtes de la pyramide au travers de cette rampe hélicoïdale.
En dépit de très nombreuses recherches et d'innombrables études sur le sujet, personne n'est encore capable d'affirmer sans aucun doute possible par quelle(s) technique(s) ont été réalisées les grandes pyramides ; le mystère reste entier.
DES MILLIERS DE TRAVAILLEURS
Enflammé par les hâbleries des guides autochtones, l'historien grec Hérodote raconte qu'il a fallu 100000 esclaves pour dresser la Grande Pyramide. De fait, ils ne furent jamais plus de 4 000 à opérer en même temps, et encore s'agissait-il de libres citoyens affectés pour une certaine durée à des travaux publics. Ils travaillaient par équipes de 18 à 20 hommes qui hissaient les lourds blocs de pierre le long des rampes, puis les mettaient en place. L'ultime opération consistait,en partant du sommet, haut de 145 m, à scier les blocs marginaux de façon à égaliser les surfaces latérales de la pyramide
En dépit de leur dur labeur, certaines équipes étaient si heureuses de travailler pour le pharaon que, s'il faut en croire les paroles d'un contremaître, "personne ne s'arrêta d'épuisement, personne n'eut jamais soif "et, qu'en définitive, " chacun rentra chez soi de fort bonne humeur, se rassasia de pain et s'enivra de bière, comme s'il se fût agi d'un somptueux festin de dieux ".