l'Akh-menou
Introduction
Thoutmosis III avait déjà fait construire un Château de millions d'années sur la rive ouest du temps d'Hatchepsout. Gouvernant maintenant seul, il annonce à ses courtisans deux jours avant l'anniversaire de son couronnement, à la fin de l'an 23, son intention d'en construire un autre dans Ipet Sout (Karnak) pour remercier le dieu Amon de son éclatante victoire de Megiddo. Il le nommera :l’ Akh-ménou : «Menkheperrê est brillant de monuments » dans le temple d'Amon. Rien ne sera trop beau pour sa construction. Le sol en est surélevé d'environ 45 cm pour le protéger des crues du Nil. Le temple est un vaste quadrilatère de 78,76 m de long sur 38,84 de côté avec 2 entrées : une au centre et une au sud. Véritable cœur du temple d’Amon il est et la partie la plus sainte de Karnak, il abrite l’image la plus précieuse d’Amon et contient ses «images cachées» et inamovibles.
Ce complexe se divise en trois parties. : Une grande salle à piliers et colonnes, appelée La Salle des fêtes (Hery-ib).Les salles sokariennes situées au Sud du temple. Les salles nord dites solaires dédiées à la forme ithyphallique d’Amon.
Rôle de l’Akh-ménou dans le culte d’Amon : C’est à la fois un temple de régénération pour le roi et un Temple de Millions d’Années lors des fêtes processionnelles.
L'Entrée
Elle se faisait par la porte Sud. Elle était précédée d' un portique soutenue par 2 colonnes. De chaque côté de la porte, se dressaient deux colosses représentant le roi en costume de fête-Sed nous donnant ainsi un résumé des rites de la fête-Sed.. En face de la porte, se trouve une petite salle de scènes de transport de barques divines .L'étroitesse des lieux en fait douter. A gauche de cette salle, un long couloir permettait d'accéder au neuf magasins.
Dans le vestibule la base et pieds d’un groupe statuaire est adossé contre le mur Nord, il pourrait s’agir du roi entouré d’Amon et de Mout (P. Barguet.) Dans l’antichambre sur la paroi Est on aperçoit une partie de la barque d’Amon, sur la paroi Sud une scène de transport de barques divines montre le roi entre deux groupes de porteur de barques. A gauche de cette salle, un long couloir permettait d'accéder au neuf magasins. Dans la chapelle sud-est la paroi Ouest, montre des scènes d’offrandes.
Offrande de l’huile-âch et de l’huile-tjéhénou
La Chambre des ancêtres.
Elle met en scène les rois du passé, un même décor se continue sur les trois parois : deux registres montrent Thoutmosis III, faisant des offrandes à une double théorie de statues (61 rois défunts) ; à quatre reprises , le roi est représenté debout aux extrémités des parois Est et Ouest, toujours face à ces théories, qui sont adossées les unes aux autres à partir du milieu de la paroi Sud. Il tourne ainsi le dos au nord et regarde vers le sud. Les rois défunts ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique mais en fonction du choix personnel de Thoutmosis III. Ils sont représentés assis sur un siège cubique sans dossier. Chaque Roi est identifié par son cartouche et trois petites colonnes de hiéroglyphes.
Dessin exécuté E. Prisse d’Avennes, Monuments de l’Égypte et de la Nubie de Champollion-le-Jeune, Paris, 1847, pl. 1
En 1843 des destructions par des carriers étaient courantes, et cette chambre menaçait de disparaitre à jamais. La chambre menaçant de s'écrouler fut démontée par Emile Prisses d'Avesnes. En 1844, les blocs gravés quittent Alexandrie pour Toulon à bord du Cerbère, de là ils seront envoyés à Paris. au Musée du Louvre. De nos jours des moulages remplacent les scènes d'origine.
Les Magasins
L’ensemble des neuf chambres nous présentent des scènes courantes d’offrandes et d’adoration. En revanche, le texte gravé au-dessus de la façade des six premières chambres nous divulgue deux fonctions relatives à l’Akh-ménou. Le mur nord du couloir nous présente certains épisodes de la fête-Sed. Nous assistons au début de la fête jubilaire ou le roi fait trois courses rituelles. Les deux premières consistent pour le roi à prendre possession de son domaine, tandis que la troisième nous indique qu’il s’agit ici d’une démonstration de ses capacités physiques.
Le caractère funéraire de la fête-Sed est souligné par la présence du dieu Anubis, des enseignes du chacal Oupouaout et de la nébride Khonsou.Nébride :(ce qui est dans les bandelettes). Objet de culte confectionné dans une peau d'animal qui, une fois vidée, était enroulé autour d'un pieu planté dans un pot. Elle est souvent représentée par une peau d'une bête accrochée à un bâton. Une légende raconte que Memty aurait décapité sa mère Hathor/Hesat, obligeant cette dernière à remplacer sa tête de femme par celle d'une vache. Rê le condamna alors à être écorché vivant. Mais Anubis eut pitié et livra la peau de Memty à sa mère qui, en l'arrosant de son lait, redonna vie à ses chairs.
De par leur disposition et le sens des scènes relatées sur leurs parois, ces magasins forment une partie distincte du complexe. Elles étaient vraisemblablement réservées aux prêtres d’Amon dans la préparation du matériel de culte et des offrandes. Quelques Scènes:
Le roi orienté vers l’ouest, le domaine d’Osiris, porte le manteau du prêtre Sokar.
Thoutmosis III tire une flèche vers l’ouest afin d’exprimer son triomphe sur la mort et sa domination universelle.
- Le roi appuyé sur une canne doublée d’un sceptre, reçoit le signe de la vie d’un dieu
- Amon-Rê reçoit les offrandes de produits précieux
On y trouve également la représentation d'un grand hippopotame blanc sur son traineau de transport. Le roi, Thoutmosis III, est debout devant lui . Ce relief rare et curieux évoquel la fête de l'hippopotame blanc. Il semblerait qu'elle ait son origine en Basse Egypte en l’honneur d’un hippopotame femelle liée à la fécondité et à la protection maternelle (comme peut l'être la déesse Touéris). L'hippopotame blanc ferait référence à la femelle, l'hippopotame rouge au mâle. Sous l'animal, deux hommes dansent. Ils symbolisent deux villes dont la "la maison du Sycomore" soit la ville de Souchos en Basse Egypte. Pour certains auteurs, ce rite évoque des rites anciens de l'Ancien Empire. Des scènes identiques furent découvertes à Memphis. L'hippopotame blanc ferait référence à la femelle, l'hippopotame rouge au mâle.
La Salle des fêtes
Décoration architrave
C’est une vaste nef de 40 mètres de long délimité par trente-deux piliers carrés, Deux rangées de 10 colonnes et d architraves soutenaient un magnifique plafond bleu peint d'étoiles jaunes. Les colonnes de forme unique représentent les poteaux d'une tente portable. Au nord de la salle se trouvaient trois chapelles décorées de scènes de reliefs de rituels et de processions cultes, dont la procession de statues royales (le wehem-ankh). wehem, le processus de génération des êtres et des choses selon la même voie suivie par le démiurge.
D Diaporama
Le Complexe Sokarien
Sokar était responsable de la renaissance d'Osiris et de la transmission de sa royauté à Horus. Chaque année, le pouvoir du roi était renouvelé et confirmé lors du «Festival Sokar». Le soulèvement du pilier djed symbolisait la renaissance du roi, (Osiris - Sokar étant une forme d’Osiris.)
Accessible par une seule porte depuis la salle des fêtes, ce complexe était le lieu de culte consacré au dieu Sokar. Il comprend 7 salles : (1 Hall, 3 chapelles et 3 magasins surélevés.) Le hall : Son toit, peint en bleu et d'étoiles jaunes est partiellement préservé, il est soutenu par huit colonnes a 16 faces non cannelées Seules les pierres du registre inférieur sont en place. Les murs sont sculptés en relief peint jusqu'à 1,20 m du sol. De nombreuses représentations de l’emblème de Sokar henu-barque, y apparaissent. Au sud, la salle s’ouvre sur trois chapelles ruinées. Leurs murs d'origine ne sont plus que des blocs en vrac dans l’attente d’être réutilisés. A l’Est, à deux portes s’ouvrent sur trois magasins surélevées qui étaient accessibles par une échelle en bois.
Les inscriptions, indiquent que Sokar, est le maître de theshetyt, là où toutes les parties du corps d'Osiris ont été rassemblées pour reconstituer l'intégrité physique du Dieu. Le roi, identifié au dieu Sokar, y accomplit les rites funéraires de purification et de l'ouverture de la bouche.
Au-dessus de la porte d'une des chapelles, est gravée la première représentation connue de la fameuse barque de Sokar. Cette scène montre une procession se dirigeant vers une chapelle, elle est précédée par des prêtres porteurs (8 à l'avant et 8 à l'arrière) qui soutiennent la barque de Sokar. Un prêtre supplémentaire marche à côté de la barque pour diriger les porteurs. Maintenant purifié le roi peut se rendre au sanctuaire d'Alexandre.
Sanctuaire d’Alexandre Salles SX4 SX5
De nombreuses scènes appartiennent au domaine funéraire. Le roi y est très souvent accompagné de son ka car nous sommes ici dans le domaine souterrain de l’Akh-ménou, celui dans lequel le ka accompagne l’âme du défunt. Ce lieu est aussi un sanctuaire royal «sanctuaire du faucon de calcaire », abritant la statue de culte du faucon Horus symbolisant le pharaon.
SX4 L’Antichambre du sanctuaire d'Alexandre. Sur la partie restante du mur Ouest., le roi fait une offrande à l’Ennéade avant d'entrer dans le sanctuaire(SX5),.
SX5 La porte d’entrée du sanctuaire a été refaite par Alexandre, il y a fait graver ses titulatures. Sur le linteau : le roi coiffé de la couronne blanche est suivi de son ka et d'un génie du Nil portant les offrandes. Il reçoit d’Anubis la bandelette et le vase d'onguents. Par la suite le roi est accueilli par Hathor. Sur les montants de la porte Alexandre a fait regravé les titulatures de Thoutmosis III. Au-dessus du linteau, Alexandre offre les vases de purification à huit divinités momiformes assises. Leurs noms ne sont pas gravés , mais un texte précise qu'il s'agit de « la grande Ennéade de Karnak. Le sanctuaire axial qui le jouxte au nord est quant à lui, consacré uniquement au dieu Amon sous sa forme ithyphallique.
Salles du culte royal Salles SF1 SF2 SF3
Cet ensemble de 3 salles est situé au nord-est du temple est dédié au culte royal. Il est constitué d'une antichambre et de 2 petites chapelles. On y voit les titulatures du roi représenté sur le montant d’une porte de la chapelle Nord Est.
SF1 Des scènes fragmentaires se trouvent sur la paroi Sud. A droite, le roi court vers un dieu dans une course rituelle. A gauche, il consacre des offrandes. Situé sud de la porte une table d’offrandes au nom de Thoutmosis III, se trouvait auparavant au nord de cette salle.
SF3 Cette salle est dédiée au culte royal. Thot et un prêtre Iounmoutef présentent au roi des l’offrandes posées sur une grande table.
Sanctuaire Axial SX1 SX2 SX3
Il est consacré uniquement au dieu Amon sous sa forme ithyphallique. Il ne comporte que des scènes faisant intervenir Amon-Rê ithyphallique. Sur la paroi Nord, réduite à une partie du registre inférieur des scènes subsistent. Dans la paroi Nord s’ouvre une baie, à 0 m. 85 au-dessus du sol, sorte de porte faisant communiquer le sanctuaire axial avec les salles du « jardin botanique ». Un escabeau amovible permettait aux prêtres de descendre dans cette dernière salle dont on voit les colonnes à l'arrière-plan.
Le jardin botanique
La salle comportait sur son axe transversal une rangée de quatre colonnes papyriformes fasciculées, alignées d'Est en Ouest, afin de soutenir la toiture (la plus élevé de l'Akh-ménou) L’espace entre deux entrecolonnements latéraux était obstrué par deux grands sphinx en granit de Thoutmosis III. Ils se trouvent aujourd'hui à l'entrée du Musée égyptien du Caire.
Thoutmosis III, ramena de ses campagnes militaires des essences rares, des animaux et des plantes luxuriantes. Leurs représentations sont gravées sur ces murs. Ces représentations de la faune et surtout de la flore sont exécutées avec un remarquable souci du détail. Elles vantent la luxuriance de la flore et la richesse de la faune que Thoutmosis III a découvert lors de ses campagnes victorieuses contre les Asiatiques et en particulier dans Le Rétjénou (région englobant la Syrie et la Palestine).
Le jardin botanique était l'antichambre du sanctuaire secret de l'Akh-ménou par laquelle on pénétrait depuis le sanctuaire axial par une porte dérobée située à une hauteur de un mètre environ. L’axe central de l’'antichambre (le jardin botanique) donnait accès au sanctuaire, d'Amon-Ré, la partie la plus sacrée de l’Akh ménou où était conservée sa statue cultuelle accompagnée, dans deux séries de niches latérales, des effigies de quelques hôtes divins
Diaporama Jardin botanique
Plus rien ne subsiste de la prestigieuse construction qui abritait le dieu Amon. Dans ce qui est aujourd'hui une cour, se trouvait le "Saint des Saints" et le naos, qui abritait l'effigie divine qui servait de support terrestre à l'énergie créatrice de vie qu'Amon déléguait à son peuple. Le jardin botanique était l'antichambre du sanctuaire secret de l'Akh-ménou par laquelle on pénétrait depuis le sanctuaire axial par une porte dérobée située à une hauteur de un mètre environ.
L’axe central de l’'antichambre (le jardin botanique) donnait accès au sanctuaire, d'Amon-Ré, la partie la plus sacrée de l’Akh ménou où était conservée sa statue cultuelle accompagnée, dans deux séries de niches latérales, des effigies de quelques hôtes divins. À l'intérieur se trouvait une triade de quartzite de Thoutmosis III avec les dieux Amon et Mut. Huit niches bordaient les murs du sanctuaire; chacun détenait à l'origine une statue appartenant peut être à celle de l'Ennéade Thébaine. A l'arrière se trouvait le saint des saints : Le naos. C'est là que se déroulait l'initiation des prêtres supérieurs d'Amon et des substituts du roi dans leur prérogative d'approcher physiquement l'idole divine, incarnation du dieu sur terre. Elle était pratiquée dans le Saint des Saints, la zone la plus sacrée du temple, qui est un lieu normalement inaccessible, où il est possible d'entrer en contact avec la divinité par la contemplation de sa statue. Sanctuaire central
Le Nord Est
Chapelle S8
On peut y voir de nos jours la Triade de Thoumosis III restaurée où le roi était encadré par Amon et Mout.
Son entrée est bordée de deux statues . Sa Façade ouest
Chapelle axiale S9
C'est dans cette chapelle que la triade a été retrouvée en plusieurs fragments. Le socle de la statue était en place cette salle, mais trop imposant pour etre déplacé. En 1899, le torse du roi a été découvert dans « une chambre ruinée au-delà de l’angle nord-est du temple et envoyé au musée du Caire .En 1929 il a été renvoyé à Karnak pour rassembler et restaurer la triade.
Derrière les Chapelles , il existe un long vestibule dont seul le mur Nord est préservé en partie. Quelques scènes:
Thoutmosis III encense une statue d'Amon-Rê ithyphallique.
Thoutmosis III encense et verse une libation devant une grande quantité d’offrandes qu'il présente à Amon-Rê. Celui assis sur son trône tient dans ses mains un spectre et une croix de vie. On remarquera en haut de la scène un porteur de cierges et en bas deux génies du Nil.
Défilé de porteurs d'offrandes. Trois chanteuses et trois chanteurs suivis de trois prêtres Ouab ouvrent le cortège. Ils sont par un prêtre portant une statue du roi. Viennent ensuite les porteurs d'offrandes.
La Salle Solaire
Elle est le théâtre des derniers rites de la fête Sed. On y accède par un escalier qui a son départ près de l’angle nord-est de la Salle des fêtes. Cette salle haute accueille la cérémonie au cours de laquelle le roi s’unit à son divin père Rê par le rite de «toucher le soleil ». Ainsi s’opère-le renouvellement du roi au cours duquel il se fond avec l’Origine de la fonction royale et renaît avec l’aspect solaire d’un Amon. Les vestiges d’un autel se trouvent au centre de la salle solaire. De type héliopolitain , il a sa face nord complètement détruite, les autres faces présentent une décoration de frise de Nils portant des offrandes. La face horizontale présente une inscription avec une restauration du nom d’Amon.
Bibliographie
Julie Masquelier-Loorius Université Paris-Sorbonne
Magali Palau Université de Montréal :Les cultes royaux dans le domaine d’Amon-Rê à Karnak
SITH http://sith.huma-num.fr/karnak/2134#EC1_SF8+-+Chapelle+nord-ouest