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La fête de la parfaite union

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 La barque d'Horus

La fête du mariage sacré d'Horus d'Edfou et de Hathor de Dendérah, dite de «la parfaite union», donnait lieu à de grandes réjouissances. Au terme d'un voyage en barque, Hathor venait passer deux semaines de festivités avec son divin époux, offrant ainsi une période de vacances aux paysans. Horus et Hathor se rendaient dans le désert, à l'endroit où reposaient les dieux « morts » à l'origine de la création ils les ramenaient à la vie, le temps de la fête, obtenant d'eux la joie dans le cœur des hommes et la prospérité des cultures.La fête de la Réunion est la fête type populaire à pèlerinage, qui se déroulait aussi bien au dedans qu'en dehors du temple.. Les prêtres lettrés d'Edfou ont attendu ler règne de Ptolémée Aulète (80-51) pour la faire « éterniser » sur la pierre, en un vaste ensemble cette fête.

C’est à cette époque, que fut achevé plus grande des quatre portes donnant sur la cour du temple. C'est par là que la déesse de Dendérah entrait dans le palais d'Horus d'Edfou. C'est en face de cette porte, sur tout le soubassement du double pylône, qu'ils ont fait  graver des scènes et des textes expliquant comment cette fête se déroulait. Comme ce lieu était ouvert à la foule elle commentée, selon son aspect extérieur et pittoresque. Il n’y a pas de place pour la théologie, Les rites accomplis. Par contre tout ce qui montrait l'éclat de la fête, le renom du sanctuaire d'Edfou et son clergé, fut mis au premier plan.

La fête commençait quatre jours avant la nouvelle lune du mois d'Epiphi, à Dendérah. A l'embarcadère du temple d'Hathor, une statue de la déesse était amenée en grande pompe jusqu'à sa barque fluviale sacrée. Des prêtres s'embarquaient avec la statue pour accompagner sa sainte image et la servir, pendant tout son séjour loin de son temple. Un administrateur du culte était chargé de  collecter les offrandes et surveiller les prestations que les bourgs, les villes, devaient fournir à la maîtresse de Dendérah, lors de son passage.

 

Une flottille de barques encadrait celle d'Hathor. En avant les voiles hissées, des felouques remontaient le cours du Nil en remorquant la barque divine. En arrière suivaient les embarcations chargées des pèlerins. On faisait escale à Karnak. La statue divine était mise à terre, et se rendait visite, en procession, à la déesse Moût dans son temple.  Partout où s’arrêtait  la barque divine, des pèlerins se joignaient au cortège remontant le fleuve. On arrivait à Edfou la veille du premier jour de la fête.

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Ce même jour précédant la nouvelle lune, une image d'Ноrus s'embarquait au grand temple de Behedet, descendait le canal du temple, longeait la rive du Nil vers l'aval. Le cortège venait attendre la déesse Hathor au temple d'Etbo, le plus ancien site habité d’Edfou, un peu au nord de la ville moderne. Les pèlerins d'Assouan et d'Éléphantine se joignaient à cette flottille.

 

Le cortège d'Horus et celui d'Hathor se rencontraient là : c'était la Réunion. Cette réunion donnait son nom aux quinze jours de la fête. Dans le temple du « Siège de Râ » à Etbo, on la marquait d'un premier sacrifice. Au matin du jour de la nouvelle lune, les deux idoles, désormais inséparables pour toute la durée des fêtes, s'embarquaient à la tête du canal d'Etbo. La cérémonie était celle d'une fête royale et paysanne à la foi : offrande des prémices des champs, observation des présages. On hissait les voiles pour remonter le fleuve. On s'arrêtait un moment à la « butte de Geb », au bord du Nil. On y célébrait en plein air une « Ouverture de la bouche » selon le rite osirien, et des offrandes.

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Puis c'était la remontée du canal vers le grand temple,  le débarquement majestueux que montrent les bas-reliefs d'Edfou. Un service d'accueil se déroulait devant les deux statues, et celles des divinités secondaires. Les soldats de la garde du temple y défilaient, armés du glaive et de l'arc. Le « délégué du roi » présidait. Chanteuses et musiciennes étaient au premier rang des auxiliaires du culte.

Le cortège des prêtres porteurs d'images se formait alors. Il suivait l'allée, probablement bordée, à droite et à gauche par les faucons monumentaux d'Horus, qui joignait la chapelle du débarcadère à la « porte d'Hathor ». Danseurs et danseuses, chanteurs et chanteuses s'accompagnant au tambourin, joueurs et joueuses d'instruments de musique marchaient en tête, tels que la porte d'entrée de la déesse conserve encore leur souvenir. Les tabernacles des deux grandes divinités étaient dans les pavillons de leurs barques-litières, dont les barres pesaient aux épaules de leurs porteurs.

Les officiants purifiaient par l'eau et l'encens le chemin du dieu. On amenait les grandes litières dans le « sanctuaire des barques », qui attendait, portail ouvert, ses hôtes divins. L'ennéade prenait place au pied de leur trône. Un grand service d'offrandes était célébré devant le naos d'Horus-Râ. Le soir, la foule des pèlerins recevait des distributions de vivres, et partageait l'hospitalité des habitants d'Edfou.

Le lendemain était dit «Premier jour de la fête de Behedet »: On commençait la journée sainte par un grand service d'offrandes au sanctuaire, devant les barques-litières. Puis la procession s'organisait comme celle de la veille. Elle sortait du temple, quittait le domaine sacré de Behedet, et s'engageait vers l'ouest à travers la campagne, en grand concours de peuple. Les sorties des idoles au mois d'Epiphi semblent avoir été les plus longues de toutes celles de l'année, à Edfou.

C'était la saison sèche. Les récoltes étaient moissonnées depuis deux mois déjà, dans toute la Haute-Egypte. L'eau du fleuve était basse, et les canaux d'irrigation desséchés. Rien ne faisait obstacle au lent trajet de la foule, à travers toute la plaine agricole qui va du temple jusqu'aux premières pentes du désert occidental.

Une fois la procession arrivée au domaine sacré d'Horus (1) « le domaine divin d'en haut », on consacrait dans son enclos une offrande selon les rites osiriens, aux corps et aux âmes des divinités d'Edfou en leur forme de l'autre monde. Les litières divines, à ce moment, étaient déposées « par terre », sur le sol même du désert. La foule des fidèles se partageait ensuite un repas de sacrifice. (1) la nécropole occidentale d'Edfou, dont les tombes furent creusées à flanc de rocher, depuis la fin de l'Ancien-Empire.

Puis on se rendait à la cour des fêtes-Sed annexée au tombeau du dieu, On célébrait alors la fête-Sed annuelle d'Horus-Râ d'Edfou.

 

Second jour de la fête

On retournait en procession jusqu'à l'enceinte du tombeau d'Osiris. On s'arrêtait « par terre » au centre des quatre tertres sacrés qui s'y trouvaient. Le cérémonial du repas d'offrandes aux divinités funéraires se répétait, semblable à celui de la veille. Après un temps de repos, on partait vers l’enceinte  d’ankh- taouy « les portails du dieu d'Edfou ».C’était une cour des fêtes-Sed entourée d'un mur à saillies et redans, imitant une série de portails du palais royal archaïque.  On exécutait le même service que la veille, accompagné de cantiques que la foule chantait aussi. Une fois l'office de l’offrande de Râ en tous ses noms terminé, une procession se formait, clergé et peuple réunis traversaient la campagne en sens inverse au bruit des acclamations, parmi les chants et les danses.

Après deux jours passés à la « montagne », ils ramenaient Horus et Hathor en leur temple d'Edfou. C'est là seulement qu'au soir on achevait la journée liturgique, d'abord au sanctuaire où un dernier sacrifice alimentaire était présenté, et ensuite à

L’enceinte de la «maison de vie  Les pèlerins partageaient entre eux leur part du repas d'offrandes, et passaient cette nuit-là à Edfou, autour du grand temple.

 

Les troisième et quatrième journées de la fête reproduisaient exactement l'ensemble des deux premières. Après une nuit passée de nouveau en plein air aux « quatre tertres » de la montagne, on rentrait à Edfou. A partir du cinquième jour jusqu'au treizième, la procession part chaque matin du temple d'Edfou, va célébrer sa journée de culte aux mêmes lieux ď en-haut, mais rentre chaque soir au temple.

 

Le quatorzième jour de la fête de Behedet est aussi le quinzième du mois lunaire. La nuit de la pleine lune vient de s'achever. La déesse de Dendérah va prendre le chemin du retour. En grande pompe comme à l'aller, les deux images d'Horus et d'Hathor, suivies de celles des divinités secondaires, s'embarquent à Behedet pour se rendre à Etbo, après un sacrifice d'adieu à la chapelle de l'embarcadère. Le cortège fluvial débouche dans le courant du Nil. Il navigue vers l'aval, mâts repliés, à force de rames. Les hommes d'équipage ont encore au front le bandeau de fête. Les cris joyeux qu'ils échangent avec les barreurs ou les sondeurs de proue sont gravés sur la pierre du pylône ouest du temple.

 

On débarque devant le lieu saint du vieux bourg d'Etbo. Ce fut le lieu de la réunion, et c'est maintenant l'endroit où les deux idoles se séparent. Un dernier sacrifice couronne la fête, avec « ouverture de la bouche », et rites du triomphe des fêtes-Sed. Huit prêtres purs scandent l'acclamation du «henou »quatre fois de suite.

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Le retour vers le temple de Dendérah,

Vient un dernier hymne encore, que chantent en chœur les hommes d'équipage et la foule. Et c'est la dernière entrée en oeil barque, d'Horus d'abord, qui part avec son cortège vers sa demeure de Behedet, puis d'Hathor et de sa suite divine, dont les nefs quittent pour un an le lieu de la fête. Les pèlerins suivent, à pleines felouques, les uns descendant le Nil, les autres le remontant. Horus et Hathor, roi et reine de l'Egypte, ont pour un an rajeuni leur puissance sur la terre des hommes.

 

BIBLIOGRAPHIE

COPPENS FILIP    Temple Festivals of the Ptolemaic and Roman Periods 2009,