Tombe de Khnoumhotep II
Khnoumhotep II et les siens
Un texte biographique de 222 colonnes retrace sa généalogie de manière détaillée et évoque sa carrière. Les informations données par ce texte, sont complétées par des scènes montrant les membres de sa famille et indiquant leurs titres.
Les Ancêtres : Khnoumhotep II a pour ancêtre un certain Neter Nakht, « chef du désert oriental » inhumé dans la tombe BH23. Son grand-père maternel Khnoumhotep Ier inhumé dans la tombe BH14 fut nommé gouverneur du nome de l’Oryx et chef du désert oriental dans Menât Khoufou par le pharaon Amenemhat Ier. Son oncle Nakht, fils de Khnoumhotep Ier, occupa à son tour toutes ces fonctions. Baket, la fille de Khnoumhotep Ier épousa Neheri, dont elle conçut Khnoumhotep II.
Sa famille : En l’an 19 de son règne, Amenemhat II attribua à Khnoumhotep II une partie de l’héritage de son grand-père en lui confiant la charge de chef du désert oriental. Il remplit cette fonction jusqu’en l’an 6 du règne Sésostris II, date de la visite de la caravane de Bédouins Aamou figurée dans sa tombe. Khnoumhotep II eut deux épouses Khéty et Tchat. Sa première épouse Khéty, fille du gouverneur du nome du Chien, et prêtresse d’Hathor, lui donna quatre fils : Nakht, qui devint gouverneur du nome du Chien, Khnoumhotep III qui fit carrière à la cour de Sésostris II, Neheri et Neter Nakht. Et trois filles Baqet, Tenent et Mérès, prêtresses des déesses Hathor et Pakhet. Sa seconde épouse, Tchat, porta le titre de « chancelière et responsable de tous les biens précieux ». Elle eut une fille et deux garçons.
Khnoumhotep II fut nommé gouverneur de la ville de Menât-Khoufou (l’actuelle Minyeh) en l’an 19 du règne d’Amenemhat II. Il fut par la suite nomarque du nome de l’Oryx (le seizième nome).
Elle se trouve à l’extrémité nord de la nécropole des nomarques. Son plan marque le terme d’une évolution amorcée à la fin de la XIe dynastie. À partir de la vallée, on y accède par une allée qui gravit le flanc du gébel, elle débouche sur sa cour extérieure aux côtés taillés dans la roche et dont le fond est constitué par un portique. Au-dessus du portique, un retour en saillie est décoré de mutules, éléments de décor raffinés imitant l’extrémité des poutres de bois des toitures des maisons. La tombe (du type 3) est précédée par un vestibule voûté, supporté par deux colonnes à seize pans. Ces colonnes, alignées sur l’axe ouest-est sont reliées par des architraves qui sont perpendiculaires à la façade. Elles divisent la salle en trois nefs perpendiculaires à la façade et produisent un effet fort réussi de profondeur prolongé par la niche qui s’ouvre au centre du mur Est. La niche est réservée au culte du mort, elle abritait à l’origine la statue du Ka du défunt. Dans la salle, le plafond voûté est décoré de motifs géométriques.
Dans le sol bien égalisé s’ouvrent quatre puits : trois perpendiculaires à la paroi sud, et un devant la niche de 66 cm de profondeur. Le puits principal, près de l’angle sud-ouest, s’enfonce de 6, 60 m à la verticale, ensuite sur 2, 79 m, des marches grossièrement taillées débouchent sur le caveau inachevé qui se compose d’un couloir qui comporte trois niches. Les archéologues ont exhumé du puits et de la salle funéraire un fragment de colonne, une table d’offrandes grossière, de la céramique, quelques éléments de bijoux, trois crânes et de nombreux fragments de sarcophages de bois peint.
Décoration
Le décor est formé surtout de peintures. L’usage du relief est très limité. Il est réservé aux inscriptions sur les encadrements de porte et à l’autobiographie de Khnoumhotep II qui occupe le soubassement de la salle principale de sa tombe qui a été peint en rose moucheté de façon à imiter le granite.
Dans le vestibule, les montants, le linteau et l’embrasure de la porte d’entrée seuls sont ornés de formules d’offrandes en faveur de Khnoumhotep II. Dans la salle principale, les peintures s’inspirent en partie du décor des tombes antérieures de la nécropole de Béni Hassan, Le décor, réparti par grands thèmes sur les quatre parois, s’intègre parfaitement à l’architecture. Le pourtour la salle principale est borné par une délicate frise de Khakérous qui surmonte une bande de rectangles multicolores se prolongeant sur les côtés. Deux bandes ocre rouge et ocre jaune, soulignées par un filet noir, séparent les scènes des colonnes de hiéroglyphes de l’autobiographie ornant le soubassement. Les signes sculptés en relief dans le creux puis peints en vert turquoise se détachent sur un fond rose moucheté qui imite le granite
Paroi nord
Registre 1. Stockage des ressources de Khnoumhotep dans ses réserves et greniers, comme souvent, les scribes rédigent les comptes et les rapports, Ils siègent dans des bureaux ou en plein air selon les cas. Registre 2. Scène de moisson les épis sont stockés dans des paniers et transportés à dos d’âne sur l'aire de battage. Registre 3. Scènes de labourage
Registre 4. Pèlerinage allé à Abydos
Il représente le voyage à Abydos censée abriter le tombeau d'Osiris en remontant le Nil vers le Sud. Dans le premier bateau, la momie de Khnoumhotep repose sur un lit lion sous un léger édifice. Khnoumhotep est entouré de sa famille et veillé par un prêtre Sem. Le bateau de Khnoumhotep est tracté par un second bateau. Comme le vent dans la vallée du Nil souffle toujours vers le Sud, il utilise sa voile. À l'arrière se tient le barreur et à l'avant le pilote qui repère les hauts fonds à l’aide d’une longue canne
Registre 5. Scènes de cueillettes de figues, de fruit dans les vergers, vignoble et scène de jardin Registre 6 Bœufs traversant un ruisseau et scènes de pêche
Paroi Sud
Les scènes sont organisées en cinq rangées de hauteur inégale. La paroi est occupé par les artisans et les artistes au travail dont des tisserands, des menuisiers et fabricants de bateaux bois, par Khnoumhotep II véhiculé en chaise à porteurs. On y voit également Le retour du pèlerinage à Abydos.
Registre 1. Charpentiers Registre 2. Constructeurs de bateaux .Registre 3. . Pèlerinage retour à Abydos la famille et les proches de Khnoumhotep retournent à Beni Hassan, le bateau tracteur n’a pas besoin de voile grâce au courant du Nil. Registre 4. Tisserands, Boulangers. Registre 5. Sculpteurs
Scène 2. Elle montre Khnoumhotep II armé d'arc et de flèches. Il est accompagné de ses fils, de ses serviteurs et de ses chiens à la recherche d'animaux sauvages dans le désert. À la fin du deuxième registre se trouve un scribe qui tient à la main un rouleau de papyrus sur lequel est inscrite la liste des animaux tués.
Il est dominé par une grande représentation de Khnoumhotep II, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, chassant dans le désert avec un arc. C’est la première fois à Béni Hassan que le propriétaire de la tombe participe activement à la chasse dans le désert. Dans cette scène figure un animal fantastique, un léopard à tête de serpent d’où émerge une tête humaine encadrée par des ailes. Cette étrange créature figure sur les ivoires magiques où elle joue le rôle de génie protecteur repoussant scorpions et serpents, hôtes des étendues arides.Au-dessous s’étendent une scène de chasse aux oiseaux avec un filet et des scènes d’élevage de divers animaux.
À l’autre extrémité de la paroi, Khnoumhotep II debout, de taille magistrale, reçoit la célèbre caravane des Aamou conduite par Ibcha,
le chef des bédouins. Les Aamou, au nombre de trente-sept, apportent du khôl. Une inscription, situe cet évènement en l’an 6 de Sésostris II . Les Bédouins, aux robes multicolores ornées de divers motifs, sont bien caractérisés, comme en témoignent les barbes à pointe, l’épaisse chevelure et les lourdes sandales des hommes ainsi que les chaussures montantes et les cheveux ceints d’un bandeau des femmes. Appelés Aamou dans les inscriptions hiéroglyphiques, ils étaient réputés pour traverser régulièrement le Sinaï de Canaan pour se rendre en Égypte, mais ils se rendaient rarement dans le Sud. L'inclusion de cette visite dans la décoration de sa tombe suggère que Khnoumhotep II a considéré qu'il s'agissait d'un événement marquant durant son règne.
Registre 4
Il montre un groupe d'officiers Khnoumhotep derrière lesquels se trouvent des serviteurs menant du bétail et conduisant des oiseaux domestiqués. Au début du registre des hommes pêchent avec des filets mousquetons.
L’élevage des animaux et le défilé des troupeaux de bétail et d’oiseaux composent les deux registres du bas. On retrouve les bêtes montrées ici parmi les offrandes funéraires du mur sud. Registre 5 : Derrière un groupe d'officiers de Khnoumhotep, des taureaux se battent, plus loin des serviteurs engraissent du bétail et des oies. Registre 6. Il montre des scribes enregistrant des comptes et des hommes conduisant des bovins et des ânes.
Mur Est
Il est divisé en trois parties par la porte qui est ornée de formules d’offrandes inscrites en vert turquoise sur un fond imitant le granite. Sur les côtés sud et nord se trouvent deux scènes symétriques se déroulant dans les fourrés de papyrus.
Paroi Sud : Immédiatement sous la frise se trouve une inscription peinte décrivant Khnoumhotep comme « un excellent pêcheur, aimant la déesse de la chasse et riche chez les oiseaux sauvages », Dessous, une scène représente Khnoumhotep à la pêche. Il se tient debout dans un canoë, est accompagné de son fils aîné et d'un accompagnateur, et tient dans ses mains un bident, avec lequel il harponne du poisson. Le Texte de neuf colonnes d’hiéroglyphes au-dessus de lui, décrit la scène. Dans l’eau sous le bateau se trouvent plusieurs variétés de poissons, un crocodile et un hippopotame. Le dernier registre du bas montre un groupe d'hommes en canoës sur l'eau.
Au Centre : Au-dessus de la porte, Khnoumhotep, assis, accompagné de ses fils, attrape des oiseaux au filet. La chasse des oiseaux au filet, au bâton de jet, la pêche au harpon dans les fourrés de papyrus comme la chasse à l’arc dans le désert, ne sont pas des activités alimentaires visant à approvisionner le défunt dans l’au-delà, mais revêtent une signification religieuse. Elles symbolisent le combat contre les ennemis et les forces susceptibles de menacer la vie éternelle du défunt et sa victoire.
Paroi Nord : Immédiatement sous la frise se trouve une inscription indiquant les titres et le nom de Khnoumhotep. Debout dans un canoë, il est accompagné de son épouse, de son fils, de son sahutet et d’un préposé, il tient son la main droite un bâton, et dans sa gauche trois oiseaux. Dans l’eau sous le bateau sont figurés plusieurs variétés de poisson, un crocodile et un hippopotame. La scène en dessous montre un groupe d'hommes pêchant au filet, sous la direction du "surintendant des pêcheurs", Mentouhotep
La porte au centre du mur s’ouvre sur la niche, vouée au culte de Khnoumhotep II. Sur les parois Nord et Sud, les enfants du dignitaire présentent le repas funéraire à sa statue. Ils dominent la frise du soubassement qui reproduit des fausses-portes.
Mur Sud
Il est entièrement consacré au culte funéraire. Khnoumhotep II assis devant un amoncellement de victuailles et une table portant des pains fait face à plusieurs registres de porteurs d’offrandes. Au registre inférieur, des bœufs sont sacrifiés en son honneur. Le défunt bénéficie aussi du culte rendu par son fils aîné, Nakht, et par des prêtres. Son épouse Khéty, assise en face de lui de l’autre côté de la paroi, profite des mêmes avantages.
Il est entièrement consacré au culte funéraire. Khnoumhotep assis devant un amoncellement de victuailles et une table portant des pains, fait face à plusieurs registres de porteurs d’offrandes La scène, disposée sur cinq rangées de hauteurs inégales, montre des prêtres, sa famille, des officiers, des serviteurs apportant des offrandes. Au-dessus de Khnoumhotep se trouvent cinq lignes verticales de hiéroglyphes, donnant la liste des offrandes présentées (cinquante-trois au total). Dans le dernier registre, des officiers et des serviteurs abattent des bœufs.
Les artistes qui ont orné la tombe de Khnoumhotep II et immortalisé le nom du chef du désert oriental sont les derniers héritiers d’une tradition locale qui s’est perpétuée pendant cent vingt ans. En pleine maturité, ils combinent un sens aigu de la composition et un remarquable don d’observation, des animaux notamment, avec une grande sûreté de trait et une palette à base de couleurs vives qu’ils mêlent avec bonheur.
Bibliographie
Naguib Kanawati INNOVATIONS IN THE TOMB OF KHNUM-HOTEP II AT BENI HASSAN
Susan Cohen Beni Hasan Tomb Painting
Florence Maruéjol LA NÉCROPOLE DES CHEFS DU NOME DE L’ORYX
Afrique & Orient LA TOMBE DE KHNOUMHOTEP II À BÉNI HASSAN octobre 2003, p. 3-12
PERCY E. NEWBERRY ARCHEOLOGICAL SURVEY OF EGYPT TOME 1