TOMBE DE ROY TT 255
La tombe est orientée au sud-est et creusée dans le rocher. Elle est composée d'une seule chambre de 1,85 x 4,00 m, qui est la chapelle, et dans laquelle se trouve un puits, bordé d'un petit parapet, permettant d'atteindre le caveau. Il faut noter qu'ici, c'est la chapelle qui est décorée, contrairement à Deir el-Médineh où ce sont les caveaux. Au fond, se trouve une petite niche décorée, qui a beaucoup souffert.
LES PERSONNAGES :
Roy était scribe royal et majordome du temple d'Horemheb et d'Amon. Il aurait vécu au début de la XIXème dynastie, ce que confirme la décoration, notamment la frise avec une alternance de visages d'Hathor, de Khakérou et d'Anubis, classique sous les Ramessides. Sa femme Nebet-Taouy et porte le titre de Chanteuse d'Amon. D'autres personnages sont présents dans la tombe, leurs noms, et leur fonction ne sont pas connus. On suppose que ce sont des serviteurs ou peut être des membres de la famille de Roy.
DESCRIPTION
MUR EST
Seule la paroi Sud est décorée de 4 petites scènes inachevées et abîmées, elles représentent des activités quotidiennes et agricoles. De bas en haut :
Les 3 premiers registres
Premier registre . — Un intendant en longue robe blanche, appuyé sur une haute canne, surveille toute la scène. Un serviteur, représenté à bien plus petite échelle, parle et gesticule, la main droite levée vers lui. Deuxième registre. — Un laboureur conduit sa charrue attelée d’une génisse brune et d’une blanche; une semeuse le suit. A l’arrière-plan, un jeune garçon accroupi sous un arbre, tend la main vers les premières branches, sans doute pour y prendre des fruits . Troisième registre. — C’est une scène très rare de deux charrues qui se croisent. A gauche, un laboureur guide une charrue traînée par une génisse grise , il est suivi d’une jeune enfant. A l'arrière plant partant de la droite, un deuxième laboureur conduit une deuxième charrue traînée par une génisse blanche et brune . Au-dessus du groupe, une outre et un sac à provisions sont suspendus à un arbre. Quatrième registre. — l'arrachage du lin. Un serviteur s’adresse à Roy surdimensionné.
MUR SUD
Il comporte deux registres et une frise. Le soubassement est constitué de deux bandes jaune et rouge. Les personnages se dirigent vers la niche de la tombe (l’Ouest domaine du monde inférieur).
La Frise
Elle occupe toute la longueur du mur Sud, ce qui n’est le cas sur le mur Nord.Elle comporte en alternance: l'image d’Anubis, un emblème hathorique, un faisceau de deux Khakérou, séparés par deux colonnes de texte. Anubis gardien de l'horizon Ouest, est couché sur un socle et paré de l'écharpe rayée et du fouet d'or du berger. Les deux colonnes de texte nous renseignent sur les titres et fonctions de Roy et de son épouse. L’emblème hathorique repose sur une corbeille verte, il est coiffé d'un mortier rouge et repose sur une corbeille verte ou laissée en blanc-bleuté.
Registre médian
Il représente les scènes d’adoration aux divinités funéraires, le jugement des âmes, et la présentation des morts à Osiris. En suivant le même ordre de gauche à droite (de la porte au fond de la chapelle), nous trouvons : Le directeur de grenier royal Aménémopé et sa femme Tai derrière une table d’offrandes, adorent un naos dont la porte ouverte laisse voir deux divinités représentées dans deux sous-registres.
Dans le naos du haut, se tient le dieu Nefertoum, dont la tête est surmontée par une fleur de lotus ouverte. (C’est d’un lotus que le soleil émerge le matin). Dans le naos du bas, sa contrepartie féminine se tient la déesse Maât. Tous deux sont assis sur un trône cubique. Devant eux, posé sur une natte de papyrus se trouve une aiguière en or surmontée d’une fleur de lotus. Ils tiennent en main un le sceptre Ouser.
Plus loin on retrouve la même scène avec Roy et sa femme qui adorent Hathor et Horus. Les attitudes sont identiques par contre la table d'offrande est plus richement garnie. Dans le naos du haut, se tient Ra-Horakhty dont la tête est surmontée du disque solaire. En bas, nous trouvons Hathor portant sur la tête une paire de cornes de vaches enserrant un disque solaire.
Le couple est ensuite amené par Horus dans la salle de la vérité (ou des deux Maât) ou aura lieu la pesée du cœur. Celle-ci ici à un aspect inhabituel puisque ce sont deux cœurs qui sont pesés en contrepartie de deux Maât. Le déroulement de cette cérémonie est expliquée en détail dans le papyrus d’Ani planche 4, voir ici .
Roy et Nebet-Taouy, la main droite à l’épaule gauche, à demi inclinés, leur cœur justifié suspendu à leur cou comme une amulette précieuse, sont présentés par Horus fils d’Isis à Osiris siégeant dans un grand naos richement décoré ; le toit est formé par une frise de cobras dressés, destinés à protéger Osiris. Devant lui, séparés de lui par une table d’offrande, les quatre enfants d’Horus émergent d’un bouquet de lotus ; ils sont les gardiens des vases canopes renfermant les viscères du défunt. Les deux déesses derrière Osiris ne sont pas identifiées, mais la place qu’elles occupent les désigne comme Isis et Nephthys.
Registre inférieur
Les funérailles
Il décrit les funérailles dans le monde terrestre, le cortège se déroule du Sud-Est au Nord-Ouest dans l’ordre suivant :
Quatre invités en costume d’apparat, tiennent une canne dans la main gauche indiquant leur position de notables, leurs mains droites placées soit devant la bouche ou sous la mâchoire, montrent leurs chagrins. Devant eux, un coffre est transporté par des prêtres au crâne rasé, il est surmonté d’une statue d’Anubis. Il contient les quatre vases canopes contenant les viscères de Roy. En dessous une pleureuse agenouillée porte la main droite à son front; c’est la servante de Roy, Sekhmet-Hotep. Puis, suivent huit pleureuses professionnelles.
Le catafalque posé sur une barque décorée de piliers Djed et de nœuds d’Isis, est flanqué de deux énormes bouquets. Le sarcophage repose sur un lit funéraire. A l'avant et à l'arrière du catafalque les deux déesses Isis et Nephthys veillent sur le défunt. À l'avant de la barque, un prêtre-Sem, reconnaissable à sa peau de panthère, accomplit une fumigation d'encens et une libation d'eau. (Généralement la fonction du prêtre est tenue par un fils du défunt). Derrière le traîneau, la femme de Roy inclinée et un pleureur, tous deux la main droite au front complètent la scène.
Un bouvier, le bâton levé conduit un attelage de bœuf qui remorque le traîneau sur lequel repose la barque. Un officiant porte une situle de lait pour faciliter le glissement du traîneau. Le prêtre maître des cérémonies, la tête rasée ceinte d’une bandelette, la main droite au crâne, la gauche levée devant lui, précède tout le groupe.
La famille vient d’arriver devant la tombe (six femmes, qualifiées de sœurs), une main au front, la première à droite se détachant légèrement des autres. Suivent huit hommes, les deux premiers sont un peu en avant des six autres, tous ont la main levée supportant la mâchoire ou voilant le visage. L’un deux (peut être le parent le plus âgé) est coiffé d'une perruque grise.
Viennent ensuite des officiants, malheureusement très mutilés; l’encens et l’eau sont offerts par les assistants du prête Sem qui procède à la cérémonie de l’ouverture de la bouche; une table d’offrandes devant eux les sépare de l’acte final de la cérémonie. La momie est soutenue par le prêtre jouant le rôle d’Anubis et embrassée par Taouy, la femme de Roy. Un grand gorgerin (assemblage de disques de métal) est représenté autour du cou du défunt. On l'a doté de la fausse barbe à bout incurvé des morts bienheureux. Sur sa perruque bleu foncée, on a disposé un cône d'onguent .Une fleur de lotus, symbole de renaissance, est également représenté. Une stèle se dresse devant l'entrée du tombeau qui s’accroche à une montagne sablonneuse, représentant la nécropole. Il est surmonté de son pyramidion encadré de deux yeux Oudjat, symbolisant son corps reconstitué.
MUR OUEST
Très détérioré il comporte un grand nombre d’espace vides, ne laissant subsister que quelques fragments du relief originellement peint autour d'une niche contenant une stèle. Grâce aux relevés effectués au 19ème siècle, on a pu reconstituer l'organisation générale.Les thèmes de la paroi sont des scènes d’adoration présidées par des rois divinisés. La niche réservée dans cette paroi abrite une stèle de grès encore en place, complètement couverte d’hiéroglyphes, mais dont les représentations ont été mutilées. L’entourage se divise en trois registres.
Registre supérieur
Il comportait deux scènes d'adoration symétriques, séparées par une fleur symbolique unissant le lys et le papyrus, dont la tige était soutenue par un signe ankh et un signe ouser munis de bras. A gauche, Horemheb et son épouse Moût Nedjmet est ici représentée en grande épouse royale derrière Horemheb comme à droite ou Ahmès Néfertari derrière Amenhotep I qui offrent des fleurs à Osiris. La présence royale s'explique par le rôle d'intercesseur que joue le pharaon auprès des dieux de l'Au-delà, en faveur du défunt. Horemheb est le roi que Roy a servi dans sa charge d'intendant de domaines. L'autre duo royal est bien connu dans la nécropole thébaine où il jouit d'une dévotion particulière depuis le milieu de la 18è dynastie.
Registre médian
Côté gauche : Roy, en grand costume de cérémonie, devant une table chargée de mets, fait une offrande aux dieux du registre supérieur. Côté droit on devine le reste d’une femme devant une table d’offrande.
Registre inférieur
Côté gauche : Hathor, dame de l’Amentit, surgissant d’un sycomore, abreuve Roy accompagné de son Bâ. Côté droit : Nebet-Taouy fait une offrande aux dieux du registre supérieur.
La niche
Elle a été creusée pour recevoir une stèle fausse-porte permettant, la communication entre le monde des morts et celui des vivants. Par la magie d’une stèle en forme de porte et du pouvoir de ses textes sculptés sur ses montants, elle constitue un véritable passage pour l’âme du défunt.
MUR NORD
La paroi de par la configuration du tombeau, est moins haute que celle du Sud et est décoré d’un seul registre. Il est plus haut que chacun des deux de la paroi Sud, Il représente trois scènes d’adoration à Roy, à Nebet-Taouy et à des membres de leur famille par les prêtres de leur culte. (Roy et Nebet-Taouy, sont morts, ils seront l’objet à leur tour, du culte des survivants.).Les personnages sont ici, tous tournés vers l'entrée de la tombe, c'est-à-dire vers le soleil levant à l'Est.
Première scène— Assis sur des chaises de cérémonie, en grand costume, Roy et Nebet-Taouy reçoivent l’offrande du grand prêtre de leur culte, dont une table posée sur un amas de pains et de feuillages les sépare; le prêtre offre l’eau et l’encens; il est suivi d’une pleureuse agenouillée, les deux mains sur la tête. Au-dessus d’elle, deux petits coffres; le premier n’offre rien de rare, mais le deuxième est muni de bras, à l’aide desquels il présente un vase Hési; au-dessus encore, un encensoir et une peau de panthère, insignes du prêtre officiant .
Deuxième scène — Roy et Nebet-Taouy sont habillés et parés, assis sur les chaises d’apparat, les pieds posés sur deux petites nattes. Devant eux, à leurs pieds, est posé un amas de pains disposés sur un tas de feuille. A côté des offrandes disposés sur un petit siège bas, sont recouvertes par un immense couvre plat en forme de ruche, afin de les garder fraîches.
Le prêtre-Sem fait une fumigation et une libation, tout en récitant les formules rituelles. Derrière Roy et Nebet-Taouy, deux sous-registres montrent des membres de leur famille qui bénéficient du culte en même temps qu’eux.
Troisième scène. — Roy est assis sur la même chaise d’apparat indiquant condition sociale supérieure, Nebet-Taouy est sur un tabouret à large coussin sans dossier. Derrière elle, deux femmes sont assises sur tabouret identique, ayant chacune devant elle une petite table d’offrandes chargée de pains et de feuillage; celle du registre inférieur n’est pas nommée; les lignes d’inscriptions au-dessus de sa tête ne sont que préparées. Au sous- registre supérieur, la sœur de Nebet-Taouy est le seul personnage de toute la paroi dont les pieds reposent à terre, et non sur une natte; la ligne d’hiéroglyphes qui devait donner son nom n’a jamais été écrite.
Le guéridon qui sépare Roy du prêtre officiant est accompagné d’une jarre sur un trépied. Le prêtre fait les mêmes gestes que les deux autres scènes; il porte une perruque quoique indiquant que c’est un vrai prêtre, et non un fils officiant pour le culte de son père; il est accompagné de deux pleureuses, toutes deux la main droite au front; accroupies sur leurs talons.
Au-dessus de la table d’offrandes, un motif bizarre trouble l’harmonie de la scène; pendant les travaux, un gros rognon de silex, arraché de la paroi, y laissa une cavité énorme. Dans ces cas, qui se produisaient assez souvent, les creux étaient comblés tant bien que mal avec un mortier de calcaire broyé; ici, par négligence, hâte ou oubli, le travail fut continué et la cavité passée en blanc comme le reste du fond; un motif floral, peut-être de vigne, assez sommairement dessiné dans la cavité, souligne plutôt qu’il ne dissimule le défaut.
Bibliographie
Marcelle BAUD, Étienne DRIOTON,: Le tombeau de Roy, TT 255 / 1928