TOMBE DE TOUTANKHAMON : DECOUVERTE

 

Une production Bo-Travail -France Télévision (52mn)

 

La tombe de Toutankhamon a été découverte par Howard Carter après sept années de péripéties. Alors que Von croyait avoir fouillé toute la Vallée des Rois et découvert tous ses secrets, l’égyptologue s'acharne, et fait une des plus incroyables découvertes archéologiques de son temps !

Howard Carter 01 oeil

Howard Carter est un égyptologue né le 9 mai 1874 à Londres et mort en 1939 d'un lymphome de Hodgkin à l'âge de 64 ans. Il est le fils de Samuel John Carter, peintre animalier et paysagiste dont il hérite des talents de dessinateur et d'aquarelliste, et de Martha Carter. D'une santé fragile, il est contraint de suivre ses cours à domicile dans sa maison de campagne. Alors qu'il accompagne son père chez Lord Amherst of Hackney, collectionneur d'antiquités égyptiennes pour une séance de peinture, il a une révélation pour l'égyptologie. À 17 ans, il est présenté à Percy Newberry, un jeune égyptologue de l'Egypt Exploration Fund, qui l'engage à recopier à l'aquarelle les peintures murales des tombes de Béni Hassan. Il tombe sous le charme de l'Egypte et se passionne pour les fouilles. De 1894 à 1905, il travaille avec Flinders Pétrie, à Alarma, ainsi qu'à Deir El-Bahari aux côtés d'Henri Edouard Naville. Il travaille aussi avec Gaston Maspero en tant qu'inspecteur général des monuments en Haute-Egypte, au conseil suprême des antiquités égyptiennes. À partir de 1905, il démissionne du service des Antiquités et se remet à la peinture jusqu'en 1912 où il est rappelé pour assister Lord Carnarvon. C'est le début d'une grande aventure !

 

Lord Carnarvon, oeil un riche mécène passionné d'archéologie, fouille depuis deux ans la Vallée des Rois, en amateur, sans succès. Il souhaite s'associer à un spécialiste et homme de terrain. Howard Carter est celui qu'il lui faut. Les deux hommes explorent d'abord la nécropole thébaine, sans succès, puis le delta du Nil, qu'ils doivent abandonner après une invasion de cobras !

En 1915, ils décident de fouiller une nouvelle zone de la vallée. Ils reprennent la concession' de Théodore Honroe Davis, qui pense avoir découvert tous les secrets de la Vallée des Rois. L'équipe de Carter exhume alors des jarres et des sceaux au nom de Toutankhamon. À partir de 1917, elle recherche donc la tombe perdue du pharaon.Carter croit d'abord que la tombe se trouve près du soubassement rocheux de la vallée, mais jusqu'en 1922, les résultats des fouillesont bien maigres, et Lord Carnarvon pense tout arrêter. Carter ne renonce pas, et propose même de financer lui-même la suite des fouilles. Il convainc Lord Carnarvon, qui accepte de les financer une année de plus.


oeil Les Chambres

 

Carter s'intéresse à un périmètre de la Vallée des Rois qui n'a jamais été fouillé, car il est très proche de la tombe de Ramsès VI, lieu très fréquenté par les touristes. Le 1er novembre 1922, les fouilles commencent. Carter découvre très vite les fondations de cabanes d'ouvriers ayant travaillé au creusement de la tombe de Ramsès VI.

Le 4 novembre 1922, à l'aube, alors que Lord Carnarvon est au Royaume-Uni, on découvre les marches du tombeau. Le soir, on a dégagé la porte sur laquelle se trouve le sceau de la nécropole royale : on sait qu'il s'agit du tombeau d'un grand personnage. Le 24 novembre, Le sceau oeil de la porte intact depuis  3245 ans est brisé et Carter pénètre dans un couloir de 7,60 m, creusé dans la roche, rempli de gravats. La véritable ouverture se fait le 29 novembre. La tombe de Toutankhamon, répertoriée sous le code KV62, est presque intacte et le mobilier funéraire d'une richesse exceptionnelle. Ce n'est pas moins de 5398 objets précieux qu'on trouva dans le tombeau.

 

Après avoir déblayé un tas de décombres et de débris, Carter est parvenu à une ouverture qui donnait accès à un escalier raide de dix-huit marches et de là à un couloir au plan très incliné creusé au sein du Roch. Au fond de l'escalier (A), les fouilleurs rencontrèrent une porte murée et plâtrée ; sur le plâtre était empreint, à plusieurs reprises, le cartouche de Toutankhamon. On y découvrait aussi d'autres traces d'où l'on déduisit que l'hypogée avait subi déjà dans l'antiquité quelque tentative de vol et qu'il avait été refermé et scellé de nouveau.Le mur ayant été démoli on a pu pénétrer dans une chambre rectangulaire (B) perpendiculaire au couloir d'accès, ayant le sol environ 50cm plus bas que le seuil de la porte. Carter est le premier à jeter un œil dans l'antichambre :

« Lentement la scène devenait plus nette et nous parvînmes à distinguer quelques objets. Tout d'abord, juste en face de nous - nous le savions mais refusions d'y croire- se trouvaient trois imposants lits funéraires, dorés aux côtés sculptés en forme d'animaux monstrueux dont le corps était curieusement stylisé dans un but utilitaire, mais dont les têtes faisaient preuve d'un réalisme stupéfiant. En toute circonstance, ces figures auraient paru étranges, mais vues comme nous les vîmes, tandis que nos lampes électriques tels les feux de la rampe arrachaient aux ténèbres leur surface dorée et que leurs têtes projetaient sur le mur derrière elles des ombres fantastiques, distordues, ces créatures devenaient presque terrifiantes. Puis à droite, deux statues attirèrent notre attention ; deux statues de roi, noires, grandeur nature, en vis-à-vis telles deux sentinelles, pagnes et sandales d'or, armées d'une massue et d'une canne, le front orné du cobra sacré protecteur... »  Howard Carter

 

L'équipe est sous le choc : chambre B est remplie d'objets : des conserves funéraires, des bouquets de fleurs, un trône doré, des grands lits en forme d'animaux, des chars démontés, des vases en albâtre.

L’antichambre B communique avec deux autres pièces et D. Le mur qui fermait la porte de communication avec E fut trouvé démoli mais il ne semble pas que l'on ait rien emporté des accessoires renfermés dans la chambre E.  L'ouverture a de nouveau été complètement comblée par des pierres et des planches.  Appelée « annexe » par Carter, il constate qu'il y a des traits rouges sur les murs et qu'elle est en contrebas de 90 cm de l'antichambre. Elle contenait, en désordre, des paniers, des jarres de vin, de la vaisselle en calcite, des maquettes de bateaux et des ouchebtis.

 

 

Par contre l’ouverture entre B et D était intacte, et l'enduit extérieur était empreint du cartouche royal de Toutankhamon.  Deux statues du souverain oeil, en bois d'ébène, sont encore <in situ» aux côtés de la porte, l'une en face de l'autre. Toutes deux représentent le Pharaon marchant avec un sceptre à fleurs de lotus dans la main droite et un long bâton dans la gauche. La taille est svelte et élancée, plutôt maigre, d'aspect jeune et sympathique. Pour des raisons certainement rituelles se référant à la cérémonie dite : « Ouverture de la Bouche », les chairs sont représentées peintes en noir bitumineux luisant; la couronne, le pectoral, la tunique, le bâton et le sceptre sont dorés; les sandales semblent être en or massif

 

Pour pénétrer dans la chambre D Carter a dû naturellement enfoncer le mur de fermeture tout en cherchant à sauver le plus grand nombre possible de cartouches royaux empreints sur l'enduit. Ayant pratiqué une ouverture suffisante il a pu, avec force précaution et difficultés, y entrer D. Le sol de la chambre est d'environ un mètre plus bas que celui de B et pour y descendre il faut se glisser à travers un espace très restreint.

 

 

 

Un énorme et riche catafalque  oeil occupe presque en entier l'ouverture de la chambre, ne laissant qu'un espace de trente centimètres à peine sur les côtés, et le double par devant. La porte n'est pas au milieu mais près de l'extrémité orientale de D et le devant du catafalque ne s'avance que très peu au-delà de l'angle de la porte. La chambre D appelée « chambre du trésor » par Carter mesure plus de cinq mètres de longueur, environ trois mètres et demi de largeur et autant de hauteur. Le catafalque doit mesurer donc quatre mètres et demi en longueur environ, trois mètres dans les deux autres dimensions. Sur le sol, dans l'étroit espace entre les parois et le catafalque, se trouvaient des vases de bronze et d'albâtre, des statuettes de divinités et d'animaux ; le long du côté opposé à l'entrée il y avait sept grandes rames noires qui devaient servir au mort pour traverser le fleuve d'outre-tombe. Le catafalque a la forme d'un naos, il est tout en bois découpé partie peint, partie doré ou revêtu de feuilles d'or, et partie incrusté d'émaux bleus et de pierres semi-précieuses.

 

Les inscriptions hiéroglyphiques alternent avec les reproductions de divinités, parmi lesquelles l'on ne peut, pour le moment, distinguer et identifier que Nephtys et Isis aux ailes étendues en signe de protection. Ce naos est muni d’une porte à deux battants fermés par un cadenas. Sa façade est couronnée par une frise de serpents uraeus. Carter a ouvert les deux battants et a pu constater que le catafalque contient un énorme sarcophage oeil encore recouvert d'un linceul ou suaire en toile de lin transparente, constellée de minuscules feuilles d'or et qu'il est scellé. On suppose avec raison que ce sarcophage en contient d'autres.

 

D'après ce qu'on a constaté dans des découvertes antérieures et selon les prescriptions contenues dans certains papyrus, les enveloppes successives pourront être trois, ou même cinq. Sans aucun doute, la dernière enveloppe renferme la momie du roi encore intacte après plus de trente-deux siècles et demi qu'elle y a été déposée avec ses ornements funéraires. L'espace entre le sarcophage et le catafalque est plein de vases, de statuettes de divinités — quelques-unes de Horus sous la forme d'un faucon, — de scarabées - dont un très grand et très beau en jaspe — et des amulettes. ( effectivement il y avait 5 enveloppes )

 

 

 

Une ouverture basse pratiquée clans l'angle nord de la paroi qui est opposée à la façade du catafalque, fait communiquer la chambre D avec la chambre C. Adossé presqu'au centre de la paroi du fond, se trouve un naos oeil de dimensions considérables, en bois splendidement doré et qui devrait renfermer les quatre vases rituels canopiques contenant les viscères extraites du cadavre avant la momification. Les parois extérieures du naos portent des inscriptions et des reliefs; face à chaque paroi il y a une statue d'Isis debout en bois doré, sculptée en ronde bosse, avec les ailes étendues et abaissées pour protéger le naos et son contenu.

 

Devant le naos, par terre, au centre de la chambre, il y a une statue en bois, de la vache Hathor accroupie, le corps peint, la tête dorée; plus près de la porte, sur une haute base entaillée, on voit un chacal Anubis oeil le corps encore entouré d'un manteau en étoffe bien conservée. A la droite de celui qui regarde sont posées par terre, auprès du naos, plus de trente petites armoires en bois noir, munies de portes fermées. Carter a ouvert une seule de ces armoires, il y a aperçu une statuette du roi tirée par des léopards.

En arrière des armoires, vers l'angle de la chambre, deux beaux chariots en bois et cuir, revêtus en partie de feuilles d'or, puis des récipients en bois, des vases d'albâtre, des paniers d'osier contenant de la nourriture, des onguents, de la farine, des substances végétales. Auprès de ceux-ci on observe des modèles assez grands de barques et divers autres meubles. Dans la moitié gauche de la chambre sont posés sur le sol, l'un près de l'autre, et parfois l'un sur l'autre, de nombreux coffrets et mallettes en bois, quelques-uns en ivoire, délicatement peints et travaillés, et encore fermés. Carter a soulevé le couvercle de l'un d'eux et l'a trouvé plein de bijoux.

 

Même si l'on ne connaît pas les tombes longues, profondes et compliquées des autres Pharaons, dont les parois sont souvent recouvertes d'une très riche décoration de peintures, il est facile de comprendre que la tombe de Toutankhamon n'est pas de dimensions notables, ni creusée d'après un plan préalablement établi avec soin. D'autre part presque toutes les parois sont à nu, avec une surface rude et pas toujours unie. Quelques sections seulement du vestibule B gardent les traces d'une mince couche d'enduit de couleur rose et seulement sur la paroi en face de la porte du catafalque l'on aperçoit, peinte sur la roche en des tons rouges très crus, l'image du Pharaon de profil à gauche, et quelques zones de hiéroglyphes.Il est certain que le nom de ce Pharaon se trouve reproduit des dizaines de fois non seulement dans les cartouches empreints sur l'enduit des murs bloquant les portes, sur le catafalque, sur le naos contenant les vases canopiques, mais aussi sur la plupart des objets accumulés dans le vestibule .

 

Dans les jours qui suivent, la nouvelle se répand dans le monde. Aussitôt, des visiteurs de plus en plus nombreux affluent à Louxor et veulent visiter le déjà fameux tombeau : dès le 6 décembre, Carter profite d'un déplacement au Caire pour acquérir du matériel technique et photographique et pour commander une porte en fer pour fermer la tombe. Cette popularité va pourtant servir l'égyptologue : de nombreuses institutions scientifiques se proposent spontanément pour l'aider à exploiter la découverte, à commencer par le Métropolitain Museum of Art de New York.

Rapidement, Carnarvon et Carter comprennent qu'ils ne parviendront pas seuls à exploiter la découverte et qu'ils ont besoin du support d'une équipe renforcée, laquelle se constitue progressivement de plusieurs chercheurs et spécialistes, qui souvent proposent spontanément leur assistance.

Le dégagement total de la tombe demande dix ans, délai qui exaspérait la presse ; celui de l'antichambre commence le 27 décembre 1922. Carter procède avec beaucoup de minutie et manière systématique : numérotation de tous les objets découverts, photographies nombreuses, croquis, relevés, descriptions, etc. Les tombes avoisinantes servent d'abri, de studio photographique ou d'atelier de restauration. Les pièces dégagées sont envoyées au Caire par bateau ou par train.