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Qubbet el-Hawa

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La colline « la butte au vent », sur la rive ouest du Nil en face de la pointe Nord de l'île d'Éléphantine, culmine à 180 m d'altitude. Sur son sommet est posée la tombe à coupole de Sidi Ali Bin el-Hawa, un saint local.oeil

Les hautes falaises de grès qui font face à Assouan ont servi de cimetière pour les notables du nome d'Éléphantine depuis la fin de l'Ancien Empire. Ces tombeaux des nobles Del ‘antique «Abou», dont six se visitent, remontent à l'Ancien et au Moyen Empire. Ils constituent une source importante pour l'histoire ancienne de l'Egypte méridionale. La plupart suivent un plan simple : un vestibule, une salle soutenue par des piliers et un couloir menant à une chambre funéraire. Autrefois, on y accédait du Nil par de longues rampes munies de glissières destinées à hisser les sarcophages. Dominant le fleuve d'une centaine de mètres, à mi-hauteur de la colline, les tombeaux sont répartis le long de deux terrasses superposées. La nécropole rupestre rappelait à tous la puissance des nomarques et incitait les contemporains à se souvenir de leurs noms.

 

Un grand escalier oeil taillé dans la colline relie le débarcadère sur le Nil aux tombes qui se répartissent en deux groupes par rapport à cet escalier. Ces tombes ont gardé une bonne partie de leurs bas-reliefs et de leurs coloris d'origine et offrent de ce fait, un grand intérêt artistique.

Les titres religieux de ces premiers nomarques sont très peu nombreux, les fonctions religieuses étant dans un premier temps reléguées au second plan et attribuées aux prêtres. Dans la plupart des cas, l'ensemble des attributions religieuses de ces personnages se résume à la fonction de prêtre-lecteur  ou de directeur des prophètes.

 

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Tombes  de l’ancien Empire

Tombe de Herkouf 

La tombe date de la 6° Dynastie, sous les règnes de Merenré et Pepy II. Ce qui frappe d'emblée dans la tombe, c'est le vaste corpus des textes qui décorent la façade extérieure. L'intérieur est constitué d'une pièce unique, assez petite, comportant quatre piliers décorés. Un tunnel carré amène au caveau. Elle est dépourvue de décors, mis à part sur les quatre piliers. Sur la paroi du fond est sculptée une fausse porte. Herkouf est entré probablement très jeune au service de Pepy Ier.Il est déjà un important administrateur de Haute Egypte quand il est envoyé à trois reprises en expédition en Nubie. Il fait un bref récit de ses trois voyages dans ses textes autobiographiques qui sont gravés en façade de sa tombe, au-dessus et de part et d'autre de la porte.

Lors quatrième campagne au pays de Lam, Herkouf adressa une lettre au jeune roi Pepy II pour lui dire, notamment qu'il lui rapportait un pygmée. Pepy lui écrivit une lettre de remerciement .Il en fut si fier qu'il fit sculpter le texte sur la façade de sa tombe. Ainsi nous est parvenue la seule lettre royale complète datant de l'Ancien Empire.

 

Tombes de Mekhou et Sabni oeil

Situées à l'extrémité Sud de la nécropole, ces deux tombes communiquent car les propriétaires étaient père et fils. Pour accéder à leurs tombes les ouvriers ont bâti deux chaussées montantes parallèles qui, depuis le Nil, servaient à hisser les sarcophages. Ces chaussées font intégralement partie de l'ensemble architectonique des sépultures.

Mekhou (n° 25), haut dignitaire de la 6éme dynastie portait les titres de « Prince héréditaire » et « Ami unique », il est mort pendant un voyage vers le Sud qui l'avait conduit jusqu'à la deuxième cataracte. Sabni, son fils, comme on peut le lire sur les côtés de l'entrée de la deuxième tombe, organisa une expédition pour rechercher le corps de son père et le ramener dans son pays. Il eut droit à des obsèques solennelles et sa dépouille fut momifiée par des spécialistes envoyés par le roi.

 

Le plan des deux tombes est tiré du livre de N. Grimal. Il semble avoir interverti les deux tombes si on s'en réfère à plusieurs autres sources L'avant cour est commune aux deux tombes, taillée dans l'épaisseur de la falaise. On pénètre chez Mekhou dans une vaste salle au plafond supporte par trois rangées transversales de colonnes inachevées. La salle est prolongée par un couloir oeil s'achevant par trois niches. Depuis l'entrée on a une vue en perspective avec la stèle fausse porte oeil au fond. Une petite table d'offrande en granit, enchâssée entre deux piliers a été retrouvée à l'entrée.

 

Les inscriptions au-dessus de la fausse porte font référence aux offrandes que le défunt demande par l'entremise d'Osiris et d'Anubis, pour lui qui est Prince, Chancelier de Basse Egypte, Ami Unique, Justifié. Curieusement, il n'y a pas de titres religieux. Dans une petite "pancarte" on lit la liste des "milliers" d'offrandes de pain, bière, volailles, tissus,...qu'il désire. Le reste de la décoration, peu abondante, est représentée par de petites scènes dispersées.

 

La tombe communique au Nord avec celle de son fils Sabni dont le décor pariétal a bien conservé sa polychromie. Le plafond est soutenu par douze colonnes disposées sur deux rangées. Face à la porte, le texte qui nous apprend que Sabni est allé très au Sud, en Nubie, rechercher le corps de son père mort afin de l'ensevelir selon les rites.

 

Les bas-reliefs de la tombe de Sabni (n° 26) le représentent en train de punir les responsables de la mort de son père. Puis, il récupère le corps afin de l'ensevelir selon les rites. Prêtres, pleureuses professionnelles et embaumeurs royaux ont gardés leurs couleurs chatoyantes.oeil Sur le mur Est des scènes  montrent  Mekhou surveillant des agriculteurs au travail oeil un groupe de serviteurs lui présentant des offrandes oeil L’un des éléments les plus remarquables du décor montre Sabni, sur une petite barque avec ses filles, chassant et péchant dans les marais.oeil Les poissons au centre de la scène sont deux énormes tilapias du Nil  étendus avec 6 autres poissons sur un lit de papyrus.

 

Tombe d'Heqaib oeil

Elle appartient au « gouverneur d'Eléphantine » de la 6e dynastie qui possède un sanctuaire sur l'île d’Eléphantine. Elle se distingue par une vaste cour devant la porte d'entrée encadrée par deux hauts piliers coniques. De nombreuses stèles, une soixantaine, retrouvées pour la plupart dans la cour et conservées au musée d'Eléphantine, confirme qu'il a été déifié. Sa tombe n'est pas de très grande dimension et contient quelques beaux bas-reliefs dépeignant des scènes de chasse et de combats de taureaux. Six piliers supportent le plafond dont la partie centrale est voûtée

 

Tombe de Khounes QH34h

 

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oeil C’est une des plus anciennes tombes, elle était accessible bien avant  les travaux de dépollution de la nécropole en 1885.oeil Elle fait  partie des tombes décrites par Denon en 1799 et visité par  Burckhardt en 1813. Dès cette époque des voyageurs y ont laissé des graffitis. Durant le 12ème siècle la tombe était utilisée comme un complexe religieux copte.oeil  Pendant cette période, la tombe a subi quelques remaniements et les murs intérieurs sont recouverts de plâtre qui dissimule le décor d'origine. L'absence apparente d'iconographie et d'inscriptions anciennes a probablement trompé Grenfell, qui ne l'a pas considéré comme une tombe. oeil C’est l’équipe de De Morgan qui a découvert les reliefs sous le plâtre et les a identifiés pour la première fois.

 

La tombe est orientée nord-est et se trouve au même niveau que les tombeaux des plus importants fonctionnaires de la sixième dynastie dans la partie la plus fragile de la colline. Des fissures naturelles prédisposent les rochers à la fissuration et à l’effondrement. Les fouilles de la tombe ont aggravé ces circonstances, ce qui explique en grande partie le mauvais état de conservation et l'instabilité de la tombe.

Tout à côté se trouve La tombe  Ankheseni (QH34g), l’épouse  de Khunes. Les deux tombes, étaient reliées par un passage, bien qu’à l'origine elles aient  des salles de cultes séparés. Il s'agit d'un cas unique de femme ayant sa propre tombe à Qubbet el-Hawa pendant l'Ancien Empire,

 

La tombe QH34f est située immédiatement au sud d'Ankheseni.  Il est impossible de savoir si elle faisait également partie du complexe funéraire de la cour de Khunes. Aujourd’hui, elle est reliée par un petit passage à la salle de culte d’Ankheseni. Le complexe funéraire de Khunes comprenait les tombes de 34h, 34g, creusées sous la façade de QH34h et cinq autres dans la chaussée de la tombe.

 

la façade de la tombe de Khunes est presque complètement détruite. Sur la partie sud de l'entrée il subsiste une scène originale. La partie restante de la façade permet de reconstituer les dimensions d'origine de l'entrée et son apparence initiale. La porte, à l'origine entourée d'un cadre et d'un panneau mesurant près de six mètres. La tombe se composait d'une grande salle de culte avec huit piliers hauts et irréguliers, la plus haute salle de ce type de la nécropole. Dans le mur Ouest de la chambre, les restes d'une niche qui, selon Edel, contenait à l'origine une fausse porte, sont toujours présents, bien qu'ils aient été en grande partie détruits par les coptes. une récente analyse n'a trouvé aucune trace de la fausse porte d'origine, il est plus probable que la niche contenait une statue du défunt.

 

Dans le même mur se trouve une petite fenêtre qui relie la salle au serdab. Immédiatement au nord, il y a une niche ou un panneau et à côté, l'entrée qui donne accès à la chambre pour une autre statue. Cette chambre est reliée au serdab par un escalier. Presque au-dessous de cette entrée s'ouvre un couloir qui mène à la plus grande chambre funéraire de la nécropole, qui possède également une petite chambre subsidiaire. Dans le mur nord et au même niveau que le passage, s'ouvre un nouveau corridor qui se termine dans une autre chambre funéraire. Les inscriptions dans la tombe QH34h énumèrent les titres de Khunes et donnent quelques détails sur sa famille. Comme mentionné précédemment, sa femme était Ankheseni, qui a été enterrée dans la tombe QH34g. Il y a deux reliefs dans lesquels ses fils aînés sont mentionnés: Iti et Khnumti oeil

Tombes  du moyen Empire

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Tombe de Sarenpout I

C’est une des plus grandes et des plus belles tombes du Moyen Empire qui marque l'apogée de l'architecture funéraire d'Assouan. Sarenpout I est le nomarque qui dirige le nome de Ta-Séti à l'époque de Sésostris qui jouit d'une autonomie et de revenus qui lui permettent de se considérer comme un petit souverain

En 2016, la chaussée en grès bleu de 133 m,  reliant la tombe au Nil a été retrouvée. Sa commencée dès l'an 10 du règne de Sésostris a été en service pendant presque 600 ans.Le décor qui a le mieux survécu montre des hommes amenant un bœuf gras au nomarque.

On accède à la tombe par un escalier monumental qui fait partie intégrante du complexe funéraire. À la différence de ceux de Sabni I et Mekhou par exemple, il n'est pas perpendiculaire au plan de la falaise, mais forme un angle de 85°.

Les deux jambages latéraux en calcaire fin du portique qui permettait l'accès à l'avant-cour comporte chacun une représentation de Sarenpout avec son sceptre Sekhem et bâton de commandement. L'avant-cour est taillée directement dans la pente rocheuse. Elle comporte une série de six piliers décorés que surmontaient des architraves et qui soutenaient un toit aujourd'hui disparu. L'ensemble rappelle un vestibule de temple. La façade de la tombe comporte des inscriptions hiéroglyphiques, qui se trouvent essentiellement autour de la porte, qu'elles encadrent. Latéralement on trouve des représentations plus figuratives.

 

Tombe de  Sarenpout II

Nomarque d'Amenemhat II, Sarenpout II (1925-1895) a noué des contacts étroits avec le monde proche-oriental et la Crête. On sait peu de choses sur son action en politique intérieure Bien que sa tombe soit sobre et peu décoré c’est un petit bijou architectural.

On y accède  par une avant-cour taillée dans la falaise. Une entrée haute et étroite oeil permet l'accès à la première salle. Son plafond est soutenu par six piliers non décorés. Entre le second et le troisième pilier de droite se trouve une table d'offrande oeil qui porte les noms et titres de Sarenpout II. Sa famille, les prêtres du culte y déposait leurs offrandes.

 

Un escalier de neuf marches conduit à un étroit couloir voûté. Revêtu d'un enduit blanc. Il comporte de chaque côté trois niches symétriques ou se trouve une statue osiriforme taillée dans la masse représentant le défunt. On entre ensuite dans une seconde salle comportant quatre piliers à section carrée décorés sur une de leur face par une effigie du défunt surmontée d'un texte rappelant les titres et fonctions sacerdotales de Sarenpout. On peut voir à l’écart sur le sol des paniers d'osier oeil pleins d'ossements, dont certains sont humains. Au fond de cette salle se trouve une grande niche rectangulaire entièrement décoré ou les scènes ont gardé leurs couleurs d'origine.

 

Sur la  paroi du fond, Sarenpout oeil est  représenté en grande taille assis sur un siège à dossier bas, étendant la main vers la table d'offrandes bien garnie qui se trouve devant lui. oeilVêtu d'un simple pagne, il porte la courte barbe des vivants et sa poitrine est ornée d'un large collier ousekh. Devant la table, représenté plus petit, le fils du défunt, Ankhou, tend une fleur de lotus ouverte, signe de renaissance.

Sur la paroi de gauche Sarenpout s'avance vers l'extérieur tout en tenant dans ses mains deux insignes de son pouvoir, la canne et le sceptre Sekhem. Il est suivi de son fils Ankhou, oeil un bras replié sur la poitrine en signe de déférence. En face d'eux, l'épouse du dignitaire vêtue d'une robe-fourreau archaïque à deux bretelles, tient en main deux fleurs de lotus ouvertes. Une colonne de hiéroglyphes sur fond jaune  donne sa fonction : prêtresse dans le temple de Khnoum.

Sur la paroi de droite, on retrouve Sarenpout se dirigeant vers l'extérieur de la tombe. Derrière lui, Hetepet, prêtresse dans le temple de Khnoum  est assise tournée vers le fond, devant une table d'offrandes.