LE GRAND TEMPLE

 

Le Grand Temple, qui occupe la partie méridionale du site, est un spéos, c'est-à-dire un temple entièrement creusé dans la roche. Il mesure 33 mètres de hauteur sur 38 mètres de largeur. Sa profondeur est de 65 mètres.L'entrée est flanquée de quatre statues colossales de Ramsès II hautes de 20 mètres plus grandes que les colosses de Memnon - directement taillées dans la pierre et tournées vers le levant.

 

Plan 

LA FACADE

 On accède à la terrasse par une rampe, à son entrée deux stèles servaient pour déposer des offrandes. Très abimées, elles ont été reconstituées. La façade en grès rose, large de 40 m, haute de 30 m, est constituée d'un seul trapèze taillé dans la masse, qui se substitue au pylône habituel du temple égyptien. Une forte moulure ronde délimite les bords nord et sud de la roche. Quatre statues colossales du souverain, groupées deux, sont adossées à la façade. Ramsès est vêtu d'un pagne chendjit, le torse nu, décoré du pectoral frappé au nom d'intronisation, les mains posées à plat sur les genoux, les pieds sur le sol. Il porte le pschent et la barbe postiche.

 

 Partie supérieure

 La frise de babouins Sur le long relief supérieur, seize cynocéphales de 2 m 30 de haut, se disposent en frise. Ils devaient être vingt-deux à l'origine. Ce sont les premiers témoins du lever du soleil.  La frise de la corniche Sur la frise de la corniche à gorge, de part et d'autre d'un court texte hiéroglyphique, se succèdent en bandeau ininterrompu les cartouches de Ramsès : Sur la gauche, du côté sud, Amon tient en main la croix ankh, la clé de vie. Sur la droite, du côté nord, Rê-Horakhty, tient le sceptre ouser à tête de chacal. Devant lui, une plume d'autruche symbolise la déesse Maât. Devant chaque dieu, un cartouche royal reprend en alternance le nom de couronnement complet du roi et son nom de naissance Ramsès. La frise annonce déjà l'intention du roi : la partie sud du temple est dédiée au culte du dieu Amon, la partie nord étant consacrée au dieu Rê-Horakhty. Une inscription dédicatoire composé de deux longues inscriptions hiéroglyphiques se répartissent symétriquement de chaque côté du signe ankh central.

 

 La niche centrale

Dans une niche au-dessus du portail, apparaît en haut-relief Rê-Horakhty coiffé du disque solaire orné de l'uraeus. Vêtu d'un pagne court, il se tient debout, les bras le long du corps, avançant la jambe droite aujourd'hui mutilée, dans l'attitude de la marche. Dans chaque main, il tient le signe de vie ankh. À droite et à gauche de la niche, Ramsès II, debout, vêtu d'un pagne court, coiffé du khepresh est protégé par les ailes déployées de la déesse-vautour. Il fait une offrande au dieu en lui présentant une statuette de Maât.

 

La Niche centrale  déssinée par David Robrts

Les Colosses 

Au Nord, les colosses représentent le roi assis, les mains sur les genoux. Aux pieds de chaque colosse, des statues de hauteurs différentes, représentent des épouses, fils et filles du roi. Les femmes portent des robes moulantes. De gauche à droite : Néfertari qui porte sur sa tête une coiffure en forme de tambourin décorée d'un cartouche. Ramessou, le fils du roi, coiffé de la mèche princière et portant un flabellum. Baket-Mout, fille royale. Méritamon, fille royale. Néfertari II, sans doute fille de Néfertari. Mout-Touy, mère du roi. Les assises de chaque colosse sont ornées des cartouches de Ramsès II encadrés par un prêtre Iounmoutef tendant la main vers la titulature royale.  Devant les assises se trouve une statue du faucon Horus et du pharaon.

 Colosse Nord près de l'entrée :  Un Sema-Taouy décore sa face Sud. Deux dieux Nil procèdent à la ligature des plantes héraldiques, le lys et le papyrus. Le génie Nil de gauche représente la Haute Égypte avec ses papyrus, celui de droite la Basse Égypte avec les lys. 

 Dessous est représenté une file de prisonniers asiatiques qui portent des coiffures différentes ; certains sont barbus, d'autres imberbes. Dans leurs dos, leurs bras sont attachés par des liens qui passent par leurs cous.

 

L'assise du colosse Nord près de l'entrée

Au Sud

Colosse près de l'entrée :  c'est le pendant du colosse Nord qui lui fait face. En l'an 31, un séisme important ébranla le temple, le buste du colosse s’effondra, depuis 3260 ans la coiffe et le haut du visage gisent à ses pieds.  Un deuxième Sema-Taouy décore la face Nord de ce colosse. On peut remarquer le nom de couronnement de Ramsès dans les 2 scènes du Sema-Taouy. De nombreux graffiti ont été gravés sur les colosses.  Le soubassement des colosses Sud, est orné d’une file de prisonniers nubiens. Leurs liens sont terminés par des lys. Au-dessus, une inscription dédicatoire : 'Vive l'Horus Rê, taureau puissant, aimé de Maât, les Deux Maîtresse, puissant sur la terre noire, qui soumet les nations étrangères.".

 À l'extrême sud de la façade se tient Nebet-taouy, la fille de Ramsès II. Ses deux bras tombent le long de son corps serré dans une robe moulante. La princesse porte une perruque à larges tresses. Sa coiffure est surmontée d'un modius rehaussé des deux hautes plumes propres à l'épouse royale. Entre les jambes du premier colosse Sud, Isis-Nofret II la fille d'Isis-Nofret est coiffée de la mèche de l'enfance est vêtue d'une robe moulante. Dans la main gauche, elle tient un sistre contre sa poitrine. Bentanat la fille aînée d'Isis-Nofret, placée à la gauche du premier colosse sud, est vêtue d'une robe moulante, elle tient un collier menât dans la main gauche. À la droite du deuxième colosse sud se tient Mout-Touy, la mère de Ramsès II. Le prince Amon-her-Khepshef, fils aîné de Néfertari, se trouve entre les jambes du deuxième colosse sud et tient dans la main droite un flabellum. Il est coiffé de la mèche de l'enfance et est vêtu d'une robe plissée les manches, retombent sur ses avant-bras.  À la gauche du deuxième colosse sud, Néfertari se tient dans l'attitude de la marche, les bras le long du corps. Comme la reine Mout-Touy, elle est coiffée d'un modius orné d'un cartouche encadré de deux uraeus.

 

La terrasse

Elle s'étend de part et d'autre d'un escalier central bordé par une balustrade de faible hauteur. De chaque côté de l'entrée, cinq statues du souverain en position Osiriaque ou dans l'attitude de la marche alternaient avec cinq faucons à l'image d'Horus, constituant le premier échelon de grandeur. Les faucons mesurent un peu moins d'un mètre, les statues royales sont presqu'à échelle humaine. La plupart de ces vingt statues ont aujourd'hui disparu

 

LA COUR INTERIEURE

Elle remplace la première cour d'un temple classique. Creusée dans la roche, elle a une hauteur de 10 m, une profondeur de 17,5m et une largeur de 15,8 m. Huit piliers de 7 mètres de haut supportent des statues Osiriaque de Ramsès II. Le roi porte la couronne blanche au sud et le pschent au nord. Sur les 3 autres faces des piliers, sont gravées des scènes du roi avec des divinités.

 

Le mur nord 

Une fresque d'une longueur de 18 mètres sur 8 mètres raconte, en images, la version officielle de la bataille de Qadesh, épisode majeur de la guerre que mena Ramsès contre l'armée du roi des Hittites qui occupait une région située dans la Haute-Syrie. La fresque occupe tout le mur, soit environ 17 m.

 

Le mur nord coté Est

Le mur Sud 

Registre supèrieur

 1) le roi effectue un encensement et une libation devant Merymoutef à tête de bélier « Maître de Khayt" et Ipet à tête de lionne "Maîtresse du ciel et souveraine des Deux-Terres".

2) Rê-Horakhty devant l'arbre Ished, bénit le roi agenouillé sur une corbeille et lui présente 2 tiges de millions d'années de fêtes-sed. Derrière eux, Thot écrit le nom du roi sur les fruits de l'arbre. Il accorde au roi vie, stabilité, pouvoir et des millions de fêtes-sed. Au-dessus de la scène est figuré un scarabée, (image du dieu Khepri). Derrière, Séchat inscrit sur 4 tiges de millions d'années la durée de vie du roi.

Registre inférieur

Il est consacré à 3 scènes guerrières.  1) : le roi debout sur son char, tirant une flèche, attaque une forteresse syrienne.  Nekhbet au-dessus de lui, le protège.  Derrière son char, ses 3 fils aînés participent à l’attaque. Chacun est accompagné d'un écuyer qui tient un bouclier. Ils ont dans leurs mains soit un arc soit un bâton. 2) Le roi piétine un ennemi libyen qui semble implorer grâce, il s'apprête à en massacrer un autre en lui perçant la poitrine de son javelot. 3) : Ramsès II triomphant, debout sur son char, ramène des prisonniers nubiens enchaînés, liés par le coude et le cou. Un lion apprivoisé galope sous les chevaux. Un écuyer marche devant, portant les sandales du roi.

 

Le mur Est  

De part et d'autre de la porte d'entrée, Ramsès anéantit ses ennemis.  Sur le côté Sud, le roi massacre des ennemis nubiens devant Amon-Rê qui lui tend un glaive. Le roi porte le pschent et est vêtu d'un pagne. Les prisonniers demandent grâce. Le Ka royal est représenté derrière le roi.  En dessous, huit des fils du roi se succèdent en procession

Sur le côtéNord le roi massacre des ennemis asiatiques devant Horakhty. En dessous, neuf de ses filles se succèdent en procession. Ainsi la descendance du pharaon n'est pas absente de la salle de ses trophées. Elle est là pour montrer sa vitalité, sa force de vie.

 

Le mur Ouest 

Sur la paroi occidentale, de chaque côté de la porte centrale ouvrant sur la seconde salle, Ramsès II présente deux rangées d'ennemis à une triade divine. Au Sud, il s'agit de Nubiens offerts à Amon-Rê, Ramsès déifié et Mout.

Au Nord, ce sont des Hittites qui se tiennent devant le roi, assis entre Rê-Horakhty et une déesse à tête de lionne. Un examen des reliefs montre que Ramsès II déifié a été ajouté ultérieurement entre les dieux.

 

LA SALLE HYPOSTYLE

 La deuxième salle hypostyle à 12 mètres de large sur 7 mètres de profondeur. Quatre piliers carrés sont ornés de scènes du roi avec une divinité. Les barques d'Amon et de Rê sont gravées sur les murs latéraux de la salle. Sur le mur Est, Ramsès II divinisé a été rajouté dans les scènes d'offrandes. La salle donne accès au vestibule,

Scène du mur Sud : la barque d'Amon-Rê à tête de bélier est portée en procession par dix-neuf personnages. En tête, le roi lui-même qui est également représenté devant le naos. Devant la barque, le roi tient l'encensoir et le sceptre Sekhem. La reine agite des sistres hathoriques.

VESTIBULE

 Un vestibule de même largeur que la salle hypostyle mais avec une profondeur d'environ 3,50 mètres. Trois portes forment la communication avec la seconde hypostyle, sans doute pour le passage des processions. Du côté Ouest, deux portes ouvrent sur des salles anépigraphes et une porte ouvre sur le sanctuaire. Les parois sont ornées de scènes d'offrandes.

 

LE SAINT DES SAINTS

Le Saint des Saints  Paroi Ouest  (aquarelle David Roberts  1838)

Contrairement à la tradition, le sanctuaire ne contient pas de naos destiné à abriter l'image du dieu. À droite de la porte, sur la paroi Est, le roi invite ceux qui sont purs à entrer.  Sur le mur Nord  Ramsès II tient le grand encensoir devant la barque posée sur un piédestal et décorée par les images de Rê-Horakhty mais empruntée par Ramsès II divinisé. En tant que dieu, Ramsès s'adresse à son double terrestre en lui accordant la victoire contre tous les pays étrangers.

 

 Paroi Ouest : Sculptés dans la masse siègent de gauche à droite Ptah, Amon-Rê, Ramsès II et Horakhty. Le roi est parmi les trois dieux majeurs de l'empire, égal à eux. Deux fois par an, vers le 20 février et le 20 octobre, le soleil se lève à l'horizon dans l'axe même du temple et, grâce à l'ingéniosité des constructeurs, ses rayons pénètrent jusqu'au fond du sanctuaire et l'éclairent. Seules les trois divinités solaires, Amon, Ramsès et Horakhty reçoivent la lumière ; Ptah, le dieu funéraire, reste dans l'ombre Au milieu de la salle subsiste le socle qui supportait jadis la barque divine portative abritant les effigies des dieux et faisant, en quelque sorte, office de naos.

 

Paroi Sud : le roi fait une libation et un encensement devant la barque d'Amon-Rê posée sur un piédestal sur lequel sont représentés 3 petits rois qui font le geste de la soutenir. Plus loin, II oint Min-Amon-Kamoutef représenté dans une position inhabituelle ; de sa main gauche, il tient son sexe de sa main gauche et porte sa main droite à son visage.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Madeleine Peters-Desteract  Simbel, À la gloire de Ramsès (Éditions du Rocher, 2003)

Christiane Desroches Noblecourt. Le secret des temples de la Nubie, Stock, 1999 Sauvetage des monuments de Nubie