LE RAMESSEUM
Aquarelle de David Roberts 1839
Le temple du Ramesseum est le lieu de célébration du fils divin du dieu Amon, Ramsès II, le grand pharaon, régnant sur les Deux Terres. Il est un lieu sacré et magique d'expression du discours monumental qui justifie, prouve et perpétue son pouvoir et sa grandeur. Il est intimement lié au règne du pharaon, de son vivant. On peut concevoir l'importance majeure que revêt un tel édifice, empli de symbolique puissante, pour le rayonnement du souverain, garant de la prospérité du monde et de l'Egypte, particulièrement à la suite de la période d'instabilité de l'expérience amarnienne. Au-delà du temple lui-même, cet immense complexe, à l'image de la puissance de pharaon et du clergé, est une institution prospère et très riche, disposant de toutes les ressources et les savoir-faire nécessaires au fonctionnement et à la vie de cette véritable ville.
Lorsque Ramsès II monte sur le trône d’Egypte, il est encore très jeune. Couronné, il va accomplir une tâche immense. Il couvre l'Egypte de nombreux monuments. Au nord il fonde sa capitale Pi-Ramsès. Au sud. il met en oeuvre à Thèbes la construction de plusieurs monuments et les consacre à la gloire d'Amon, son père divin.
Dès son accession au trône, Ramsès II fit entreprendre la construction du Château de millions d'années : Temple du culte royal, il est plus connu sous le nom de Ramesseum. Ce nom fut attribué par Jean-François Champollion en 1829.Le chantier commencé en l'an II du règne de Ramsès II, s'acheva une vingtaine d'années plus tard.
SITUATION
L'immense ensemble du Ramesseum, situé à l'orée des terres fertiles du Nil, en face de Thèbes,se compose d'un temple principal, accompagné d'un ensemble d'édifices secondaires. Véritable « institution », il regroupait en plus de sa fonction religieuse, d'importantes fonctions économiques et administratives.
Edifié au Xllle siècle av. J.-C, au début du règne de Ramsès II, le Ramesseum resta en fonction jusqu'à la fin de la période ramesside. A partir du règne de Ramsès XI, il commence à décliner et pire, à être profané et livré au pillage. Désaffecté, il a été réutilisé comme nécropole et subi d'importants remaniements durant la Troisième Période Intermédiaire (1080 à 664 av.J.-C). Dès la XXIXe dynastie, sous le règne d'Achoris, le temple secondaire de Touy a été en grande partie démonté et ses blocs réutilisés pour la construction d'un édifice à Médinet Habou. De l'époque ptolémaïque jusqu'à l'époque médiévale, le démantèlement s'est poursuivi, convertissant le temple de Millions d'Années en véritable carrière à ciel ouvert. Victime de séismes et de probables inondations, son état de ruine n'a fait que s'accélérer. Au IVe siècle, il est en partie transformé en église copte, pour être finalement quasi complètement abandonné au Moyen-Age. Quelques merveilles, cependant, nous attendent au milieu de cette désolation, patiemment, le Ramesseum livre des secrets enfouis depuis des millénaires, secrets surprenants et inattendus.
Le Ramesseum occupe un quadrilatère d'une surface de plus de 6 ha, orienté Nord-Est /Sud-Ouest. Clos par un mur d'enceinte périphérique, le complexe cultuel se compose, autour du temple principal dédié au culte d'Amon et du roi, d'un ensemble d'édifices dont les dispositions architecturales créent des zones d'usage bien définies et hiérarchisées. On peut distinguer, à l'intérieur de l'enceinte, deux grands secteurs :
1 Le complexe, dédiée aux cultes et à la représentation royale : les voies processionnelles , le temple principal de Ramsès II - le Mammisi, petit temple de Touy et Nefertari. -
le palais royal- Le lac sacré (au nord-est du complexe). Les deux bâtiments secondaires (Mammisi et palais royal) sont directement connectés au temple principal.
2 La zone administrative et d'intendance pour l'approvisionnement et la gestion du temple et des œuvres de pharaon :- les annexes -l'école - les boulangeries, les cuisines et l'intendance
Les quatre grandes fonctions du souverain sont résumées par des iconographes, gravés en relief dans le creux :
La fonction politique est évoquée par plusieurs compositions relatives aux rites du couronnement.La fonction sacerdotale tient également une place importante. Ramsès en tant que pontife préside les grandes cérémonies " Belle fête de la vallée ", fête du nouvel an, .La fonction militaire est mise en évidence. De grandes compositions guerrières relatent certaines des campagnes du roi : bataille de Qadesh de l'an V. Elle occupe la face occidentale du premier pylône et est reprise sur la face ouest du montant nord du second pylône. La fonction familiale est aussi très présente comme en témoigne la place que le roi accorde à ses enfants, à la grande épouse royale Néfertari, et à la reine-mère Touy.
LE TEMPLE
Le pylône d'entrée
Le premier pylône, dans un état de ruine avancé, était à l'origine l'accès principal du temple. Sa façade orientale est effondrée et une importante partie de son parement a disparu. Sur sa petite face nord, un escalier permettait d'accéder au sommet.
La façade occidentale est en revanche mieux conservée. Elle est ornée principalement de scènes relatant les différents épisodes de la bataille de Qadesh durant laquelle les armées en l'an 5 du règne de Ramsès II, affrontèrent les Hittites et leurs alliés.
Deux portiques, l'un au nord avec des statues du roi, en costume des vivants, adossées à des piliers, l'autre au sud avec une double rangée de colonnes campaniformes, fermaient latéralement la première cour. A l'ouest, un escalier axial menait à la deuxième cour, par une porte aujourd'hui entièrement détruite. Son linteau était couronné d'une frise de babouins figurés dans l'attitude de l'adoration. Une reconstitution partielle de cet ensemble est exposée à droite de l'escalier.
Au sud de la porte, deux imposants colosses en granit rose d'Assouan, débités et abattus au cours des premiers siècles de notre ère, représentaient le roi et sa mère, assis. Celui de Ramsès II divinisé, « Soleil des Princes », mesurait 18 m de haut et pesait plus de 1000 t, celui de Touy était de taille inférieure (9 m).
Seule la face interne du pylône a pu être reconstruite. Au milieu, la porte reconstituée a été consolidée. Pour la toute première fois dans l'histoire des temples égyptiens, les architectes royaux abandonnèrent pour édifier les pylônes du Ramesseum l'emploi de la brique crue au profit de la pierre.
Aujourd'hui les cultures arrivent jusqu'au pied du pylône et recouvrent toutes les structures anciennes Malgré tout, ce pylône reste imposant et digne d'intérêt dans la mesure où il présente sur sa face interne plusieurs scènes illustrant la célèbre bataille de Kaddesh que Pharaon livra contre les Hittites en l'an V de son règne
La face gauche du pylône a été en grande partie reconstituée . Elle montre un épisode de la bataille de Qadesh avec la description du camp de Ramsès II et de l'attaque des Hittites. Au-dessus de lui, a été gravée une version complète du "Bulletin", un des deux textes relatant la bataille
La première cour
Une fois passée la porte, on pénètre dans la première cour. Cet espace, aujourd'hui entièrement ruiné était délimité par les deux pylônes successifs et bordé de portiques latéraux, dont ne subsistent aujourd'hui qu'une partie des bases de colonnes et les parties basses des maçonneries arasées. Une rangée de onze statues de pharaon en position debout adossées aux piliers abritait le passage couvert nord. Le portique sud, plus large, était composé de deux rangées de dix colonnes campaniformes.
Cette vaste cour est un témoignage considérable qui montre à quel point le temple était voué à l'exaltation du pouvoir royal. Ceinte à l'origine par des murs épais, elle proposait sur son côté Nord un portique de piliers osiriaques représentant Ramsès II en costume d'apparat, vêtu du pagne cérémoniel. A ses côtés, la représentation de deux de ses enfants. Elle a une dimension totale d'environ 53 m par 43 m. Elle est bordée au sud par les restes du palais. Les restes architecturaux sont pauvres, à part les restes de statues par les restes des colosses de Ramsès et de Touy
Le palais royal
Situé au sud de la première cour du temple principal, le palais royal, aujourd'hui en grande partie réduit à ses fondations, est relié directement au portique. Utilisé comme palais de fonction et non comme véritable résidence permanente, il s'étend sur une emprise d'environ 1 800 m2. Il est divisé en deux grands secteurs : l'ensemble dédié au protocole et à l'apparat et les appartements privés du roi et de la famille royale. A la mort du monarque, le palais se transforme en résidence symbolique du ka royal immortel. Il perdra cette fonction et ce caractère sacré à la fin de la période ramesside, pour devenir la salle d'audience des requêtes.
De plan symétrique sur un axe nord-sud perpendiculaire au temple, le palais était composé de deux pièces de représentation, bordées d'espaces annexes. On pénétrait en premier dans la grande salle de réception, ornée de seize colonnes palmiformes, dont une partie des bases est encore en place. On y accédait, depuis la galerie du temple, par de petites salles/vestibules latéraux.
Du palais, il ne reste que quelques bases de colonnes. Il était construit en brique crue. Il comprenait une grande salle de réception pourvue de colonnes palmiformes, donnant accès à la salle du trône, où se déroulaient les audiences. Une estrade en pierre avec quelques marches est encore visible au fond de cette pièce. Plusieurs salles annexes bordaient à l’est et à l’ouest, le corps principal du palais.
Deux portes ouvrant sous le portique sud permettaient d'accéder aux salles d'apparat du palais royal. L'édifice comprenait en façade, une « fenêtre d'apparition », située dans l’axe nord-sud du bâtiment, dont on devine encore quelques rares vestiges. Par cette ouverture pourvue probablement d'une rambarde, le roi pouvait apparaître lors de cérémonies particulières, dont celles associées à la remise de récompenses à ses fonctionnaires méritants. Le palais comprenait une grande salle de réception pourvue de colonnes palmiformes, donnant accès à la salle du trône, où se déroulaient les audiences. Une estrade en pierre avec quelques marches est encore visible au fond de cette pièce.
Les restes architecturaux
il ne subsiste aujourd’hui que d’imposants vestiges au sol. Débités par des carriers, puis abattus vers les premiers temps du christianisme, ces deux géants représentaient l’un, Ramsès II sous une apparence divine ; l’autre, sa mère, la reine Touy.La monumentale statue Ramsès II taillé dans un seul et énorme bloc de pierre, reposait sur un piédestal, également en granodiorite. Deux statues, de plus petites dimensions, bordaient l’image du pharaon. Il s’agissait de Touy, la mère du roi, représentée à gauche, et de Néfertari, grande épouse royale de Ramsès II. Ce n’est pas, comme on l’a trop souvent dit et écrit, à la suite d’un séisme, que furent fracassés les colosses de Ramsès II et de Touy. En réalité, leur destruction est le résultat d’une action humaine, volontaire, qui s’est produite vers la fin du IVème siècle. C’est la vindicte des premiers chrétiens contre ceux qu’ils appelaient des idoles, qui en fut la cause. On décapita également des piliers osiriaques et de nombreuses scènes murales furent martelées.
Les pieds de Ramsès II, derrière eux, les fragments de ce qui était probablement son socle.
vestiges au sol
Les mains de Touy, la mère du roi .
Le Deuxième pylône
Reconstitution 2eme Pylône
En face de nous, au fond de cette cour, s'élève le second pylône et devant lui se dressaient, à l'origine, deux fabuleux colosses : au pied du môle Sud, un de ces colosses, d'une hauteur de près de neuf mètres n'existe plus, il représentait la mère de Ramsès II, la Reine Mout-Touy. A ses côtés, l'autre représentait Ramsès II.
Un grand escalier axial permet d'accéder à la porte monumentale. Son linteau, aujourd'hui brisé et en partie reconstitué, était orné d'une frise de babouins en adoration. Elle était encadrée par deux colosses assis, en granit rose d'Assouan. Le premier, haut de 18 m, représentait Ramsès II, le second d'une hauteur de 9 m figurait sa mère, la reine Touy. Aujourd'hui en pièces au sol, ils furent abattus dès le 1er siècle après. J.C
La face est du pylône a disparu. L'élévation ouest présente deux scènes distinctes. Sur le registre inférieur, une scène de la bataille de Qadesh montre la contre-attaque du roi et la défaite des ennemis hittites et sur le registre supérieur, on peut admirer la représentation des fêtes données en l'honneur du dieu Min, à l'époque des moissons.
Sur la face interne du pylône, sont gravées des scènes de la bataille de Qadesh.. Derrière les piliers, le mur est consacré à la riposte du Pharaon et à la défaite des hittites. Sur le registre du haut, sont représentées des scènes liées aux fêtes de Min.
Le colosse de Ramsès II gît à terre et on a longtemps cru qu'un violent séisme était à l'origine de cette chute. Pourtant, l'orientation de cette chute laisse perplexes géologues et chercheurs qui préfèrent axer leurs recherches sur une intention délibérée de la part de certains de voir ce colosse à terre.
De récentes études ont pu démontrer, que cette statue fut probablement débitée par des carriers. On pense fortement qu'il y a eu intention délibérée, probablement à l'époque chrétienne d'attenter aux colosses de Ramsès II et aux statues osiriaques de la seconde cour décapitées volontairement.
La Deuxième cour
La deuxième cour, entièrement dallée de pierre était entourée de galeries, formant un péristyle, aujourd'hui effondré.
Lorsque nous sommes au cœur de cette cour, quatre portiques nous entourent : Au Nord et au Sud, nous découvrons une double rangée de colonnes à chapiteaux ouverts A l'Est et à l'Ouest, ce sont des piliers osiriaques représentant Pharaon gainé dans un suaire sous l'aspect momiforme d'Osiris.
Les galeries nord et sud, plus larges étaient composées de deux rangées de colonnes papyriformes, dont seules deux au nord sont encore complètes. Le reste de la composition est encore marqué au sol par les bases de colonnes en place. Se faisant face, adossées aux piliers de la large galerie ouest et au portique est le long du pylône d'entrée, se dressaient seize imposantes représentations momiformes de Ramsès II, arborant les attributs d'Osiris roi. Seuls huit sont encore debout.
A l'ouest, ces piliers Osiriaque sont doublés par une rangée de colonnes papyriformes créant une large galerie en continuité avec les passages latéraux. On accède à cette galerie par trois escaliers. L'escalier axial était encadré par deux colosses de Ramsès II. La partie inférieure du corps du colosse est toujours sur le site. De la deuxième statue, il ne subsiste que la tête posée sur un socle moderne. Une partie de l'iconographie qui ornait cette cour est encore en place. Sur la partie sud de la paroi du fond de cette galerie, on peut encore admirer sur deux registres superposés
, en haut des scènes du couronnement de Ramsès II (la montée royale et le sacre du pharaon, sous le regard du dieu Thot, le scribe divin enregistrant l'événement)
et sur le registre inférieur la représentation des onze premiers fils de Ramsès II. Les piliers sont ornés de scènes d'offrandes aux dieux.
Sous un dais orné d'une frise d'uraeus, Ramsès II reçoit de nombreuses fêtes Sed de la part d’Amon-Rê accompagné de la déesse Mout et de Khonsou.. En dessous, un défilé de 23 fils de Ramsès II Khepresh couronne symbolisant la puissance et le triomphe du pharaon sur ses ennemis.
Une nouvelle volée de marches nous conduit vers la Salle hypostyle et de chaque côté de cette rampe, se trouvait deux statues royales . il n'en reste que quelques vestiges La tête de l'une d'elles reste exposée sur son emplacement d'origine
1976 David et Michelle en visite dans la cour.
Tête du deuxième colosse de Ramsès II sculpté dans une variété de diorite placée sur le sol. Sur la coiffenèmés, le roi porte le pschent enpartie rapporté. Des traces de peinture sont encore visibles sur les lèvres.Nèmés Le nèmes, est une coiffe tripartite, qui retombe en une épaisse tresse sur le dos et qui s’étale en deux pans sur les épaules et le torse. Pschent Double couronne formée de la couronne blanche et de la couronne rouge symbolisant les royaumes unifiés de Haute et de Basse Egypte.
Salle Hypostyle
Reconstitution Entrée Salle hypostyle
Elle est composée de neuf travées, délimitées par huit rangées de six colonnes.La composition est divisée en trois espaces distincts, lui conférent une signification symbolique primordiale. Elle comportait 48 colonnes , 29 sont encore debout Les hautes colonnes du centre, de l'ordre de 10 m, sont de forme de papyrus ouverts. Les colonnes de côté sont en forme de papyrus fermés Le plafond de la partie centrale, large de trois travées est plus haut que celui des espaces latéraux.
La grande hypostyle accueillait des liturgies marquant la relation entre les dieux et Pharaon. Les chapiteaux, en bouton ou en ombelle de papyrus, soutiennent les lourdes dalles du plafond évoquant le ciel. Cette forêt de colonnes est aussi un calendrier monumental où les douze colonnes de la travée centrale évoquent les mois de l’année et les colonnes latérales, les 36 décans. Sur les fûts, le roi fait des offrandes aux dieux.
De type campaniforme, les colonnes des deux rangées centrales étaient hautes d'environ 8 m. Leurs chapiteaux étaient baignés de lumière, grâce aux baies hautes à claustra ouvertes au-dessus de l'architrave, sur chaque travée de la rangée de colonnes, délimitant la partie centrale, des bas-côtés plus bas. Leurs plafonds étaient soutenus par des colonnes lotiformes, dont les chapiteaux restaient dans l'ombre.
Les murs périphériques de la salle ont en partie disparu, nous ne possédons qu'une vue partielle du programme décoratif qui l'ornait, cependant deux grands thèmes se distinguent : religieux et militaire. Des scènes d'offrande aux dieux ornent les fûts des colonnes. Sur la paroi à droite de l'entrée, la reine Touy et l'épouse royale de Ramsès II, Néfertari accueillent une procession au son du sistre. A gauche, on peut voir la bataille de Dapour survenue en l'an VIII du règne. Au fond de la salle, en direction du sanctuaire, Ramsès est accueilli par une déesse qui lui verse de l'eau sur les mains, avant sa présentation à Amon et Moût, tandis que les insignes du pouvoir lui sont remis. La scène, couvrant la partie nord de la paroi, montre la déesse Ouret-Hékaou, la lionne « Grande de magie » couronner le roi, en présence d'Amon-Rê et de Khonsou, le dieu lunaire, fils d'Amon et de Moût. Sur les registres inférieurs, les enfants du roi l'accompagnent lors des cérémonies.
Ramsès avait donc voulu que son hypostyle puisse constituer la charpente du cycle parfait Les douze mois matérialisés par les douze colonnes papyriformes à chapiteaux épanouis Elles étaient flanquées à l'Est et à l'Ouest de dix-huit colonnes plus petites à chapiteaux fermés. L’année était ainsi escortée de ses trente-six décans. Ce circuit solaire devait aboutir à la matérialisation du Jour de l'An, mis en relief dans la salle suivante (la salle astronomique)."
Amon tend le signe de vie à Ramsès II. Derrière lui, son fils Khonsou et derrière le roi, la déesse Sekhmet
qui tient une enseigne de fêtes sed et qui vient de poser la couronne khepresh sur la tête du roi. En dessous, un défilé de 23 fils de Ramsès II.
Salle des Barques
A l'arrière de la grande salle, on accède par une rampe à une série de trois salles hypostyles successives nettement plus petites. Leur plafond est sensiblement au même niveau que celui des bas-côtés de la grande salle, tandis que le sol est plus élevé. Les volumes se réduisent, plus on avance vers le fond du temple, vers les espaces les plus secrets et sacrés. Elles disposent de huit colonnes lotiformes.
la première est la Salle astronomique, appelée aussi Salle des Barques . Cette pièce est célèbre en raison de son plafond dit astronomique qui évoque un véritable calendrier marquant les divisions de l'année, les diverses constellations et les planètes.
Ce plafond est soutenu par huit colonnes à chapiteaux papyriformes fermés et le décor de la salle fait essentiellement allusion à la Belle Fête de la Vallée qui voyait le dieu Amon rendre visite aux Pharaons défunts sur la rive occidentale de Thèbes.
Dans cette salle la Belle Fête de la Vallée, est représentée sur les parois. Les barques des dieux et de pharaon divinisé sont portées en procession, à la suite de celle d'Amon. Une autre scène liée à sa légitimité et sa longévité royale et divine montre Ramsès, assis sous le Persea,
l'arbre sacré Ished. Près de lui, Thot, ainsi que Atoum et Seshat, qui inscrivent le nom d'intronisation du roi sur les fruits de l'arbre sacré, se tiennent devant Amon. L'élément le plus important de cette pièce se trouve vers le haut. La travée centrale est ornée d'un magnifique plafond astronomique, figurant un calendrier stellaire fixant le nouvel an et la fondation du roi. Des vestiges tardifs témoignent de l'installation d'une église copte, dans la salle.
Ces barques illustrent la Belle Fête de la Vallée, au cours de laquelle les barques sacrées quittaient Karnak pour se rendre à Thèbes Ouest. Il s'agissait d'un événement annuel lié aux cultes des morts. Lors du passage des barques, les morts étaient supposés sortir de leurs tombes. Les barques faisaient halte dans tous les temples funéraires : cette salle devait servir de reposoir des barques lors de cette fête.
Mais la partie la plus intéressante se trouve gravée au plafond : elle représente un calendrier liturgique sur plusieurs registres avec des représentations d'étoiles, de constellations, des dieux associés et des mois de l'année. Une partie spéciale lui est consacrée.
Salle des Litanies
La salle suivante est la salle des Litanies. L’unique paroi conservée, est consacré aux dieux principaux du panthéon égyptien, parmi lesquels Rê-Horakhty et Ptah, dont les diverses manifestations étaient énumérées dans de longues invocations. Il ne subsiste qu'un mur, ainsi que 4 colonnes. La séparation entre les deux salles est faite de deux parois totalement indépendantes en bloc de grès.. Sur les architraves du côté nord, sont inscrites les titulatures de Ramsès II.
Elle très abîmée Au Sol il reste des traces ce qui était le sanctuaire. La porte que l'on voit dans le prolongement, serait le reste d'un ancien temple.
La troisième salle hypostyle se trouvait entre la salle des Litanies et le sanctuaire principal. Aujourd'hui, il n'en subsiste que les fondations.
Le Mammisi
Jouxtant le mur nord du Temple, il est dédié à sa mère la reine Touy et à sa grande épouse Néfertari. Sur ses parois, étaient représentées des scènes de sa conception divine. Ramsès II réalise ici une innovation architecturale et symbolique en créant un espace à part, un temple complet pour abriter les représentations de la théogamie. Son nom, donné par Champollion, signifie en copte "Lieu de Naissance" . Il désigne des annexes des grands sanctuaires de la Basse Époque. D'après les restes de colonnes hathoriques trouvés sur place, il était dédié ici à la fois à la reine mère Touy et à la grande Épouse Royale Néfertari. Composé de plusieurs pièces, il comportait en un endroit indéterminé des scènes de théogamie au cours de lesquelles le futur roi était conçu par le dieu Amon et la reine mère . Issu d'une famille de nobles militaires, Ramsès II éprouva le besoin de souligner son origine quasi divine en faisant décrire sur les murs de ce temple cette théogamie. Théogamie Dans la mythologie égyptienne, la théogamie est le principe qui permet au dieu de prendre la place physique du Pharaon afin de pouvoir s’unir avec la reine et concevoir ainsi le futur héritier du trône. Cette rencontre entre le monde des dieux et celui des hommes exprime la double nature de pharaon : dieu vivant sur terre. Ce principe fut utilisé à l'origine pour justifier ou légitimiser une accession au trône.
Voie processionnelle
Le temple était entouré d’une voie processionnelle sur trois côtés : au nord, à l’ouest et au sud. Des statues, en grès, de 4 m de long sur 1,60 m de large et 3,60 m de haut, disposées de part et d’autre d’une allée centrale dallée, formaient un dromos emprunté lors de fêtes et de certaines liturgies. Des sphinx aux traits de Ramsès II, coiffés du némès, occupaient la voie ouest, alors que des chacals ou chiens sauvages, manifestations d’Anubis, protégeant une statuette momiforme du roi, bordaient l’allée nord. On ignore encore quel type de monument se trouvait côté sud. Après l’abandon du temple, vers l’an 1000 avant J.-C., toutes ces statues ont été débitées par les carriers pour récupérer des matériaux de construction. Lorsque la nécropole de la Troisième Période Intermédiaire, installée à l’intérieur du temple, à partir du milieu du xe siècle avant J.-C., s’est étendue sur les voies processionnelles, les débris abandonnés sur le site furent enfouis. Grâce à la découverte de fragments exceptionnels de chacals et de la fosse de fondation de l’un d’eux, une reconstitution a été réalisée en 2007, au sud-est de la voie nord.
Les Annexes
Le culte royal et le culte d'Amon, étaient les deux fonctions essentielles qui se déroulaient au sein de ce temple. Une autre, tout aussi importante et non négligeable , était la fonction économique qui en faisait un centre très actif. En effet, un immense complexe de constructions en briques crues, avec des pièces voûtées s'étend sur trois des côtés du Ramesseum .
On y trouvait des quartiers administratifs, judiciaires dont un tribunal, des magasins, des entrepôts, une école de scribe où l'on a retrouvé des papyrus, des cuisines (dont une partie vient d'être récemment découverte) , des logements, tout ce qui pouvait faire vivre le quotidien d'un personnel laïc et religieux.
Une vie intense animait le pourtour de l'enceinte du Ramesseum. Les Sanctuaires d'Égypte, aujourd'hui superbes, dans leur isolement, étaient autrefois entourés d' entrepôts, d'ateliers, de logement de prêtres.
Dans les nombreux magasins en brique, voûtés dont une partie subsiste, on entreposait des nourritures et des boissons. Il existait aussi des dépôts de papyrus et, sans doute, comme dans chaque temple de quelque importance, une Maison de vie où les futurs initiés apprenaient les hiéroglyphes, la magie et la médecine, entre autre disciplines.
Au milieu des celliers, se trouve une imposante salle à colonnes, le per-hedj, la Salle du Trésor du Ramesseum, (longtemps considérée à tort, comme un scriptorium). Les bases de colonnes et des éléments de tambour à pans coupés sont conservés.
Enfin, il faut souligner un point très important : Le Ramesseum à été la première institution connue a régler des salaires (ouvriers des tombes royales à Deir el-Médineh.) Cette tradition fut poursuivie bien longtemps après le règne de Ramsès II, puisque les fameuses grèves racontées sur le papyrus de Turin expliquent comment des ouvriers révoltés et mécontents décidèrent en l'an 29 du règne de Ramsès III de se coucher, c'est-à-dire d'arrêter leur travail afin d'obliger le temple à leur verser leurs salaires.Malgré son état de dégradation, le Ramesseum est parvenu à nous léguer cette vision d'un monde où travail quotidien et œuvre sacrée n'étaient pas séparés.
DIAPORAMA
Bibliographie
Ramses II, les monuments d'éternité, Dossiers d'Archéologie no 249, 1999
Le temple de millions d'années de Ramsès II à Thèbes. Histoire et sauvegarde du Ramesseum
Bulletin du Cercle Lyonnais d'Egyptologie Victor Loret, n°7Lyon 19939.