DENDERAH
Aquarelle de David Roberts 1839
Dendérah est une très vieille ville, capitale du 6ème nome de Haute Égypte. Son origine remonte probablement à la Préhistoire, puisqu'on y célébrait des rites religieux au temps des « Serviteurs d'Horus », sortes de demi-dieux qui précédèrent les pharaons humains. C’est un site étrange, à la mesure des mystères qu'il contient. A environ 60 km au nord de Louxor se dresse, sur la rive gauche du Nil, à la lisière du désert, un grand temple ptolémaïque dédié à Hathor. La cité dont le temple était le cœur a disparu. Il ne reste plus que l'édifice sacré, superbe dans son isolement, loin du monde profane et de son agitation. Quelques palmiers, la montagne au loin, le silence du désert, les pierres d'éternité, la masse imposante du temple. Les plus grands pharaons eurent une tendresse particulière pour cette ville de province; mais sa souveraine Hathor, n'était-elle pas la plus belle de toutes les déesses ? La fin de l'Ancien Empire fut une époque de prospérité pour Dendérah. Les notables y firent construire de beaux tombeaux; on y creusa aussi des sépultures de vaches, de chiens et d'oiseaux. Son plan s’inspire de très vieux documents datant de Khéops, Pépi Ier d’Horus. La présence, non loin de l’enceinte du temple, d’une nécropole ancienne, confirme l’âge reculé de cette cité et de son culte. Actuellement le plus ancien monument encore visible est un mammisi datant de l’époque de Nectanebo Ier (XXXe dynastie).
Le complexe monumental de Dendérah
Denderah semble être en excellent état de conservation. En réalité, il ne subsiste qu'une partie du temple, qui était bâti sur le principe d'une triple enceinte de brique: les enceintes de l'époux d'Hathor, Horus, et de son fils, Ihy ont presque complètement disparu. Ne subsiste donc que l'enceinte d'Hathor, formant pratiquement un carré de 300m qui était la plus importante des trois et le cœur de l'édifice sacré. Il s'agissait d'une véritable muraille d'environ dix mètres de haut, protégeant efficacement le travail des initiés à l'intérieur du temple. Cet imposant mur d'enceinte est fait de briques crues. Elles sont disposées de manière à rappeler les ondulations de l'océan primordial.Outre le sanctuaire d'Hathor, d'autres édifices subsistent sur le site, notamment des mammisis, un lac sacré et même une église copte. On passe devant elle et deux mammisis,pour atteindre la grande cour qui précède la façade actuelle du temple .
Autour du Temple
La Porte d’Horus
Située dans l’enceinte en briques qui entourait le temple sacré de Dendérah , c'est le seul vestige d’un vaste téménos "Terrain sacré fermé par une enceinte"consacré a Horus depuis le Moyen Empire. David Roberts nous dit : « Elle est dans un si parfait état de conservation, que ses sculptures sont aussi nettes que le jour où elles ont été réalisés, sur certaines parties la coloration des peintures est toujours vivante."
Aquarelle de David Roberts 1839
La Porte monumentale d'Hathor.
qui donne accès au domaine de la déesse
A gauche de la porte on peut voir de nonbreux blocs du temple exposé:
Bès : Divinité d’origine Africaine ou Sémitique , il apparu en Egypte dès la 12eme Dynastie. ll est représenté sous la forme d’un nain barbu , aux jambes torses ,à l’apparence mi sauvage mi comique . Fait inhabituel selon les conventions artistiques de l’ancienne Egypte ,c’est l’une des rares divinités à être représentée de face. Il est vénéré comme une divinité des plaisirs de la maison tel que la musique , la bonne chère , la relaxation . C’est aussi un peu le père noël de l’époque en tant qu’ amuseur et protecteur des enfants. Une Roue
Une Frise
Les 4 faces d'Hathor.
Un dromos reliait le temple au canal qui conduisait au Nil. Le débarcadère de ce canal comportait un kiosque. Ce n'est qu'à l'époque romaine que les fontaines ont été construites devant la porte d'entrée. Une voie sacrée flanquée de colonnes remplaça sans doute l'allée de sphinx. Ces fontaines alimentaient en eau les villageois et permettaient de se purifier avant d'accéder au domaine divin; les petits bassins placés entre les fontaines et la porte d'entrée étaient utilisés à cet effet. L'eau amenée par des canalisations se déversait dans des réservoirs situés derrière et au-dessus des niches. Des bouches équipées de robinets ouvraient sur une cuve rectangulaire; à l'aplomb de ces bouches, on discerne les marques d'usure faites par les récipients que les villageois tenaient, debout sur un soubassement-trottoir. Il semble que ceux-ci pouvaient participer aux frais entraînés par ces travaux d'adduction.
Quatre colonnes à chapiteau corinthien déterminaient pour chaque fontaine trois niches, une grande encadrée de deux petites; des statues divines y étaient placées, peut-être celles des triades locales, d'un côté Hathor encadrée par Horus et Harsomtous, de l'autre Isis avec Osiris et Harsiesis ou Ihy.
Datant de l'époque romaine il est beaucoup plus imposant que celui de Nectanébo. Il est entouré d'un portique à colonnes dont les chapiteaux sont des figures de Bès hilare, favorisant la naissance. Sur les soubassements, une étonnante procession montre vingt-neuf formes de la déesse Hathor, provenant de différentes provinces d'Égypte. Elles jouent du tambourin, écartant les mauvais esprits, et se rassemblent pour offrir le concours du pays entier au rituel qui va s'accomplir. Dans le Saint des saints, les représentations sont consacrées, comme il se doit, à la naissance et à l'allaitement de l'enfant-roi.
Le mammisi romain est conçu comme un temple divin (cour, salle hypostyle, salle des offrandes, vestibule et sanctuaire); il comporte de plus un péristyle. Sa décoration étant très souvent semblable à celle du temple d'Hathor et du mammisi de Nectanébo. Les murs bahuts
Dans le sanctuaire on trouve les scènes de la conception divine de l'enfant modelé sur le tour de potier, d'Anubis qui pousse la lune. Sur les soubassements, de nombreuses déesses tiennent un sistre (côté nord), et d’un tambourin (côté sud) : elles viennent de toute l'Égypte assister à la naissance de l'enfant. Sur une scène, Hathor allaite son enfant, plus loin son père Horus d'Edfou, le tient dans ses bras. On y voit également les sept Hathor qui assurent la destinée de l'enfant. De magnifiques tableaux ornent le mur extérieur sud en voici quelques-uns.
Naissance symbolique d’Ihy émergeant d’un lotus entre la déesse du Nord Nekhbet et la déesse du sud Ouadjet. (Nekhbet sur des lis, Ouadjet sur des papyrus).
L’empereur romain Trajan offre une représentation du soleil à Hathor et Horus.
L’empereur Trajan offre une barque à Hathor qui allaite son fils Ihy (Son père est Horus d'Edfou), Il est représenté à nouveau derrière Hathor en tant que son grand, le fils.
Détail
Le christianisme, en chassant les dieux païens, s'est installé dans leurs lieux saints. Il subsiste ainsi dans la cour du mammisi les vestiges de l'abside d'une basilique qui fut édifiée probablement dans la seconde moitié du Vème siècle. Les portes latérales placées au nord et au sud permettent d'accéder au narthex par un dispositif en chicane. Le fond de la basilique est divisé en trois salles. L'escalier qui permettait d'accéder à l'étage en bois occupait celle du nord. Le baptistère se trouvait sans doute dans la pièce du sud dont la niche est décorée d'un aigle. On remarquera, dans la niche sud du narthex, 1'utilisation, par les premiers chrétiens de la croix de vie pharaonique. Une nef de cinq travées délimitées par des colonnes en granit rouge supportait la charpente de bois; les parois latérales sont percées de niches. Le fond de la basilique, orienté à l'est, comprend trois absides; de nombreux blocs de remploi sont encore visibles.
Le Mammisi de Nectanébo
Il était précédé par des propylées portant le nom de « porte de donner Maât », c'est-à-dire de rendre la justice. C'était devant la porte de ce temple, en effet, que siégeait un tribunal chargé d'examiner les litiges et de prononcer un verdict.
Les propylées constituaient aussi vraisemblablement un pavillon d'accueil pour le souverain ou son substitut, le grand prêtre. Désigné par l'expression «porche où l'on remet Maât », il était à la fois l'endroit où les plaignants venaient demander justice et, surtout, celui où le roi recevait les symboles de l'ordre terrestre et cosmique, avant de commencer une action liturgique.
À l'origine, le mammisi de Nectanébo comprenait un sanctuaire en grès flanqué de deux chapelles en briques crues; un escalier part de la chapelle sud. Outre la porte ouvrant vers le sanatorium, une autre ouverture avait été percée dans l'axe du sanctuaire. Par la suite, les chambres furent recouvertes de grès et l'on aménagea la partie antérieure est du temple. En nettoyant cet emplacement, qui correspond maintenant à la salle des offrandes, on a jadis retrouvé un four de potier.
La décoration du mammisi est plus élégante et plus aisée à comprendre que celle du grand temple. Dans le sanctuaire, les parois enduites de plâtre fin étaient très probablement revêtues de poussière d'or collée avec un enduit.
Les scènes montrent les protagonistes de la naissance divine, Amon le géniteur, Hathor la mère, Thot l'ordonnateur des cérémonies et Khnoum le potier; les divinités nourricières à tête de vache présentent toute sorte d'offrandes. Une fois l'an, le mystère était joué par des prêtres au milieu des réjouissances ; mais un rituel journalier animait le temple comme celui d'Hathor.
On voit également la déesse qui allaite le dieu nouveau-né pour lui donner force et vigueur, Bès, le nain barbu qui apporte joie et dynamisme. Le Saint des saints est consacré à la création du jeune dieu par le potier Khnoum, qui le modèle sur son tour. C'est Thot, gardien de la science sacrée, qui confirme que l'enfant est destiné à régner sur l'Égypte. Les scènes d'accouchement et d'allaitement, la présence de l’Ennéade des dieux, les vaches divines qui nourrissent le roi : tout concourt à la formation spirituelle et corporelle du pharaon, sur le modèle des grands rituels déjà présents à Deir el-Bahari et à Louxor
Le Sanatorium
Ce type d'édifice rare se situe à droite de la grande cour. Bien qu'il en existe dans d'autres temples, c'est le seul exemple préservé. Les malades y suivaient une sorte de cure thermale d'où la magie n'était pas absente. On baignait le patient dans de l'eau qui avait coulé sur une statue divine, couverte de textes destinés à repousser le mal, le démon, les êtres maléfiques. L'eau était donc « chargée », imprégnée de forces bénéfiques qui étaient communiquées au corps et à l'âme. Le malade s'identifiait au dieu vainqueur des ténèbres, acquérait sa force, livrait un combat qui lui permettait de recouvrer la santé. Ces soins par les eaux, que l'on donnait à boire, s'accompagnaient d'un processus d'incubation et d'une cure de sommeil.
N'imaginons pas des foules nombreuses venant chercher la guérison: le sanatorium n'était pas « public », mais situé dans l'enceinte du temple. Un texte, qui s'y trouve gravé, évoque l'être suprême :
« Viens à moi, toi dont le nom est caché aux dieux, qui as fait le ciel, créé la terre, mis au monde tous les êtres... Je suis l'eau, je suis le ciel, je suis la terre, vivant de Maât. » C'est dire que les malades devaient être des justes, respectant l'harmonie.
A côté du lac, se trouve dans l’axe de la voûte ménagée dans l’enceinte en briques. Plus ancienne que le temple, on y voit les cartouches de Ptolémée VIII Évergète II. Une barque d'Hathor est représentée sur chacun des montants de porte. Les tableaux à l'intérieur montrent à nouveau l'esquif avec un texte qui mentionne« le jour de la navigation d'Hathor». la chapelle devait servait de reposoir à la barque sacrée lors de la plus grande fête du temple qui se déroulait le premier jour du mois d'Hathor et au cours delaquelle la déesse sortait en procession pour naviguer sur le lac sacré.
Sur la droite du temple, quand on regarde en direction du Saint des saints, on découvre le lac sacré. Symbole des eaux primordiales d'où le soleil est apparu à l’aube du premier jour, le lac permet aussi de mettre en scène divers événements mythiques comme la quête d'Isis ou la navigation des barques sacrées lors des mystères d'Osiris. Aujourd'hui dépourvu d'eau, il offre un curieux aspect, car plusieurs palmiers y ont poussé ! D'une superficie de 924 m2, il comportait un escalier à chaque angle et ses murs étaient incurvés pour éviter d'être déformés par la poussée des terres.
Dans l'épaisseur des parois maçonnées ont été ménagées des salles à fonction inconnue. De petits escaliers permettent aussi d'accéder à des piédestaux supportant les statues. L'estrade sud qui accueillait les spectateurs subsiste en grande partie. La chapelle de la barque, à côté du lac, se trouve dans l’axe de la voûte ménagée dans la grande enceinte en briques. Plus ancienne que le temple, elle porte les cartouches de Ptolémée VIII Évergète II. Une barque d'Hathor est représentée sur chacun des montants de porte.
Sur ce lac étaient jouées des scènes des mystères d'Osiris, auxquelles assistaient un petit nombre d'initiés, disposés sur une estrade. Trente-quatre maquettes de barques étaient mises sur I ‘eau, chacune occupée par une divinité. Ensemble, elles avaient pour mission de retrouver les parties du corps d'Osiris démembré. Le lac symbolisait l'Océan d'énergie primordiale où s'élabore la vie, dont la connaissance pleine et entière était précisément le but des grands mystères d'Osiris.
Aquarelle de David Roberts 1839
L'épouse d'Osiris, la grande magicienne, est élevée au rang de déesse cosmique, souveraine de tous les lieux sacrés d'Égypte, portant la vie en tous lieux. Comme à Karnak, il y a donc un arrière-temple; à Denderah, Isis s'avérait être l'aspect caché d'Hathor. La scène centrale de son temple, malheureusement ruiné en grande partie, était la naissance de la déesse, mise au monde par la grande mère céleste, sur la paroi du fond de l'édifice. Nous sommes bien dans un domaine féminin où les déesses génèrent la vie.
Le sanctuaire d'Isis forme un ensemble religieux indépendant du grand temple avec sa propre enceinte de briques, son puits et sa porte monumentale à l'est. Le temple proprement dit est constitué d'un vestibule ouvrant sur trois chapelles qui portent les mêmes désignations que les trois chapelles du temple d'Hathor et, comme elles, regardent vers le nord.
Le vestibule tient lieu en même temps de salle des offrandes et d’Ouabet. Trente uraeus ornent les montants de sa porte extérieure, ils protègent le service cultuel pendant les trente jours du mois. Les inscriptions disent que la déesse Isis a été mise au monde en ce lieu; sa naissance est d'ailleurs représentée sur la paroi du fond (sud) du sanctuaire dont les reliefs en piètre état montrent encore une femme assise sur une chaise d'accouchement et soutenue par deux déesses à tête de vache. De part et d'autre, Amon et Chou lui tendent le souffle de vie. Sur le sol, une statuette féminine représente Isis que Nout vient de mettre au monde; les textes disent que sa peau est rose et sa chevelure noire. Un texte nous révèle : « En ce beau jour de la nuit de l'enfant dans son berceau, Isis fut mise au monde à Denderah sous la forme d'une femme noire et rose. ». C'est sans doute parce que la déesse est censée être née à Dendérah que le grand temple n'est pas uniquement consacré à Hathor.
Dendérah affirme sans ambiguïté son caractère d'édifice initiatique où la déesse Hathor, intimement liée avec Isis, est l'hôte d'Osiris dont les secrets sont révélés dans un grand rituel de résurrection.La réputation de Denderah rayonnait dans tout le pays. Pendant des siècles, les pèlerins qui venaient au temple grattaient la pierre pour en emporter quelques parcelles. En les appliquant sur les parties souffrantes du corps, on était certain d'obtenir la guérison.C'est aussi pourquoi, dans les reliefs, on voit des trous à l'emplacement du phallus du dieu Min. Les croyants espéraient ainsi obtenir un formidable pouvoir de procréation. Superstition, certes, mais qui évoquait l'éternelle présence des dieux d'Égypte.A Denderah sont évoqués et dévoilés bien des mystères de la vie. La déesse de l'amour, la grande Hathor venue du ciel, a donné sans compter pour les siècles des siècles.
Visite du temple via Google map
Je vous recommande vivement cette visite. De nombreuses photos panoramiques 360 vous ferons découvrir l'extérieur et l'intérieur du temple comme si vous y étier. C'est ici
Visite guidée du temple d'Hator
BIBLIOGRAPHIE
Sylyie. Cauville : Temple de Dendera Guide archéologique
Christian Jacq Les Grands monuments de l'Egypte Ancienne de 1986
Auguste Mariette -Bey Denderah : description générale du grand temple A. Franck (Paris) 1875
Auguste Mariette -Bey Temple de Dendera : Vol1 Planches