Le temple de Kalabsha
Kalabsha en 1839 Aquarelle de Robert Davids
A l'époque grecque ce temple se trouvait près de la ville Talmis au niveau du tropique du Cancer à une cinquantaine de km au sud d'Assouan. De chaque côté du fleuve, des roches formaient un défilé que les habitants appelaient la porte de Kalabsha. Dédié au dieu Egyptien Horus et du dieu Nubien Mandoulis, il a été commencé sous Amenhotep II, souverain de la XVIIIe dynastie. Juste après la mort d'Alexandre le Grand (323BC), l'empereur romain Octave Auguste entreprend sa reconstruction. Comme le témoigne sa façade sans décor il n'a jamais été terminé. Malgré qu’il soit inachevé, il est considéré comme le temple plus complet et le plus grand encore debout Basse Nubie.
Afin de le préserver de la montée des eaux du Nil due à la la construction du haut barrage d’Assouan, le Temple de Kalabsha de 1961 à 1963 a été soigneusement démantelé en plus de 16000 blocs pesant d’une à trente tonnes*. Avant que le site soit sous les eaux, des fouilles extensives de sauvetage ont permis de trouver les vestiges d'une porte ptolémaïque aujourd'hui au musée de Berlin. Aujourd'hui, reconstruit, il s'impose sur l’Ile de Khor Ingi derrière le Haut-Barrage. *démonté et reconstruit aux frais et par les soins du Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne..
Le Temple
Le temple a été construit dans le style habituel de l’époque gréco-romaine, avec, entre les colonnes, des murs d’entrecolonnement richement décorés, des chapiteaux dits composites et une abondance presque écrasante de textes et de reliefs clans les salles intérieures. Celles-ci étaient autrefois célèbres pour leurs couleurs bien conservées qui, malheureusement, disparurent quand l’édifice fut submergé* pendant la plus grande partie de l’année dans le lac de retenue du premier barrage d’Assouan pour ne réapparaître hors des eaux que pendant les mois d’été.
* Le temple de Kalabsha était complètement submergé pendant neuf mois del’année et c’était seulement en juillet, août et septembre que ses assises émergeaient.
Les parties extérieures du monument, le quai et le pylône monumental de l’entrée étaient inachevés et leurs pierres grossièrement taillées n’avaient aucune décoration. Le temple, orienté est-ouest, possède un pylône d'entrée légèrement en biais par rapport à l'axe central. Un débarcadère avec un escalier de 72 m de long permet d'y accéder. Le temple est construit sur le modèle gréco-romain avec des murs d'entrecolonnement et des chapiteaux composites. Les parois sont recouvertes de bas-reliefs et de nombreux textes hiéroglyphiques. Le dieu majeur Mandoulis est représenté sous la forme du faucon assimilé à Horus le jeune (fils d'Isis et d'Osiris).
Pylône Deux brefs textes coptes sur le pylône rappellent la victoire du christianisme en Basse-Nubie, lorsque le temple de Kalabsha fut lui-même transformé en église : « Moi, le prêtre Paulos, ai prié ici pour la première fois » et « Moi, le prêtre Paulos, ai dressé la croix pour la première fois en ce lieu».
La Cour C’est une cour dallée, bordée sur trois côtés par un péristyle. La décoration n’a jamais été achevée, mais parmi les rares reliefs, il en est un qui montre le roi Ptolémée IX offrant un champ à Isis, Mandoulis et Horus, les dieux principaux du temple ; un autre représente Aménophis II, (18ème dynastie), face au dieu de la fertilité, Min, et à Mandoulis, le dieu nubien. Ces représentations de souverains, ancêtres de ceux qui sont mentionnés partout ailleurs, ont été sculptées en souvenir du rôle qu’ils jouèrent comme bâtisseurs des temples antérieurs. Sur son côté Nord se touve la façade du pronaos qui donne acces à la salle hypostyle. On trouve également des inscriptions romaines lorsque l'empire possédait des garnisons en Basse-Nubie. Le décurion Maximus fait graver cette prière : "Sois bienveillant, ô Mandoulis, et incline la tête vers moi pour exprimer ton assentiment ! Sauve-moi et sauve ma femme bien-aimée et mes chers enfants ! Je fais constamment appel à Toi pour que mes compagnons soient délivrés de toute maladie et de tout travail pénible et pour que nous puissions retourner dans notre patrie. Combien heureux sont les gens qui vivent dans la ville sainte de Talmis, aimée de Mandoulis, le dieu-soleil et qui est sous l'autorité souveraine d'Isis, la déesse à la belle chevelure et aux nombreux noms!"
Mur Extérieur Le roi (on ne voit que ses mains) apporte une offrande à la triade composée d'Isis, Horus et Mandoulis.
Corniche intérieure du pylône décorée du disque solaire ailé et de ses deux uraeus coiffés de la couronne de Basse Egypte (à gauche) et de Haute Egypte (à droite).
Hall hypostyle La salle hypostyle aux magnifiques colonnes fut décorée pendant les règnes des empereurs Trajan et Antonin le Pieux, tandis que les salles intérieures, autrefois fameuses pour leurs couleurs vives, avaient été terminées sous le règne de l’empereur Auguste. Le décor est constitué des scènes rituelles habituelles, où apparaissent aussi le dieu nubien Dédoun, ainsi que l’illustre et révéré Imhotep, qui fut l’architecte de la vénérable pyramide à degrés du roi Djoser de la III’ dynastie à Saqqarah et qui, à la basse époque, fut déifié et considéré comme dieu guérisseur, assimilé à Esculape.
Sanctuaire Il comporte trois salles dont la dernière enfermait le Saint des Saints. Un escalier dissimulé au fond de la pièce menait à une cachette contenant le trésor du temple. Le Sanctuaire est décoré de scènes d'adoration et d'offrandes. Sur le mur du fond du sanctuaire, Mandoulis est figuré à droite sous l'aspect royal (couronne, sceptre et signe ankh) et à gauche sous l'aspect divin (coiffure avec cornes de bélier, disque solaire et uraeus). Sur le mur Sud un escalier conduit au toit et à une chapelle dédiée à Osiris.
Mandoulis est un dieu de la mythologie égyptienne d'origine nubienne. Son temple principal est situé à Kalabsha. Il avait également une petite chapelle au temple d’Isis, à Philæ. Dieu solaire et divinité osirienne (considéré comme le fils nubien d'Isis et d’Osiris) il fut un dieu très populaire aux époques ptolémaïques et romaines.
Photos du sanctuaire
Les deux dieux locaux Horus et Thot d’Hermopolis purifie le pharaon
le roi offre des vases de vin à Mandoulis
Un peu d’histoire
Vers 350 apr. J.-C., un nouveau peuple du désert, particulièrement agressif, les Blemmyes, s’installa en Nubie à partir du milieu du 3ème siècle saisissant toutes les occasions de faire des incursions au nord, poussant même jusqu’en Haute-Égypte. En raison de leur puissance l’empereur Dioclétien 284-305 ramena la frontière romaine à Assouan et permit à une autre peuplade, les Nobades, d’établir un État tampon pour contre balancer l’influence les Blemmyes.
Nobades et Blemmyes reçurent les uns et les autres des subsides de Rome pour rester en paix, mais les attentes romaines furent déçues. C’est ainsi que, vers 450 les deux tribus firent cause commune et attaquèrent Philae. Toutefois, après une expédition punitive des Romains, en 453 C., la paix fut signée .Ils rendirent tous les prisonniers et payèrent une indemnité. En retour, ils reçurent la permission de participer aux fêtes du temple d’Isis à Philae et, en certaines occasions, d’emprunter la statue sacrée de la déesse pour qu’elle vînt bénir leur pays.
C’est grâce à ce traité de paix que le temple d’Isis à Philae put demeurer un centre de culte païen longtemps après que le reste de l’Égypte se fut converti au christianisme; et ce ne fut pas avant les années 535-537 apr. J.-C. que l’empereur Justinien fit fermer les temples païens de Philae.
A cette époque, toute la Nubie avait embrassé la religion nouvelle. Une inscription en grec incorrect dans le temple de Kalabsha rapporte que Dieu donna à Silko, roi des Nobades, la victoire sur les Blemmyes; après cette défaite, les Blemmyes, semble-t-il, ne jouèrent plus aucun rôle dans l’histoire nubienne. L’inscription de Silko est donc peut-être le témoignage du triomphe final du christianisme chez les Nobades de Basse-Nubie
Bibliographie
Margaret Murray Egytiens Temples 1931
Edwards, Amelia B. "A Thousand Miles up the Nile 1890
Plan Baedeker, Karl. Egypt Handbook for Traveling