Le Panthéon de Dendérah
Il se compose de deux triades. Hathor, Horus, Harsomtous (surnommé Horus le jeune) et Isis, Osiris, Harsiesis. Harsiesis, considéré comme vengeur de son père Osiris contre son oncle Seth. Les
Les deux déesses illustrent les divers aspects de la féminité; leurs époux représentent de façon complémentaire le principe du pouvoir; il faut que le vieux roi meure pour que règne son fils. Quant à Harsomtous, sa présence à Denderah est aussi ancienne que celle d'Hathor.
Hathor la maîtresse du temple est entouré de divinités importantes qui forment Le Panthéon de Dendérah
Hathor. Maîtresse de Dendérah
La déesse est le réceptacle du dieu, la matrice symbolique où il est généré. Hathor est aussi le ciel où vole le faucon Horus. Elle reçoit le titre d'Hathor la Vénérable, en tant que divinité du cosmos où prend forme toute vie. Elle fut souvent représentée sous la forme d'une femme aux oreilles de vache, ou bien d'une vache céleste donnant vie aux corps célestes, ou allaitant le pharaon qui buvait ainsi un liquide d'immortalité.
Dans cet aspect fondamental, Hathor est Temet, « celle qui est », c'est-à-dire la contrepartie féminine d'Atoum, le créateur. La ville de Denderah portait le nom de « cité du pilier de la déesse ». Or, il existe trois « piliers » en Égypte: Héliopolis, la ville d'Atoum, le créateur, et du Soleil; Denderah, celle de la créatrice et Hermonthis, Héliopolis du sud, préfiguration de Thèbes.
Les quatre aspects d'Hathor selon la mythologie :
La déesse lionne anéantissant les ennemis du soleil
La déesse de la renaissance et de l'amour,
La protectrice des foyers et la nourrice royale,
Le cobra qui incarne la beauté et la jeunesse
L'un des symboles les plus courants de Hathor est le sistre, un instrument de musique magique dont les vibrations dispersent les influences négatives et attirent les énergies positives. Le temple de Denderah est d'ailleurs nommé « le château du sistre », étant lui-même conçu comme un gigantesque instrument de musique en pierre où les harmonies du cosmos s'enchevêtrent pour embellir la terre.
Comme souveraine du temple, Hathor se présente sous l'aspect d'une femme jeune et belle; sa coiffure la plus fréquente est le disque solaire entouré de cornes. Mais, alors qu'à Edfou où elle n'est qu'un hôte et ou elle possède seulement cinq couronnes différentes, elle en a trente à Denderah. Cette multitude de coiffures permet de mettre subtilement en valeur les composantes de sa personnalité. Ainsi la couronne de fête, présente la déesse en tant que reine.
Hathor fut représentée sous diverses formes. En raison d'une durée de gestation à peu près similaire à celle de la femme, la vache fut vite associée à la Déesse. Elle se montre également sous l'apparence d'une lionne, d'un uraeus (cobra lové qui est un insigne royal), d'un faucon femelle.
Sa grande »titulature se compose de plusieurs éléments juxtaposés : « maîtresse de Denderah, œil de Rê, maîtresse du ciel, souveraine de tous les dieux ». Elle peut être accompagnée d'épithètes telles que «soleil féminin (contrepartie féminine du souverain céleste). Elle est souvent appelée « dame aux quatre visages», illustré par ses visages orientés vers les quatre points cardinaux sur les chapiteaux du temple.
Hathor sous sa forme de Sekhmet
Hathor, transformé en Sekhmet
Râ, fâché par la rébellion des hommes, envoya son Œil divin, Hathor, transformé en Sekhmet pour les punir. Envoyée sur Terre, la déesse en furie se mit à massacrer les humains rebelles. Comme elle prenait goût à ce carnage, Rê dut finalement intervenir pour qu’elle n’extermine pas l’humanité. Il lui prépara un breuvage composé d'herbes, de jus de grenade rouge et de bière. Trompée par la couleur du liquide qu'elle croyait être du sang, elle en but jusqu'à s'enivrer. Sekhmet la lionne repris alors l'apparence de la divine Hathor. L'humanité avait échappé de justesse à un sort funeste, mais les maladies et la mort venaient de faire leur apparition sur la terre. « L’apparence de Sekhmet est hybride : à la fois humaine et animale. Une tête de lionne, effrayante domine un corps de femme d’une grande beauté. Son nom signifie la Puissante ».
À la fin du mythe, Rê regagne le ciel monté sur sa fille devenue vache céleste. Ce dernier avatar de la déesse explique sans doute son nom de «demeure, d’Horus», c'est-à-dire la voûte céleste à l'abri de laquelle évolue le faucon.
Hathor est honorée dans son temple sous toutes ses formes. Un culte était probablement rendu à son hypostase de vache sacrée : une scène des cryptes nous montre une idole en bois haute de 1,60 rn placée dans une barque de 4,20 rn de long. Des restes de momies de vache ont d'ailleurs été exhumés dans la nécropole. La vache, productrice de lait, est devenue la nourrice divine du roi; il en existait une statuette en or à Denderah. À l'instar de son époux Horus, Hathor possédait deux statues qui la représentent en faucon à tête humaine
HORUS D’EFOU
Il est honoré à Denderah en tant qu'époux du faucon femelle Hathor qui lui rend visite annuellement. À ce titre, il possède une chapelle dans le temple. Il y est connu sous le titre de «Horus d'Edfou, le grand dieu maître du ciel, celui dont le plumage est bigarré, qui surgit de 1 'horizon, qui préside aux sanctuaires du Sud et du Nord». Celui-ci possède une statue en forme de faucon
HARSOMTOUS Harsomtous est la forme grécisé du mot égyptien Horsemataouy. Le fils et héritier d'Horus porte le nom « d’Horus qui unit les Deux Pays», appellation qui souligne l’unificateur de la Haute et de la Basse Égypte. On peut voir dans de nombreux tableaux un enfant nu agitant un sistre devant Hathor; il s'agit d'Ihy qui joue en quelque sorte un rôle de doublure à côté d'Harsomtous, le dieu-enfant spécifique de Dendérah. Une chapelle du temple lui est consacrée Comme c'est l'usage dans la pratique décorative des hiérogrammates « Scribe attaché au service d'un temple, chargé de transcrire en hiéroglyphes les oracles et prescriptions divines », les linteaux de porte extérieurs et intérieurs de la salle décrivent la personnalité du dieu; celle-ci est triple :
1- Sous la forme d'un faucon, il· préside à une scène d'union des Deux Pays; il porte la double couronne. Le temple possède une statue de faucon en or ainsi coiffée. La scène et la parure expriment l'aspect monarchique du dieu.
2-Comme tous les dieux-enfants, Harsomtous est un dieu solaire. Si l'on en croit la doctrine d'Hermopolis, le soleil a surgi du lotus primordial sous la forme d'un enfant « C'est sous cette apparence, mais avec une tête de faucon, qu'Harsomtous représente le soleil pendant les premières heures de sa course autour de la terre. »
3- Chaque divinité égyptienne est originaire d'une région ou d'une ville déterminée. Cette origine représente le dieu muni d'une tête de serpent. En tant que tel, Harsomtous est originaire de Khadi situé sur la rive droite du Nil près de Qena. Le premier jour de la saison des récoltes, la population de Dendérah traversait le fleuve et gagnait Khadi où elle passait cinq jours à célébrer les moissons. On piétinait ainsi de l'orge, symbolisant par là le massacre de Seth.
OSIRIS
Le plus populaire des dieux égyptiens doit son succès au caractère humain de sa destinée : roi bon et juste, il est assassiné par son frère Seth, puis renaît à la vie éternelle grâce à sa sœur et épouse Isis; son fils. Horus lui succède sur le trône terrestre. Probablement originaire de Busiris dans le Delta, Osiris est assimilé au dieu des morts, Sokar
Une partie du corps d'Osiris est enterrée à Denderah et, surtout, on célèbre ses mystères selon un long et complexe rituel dont le texte a été conservé. Des chapelles, construites sur le toit du temple étaient spécialement consacrées aux cérémonies osiriennes. Dans le temple, il est principalement appelé Ounennéfer, « celui qui est toujours parfait». Son fils n'est pas l'Horus triomphant, mais Harsiesis («Horus fils d'Isis ») dont la présence dans le temple, au côté de ses parents, est discrète.
ISIS
Le quart des tableaux du temple lui est consacré à Isis. Hathor n'a la prééminence qu'à Denderah. La souveraine du nome entier est bien Isis, à la naissance de laquelle est consacré dans l'enceinte sacrée un sanctuaire Dans le temple lui-même, une chapelle désignée par l'expression «place de 1 'accouchement», est dévolue à la déesse.
Hathor et Isis, en ce temple, sont très proches l'une de l'autre, sans se confondre. Un petit temple d'Isis fut construit derrière le grand temple d'Hathor, comme un ultime Saint des saints.
Isis et Hathor sont à ce point indissociable à Denderah que l'on parlerait plus justement du «temple d'Hathor-Isis» que du «temple d'Hathor». Les titulatures des deux déesses et les offrandes à elles adressées sont à peu près semblables. Leurs attributions, en revanche, sont plutôt complémentaires : Isis est principalement «mère du dieu»; Hathor est « l'œil de Rê». Isis est une épouse dévouée et une mère attentive à préserver l’héritage de son fils; Hathor incarne la féminité dans son aspect voluptueux et sensuel. Les deux déesses forment avec Horus au ciel et Osiris sur terre deux couples royaux dont le premier exerce une royauté active avec Horus à Edfou et Hathor à Denderah. Il reste à relever le rôle quelque peu singulier que jouent les déesses dans leurs relations avec les dieux : Isis conçoit un enfant d'un cadavre qu'elle doit «animer» par de multiples chants et danses; Hathor, d'après la cosmogonie héliopolitainne évoquée plus haut, ne sert qu'à nourrir les fantasmes érotiques solitaires d’Atoum.
BIBLIOGRAPHIE
Christian Jacq Les Grands monuments de l'Egypte Ancienne de 1986
Mariette, Auguste Denderah : description générale du grand temple 1875
Sylvie Cauville Le temple de Dendérah : Guide archéologique
LES CRYPTES
Les cryptes sont des corridors secrets ménagés dans l'épaisseur des murailles ou des fondations. Ces pièces se retrouvent dans un certain nombre d'édifices depuis la XVIIIème dynastie; la majorité d'entre elles ne sont pas décorées. Parmi les cinq temples dont on connaît actuellement les cryptes, Denderah est sans conteste celui qui possède les mieux décorées et les plus riches d’informations.
Les jours de fêtes, des familiers du temple allaient chercher dans les cryptes les statues et les emblèmes dont on avait besoin pour les processions et les déposaient à l'entrée, où le cortège venait les prendre. Les cryptes étaient donc de véritables cachettes dont l'entrée était connue de de certains prêtres seuls. On y déposait des images de divinités en pierres précieuses. Aux jours de fêtes, on en descellait l'ouverture toujours bouchée et la procession accomplissait devant cette ouverture béante les cérémonies prescrites.
Cryptes vues de la Paroi Sud
Le pronaos donne accès à deux cryptes sans inscription. Le cœur du temple donne accès à onze cryptes décorées réparties sur trois étages. Trois cryptes en sous-sol sont bâties dans les fondations. Trois cryptes sont de plain-pied avec le temple. Cinq cryptes sont creusées à environ trois mètres au-dessus du sol, dans l'épaisseur des murs, deux sur le côté Est et Sud ; une sur le côté Ouest. On accède aux cryptes murales par des ouvertures d'une cinquantaine de centimètres de côté; elles étaient fermées autrefois par des blocs de pierre décorés comme les murs voisins, si bien que l'entrée en était indiscernable. Ces lieux cachés n'étaient accessibles qu'aux prêtres qui en connaissaient le secret, et certains textes en proscrivaient l'accès, usant de la seule puissance de l'écrit, aux «barbares», populations étrangères ou simplement profanes.
Ce sont des chambres étroites, tout en longueur, dont certaines sont creusées dans l'épaisseur des murs. Leur accès est difficile, quand il n'est pas interdit. Il faut s'accroupir, disposer d'un moyen de s'éclairer et ne pas être claustrophobe. Dans les cryptes étaient conservés les objets nécessaires au culte de la déesse. Ils sont d'ailleurs représentés sur les murs, pour être éternellement présents : un vase de vin, une couronne, une clepsydre pour mesurer le temps, deux sistres, un temple de naissance en réduction, un collier, un pylône miniature. Matière et dimensions sont indiquées avec précision, si bien qu'on pourrait reconstituer ces objets.
Les Cryptes Est
Crypte n° 1. Elle a été très endommagée par les chercheurs de trésors. Elle a aussi souffert de l'humidité qui a fortement effrité les pierres.
Salle F Le Roi offre un collier à Isis, Harsomtous émerge d’un bourgeon de lotus, trois serpents un, uraeus, Harsomtous sous sa forme de lion, et Isis (détruite).
La crypte 2 est accessible par une petite ouverture dans la paroi de la Demeure de Somtous, chapelle solaire dédiée au dieu Harsomtous (V). Elle est composée de trois chambres de longueur inégale, celle du centre étant de loin la plus longue. Les chambres A et B contiennent des scènes d'offrandes, tandis que dans la chambre C figure une procession de prêtres naophores et de dieux-Nil. A l’extrémité de la crypte, un escalier mène à la crypte 1 du sous-sol qui s'étend sur la même longueur. Contrairement aux cryptes sud, celles des murs latéraux font à l’occasion place à des divinités secondaires
La protection de la déesse et la destruction de ses ennemis sont montrés sur l'embrasure de la porte des deux cryptes (2 Est et 7 Ouest), deux serpents gardent scrupuleusement l'entrée des chambres secrètes de la déesse, exterminant les ennemis par le feu et à l'aide de couteaux. Le scarabée ailé, poussant devant lui le disque solaire, au-dessus du signe de l'horizon, entouré des signes de l'est et de l'ouest, est identifié à droite au Ba de Béhédety, éclairant la nuit (Lune), et à gauche à Khepri, brillant dans le ciel (Soleil). Le texte du linteau intérieur, illustré par les babouins adorant le soleil, décrit le lever du créateur hors du lotus primordial en sa forme d’Harsomtous.
Les Cryptes Ouest
La crypte du sous-sol située dans le côté ouest est accessible par une ouverture ménagée dans la cour de l’Ouâbet. Chacune des petites salles composant une crypte a sa propre thématique, centrée autour d'Hathor, d'Isis, d'Harsomtous ou d'Osiris; il se développe ainsi un réseau de correspondances internes entre les chapelles et les «lieux cachés».
La crypte 7 est accessible à partir de la chapelle solaire du Trône de Rê. Elle est composée de trois chambres qui forment une unité décorative, comme le prouvent les bandeaux de frise qui à travers les trois chambres forment un texte unique. Les parois sont couvertes de deux séries de scènes d'offrandes qui rappellent étrangement les scènes des chambres A et B de la crypte 2. Elles sont également orientées du nord au sud.
La plus intéressante des cryptes, d'un point de vue théologique, est située en étage sur le côté ouest; on y accède de la chapelle D’. Sur les parois sont représentées face à face les principales divinités de Denderah et celles d’Edfou, y figure en outre un immense texte qui dresse l'inventaire de la ville (noms de la ville, chapelles, dieux, etc.).Ce document n'était pas gravé dans un endroit secret pour le réserver aux initiés, puisque des extraits en sont reproduits en plusieurs endroits du temple; peut-être ce lieu servait ’il de conservatoire pour les archives du temple.
De même que dans les chapelles, le mur du fond des cryptes sud concentre les éléments essentiels de la théologie; on y voit, sur trois registres, les divinités principales du temple, les objets sacrés de la déesse, les fétiches antiques tels les sistres hathoriques et enfin les bâtons sacrés sortis lors des processions. Les scènes les plus proches de l'axe du temple répondent à celles qui se trouvent à l'extérieur du bâtiment; ce sont les plus importantes et, en tant que telles, peut-être avaient-elles été placées au-dessus de reliques cachées dans le sol.
Les Cryptes Sud:
Nous décrirons uniquement la crypte 4
D’une longueur de 27 mètres est actuellement ouverte aux visiteurs, la largeur moyenne de ces salles est d'un mètre; la hauteur varie entre deux mètres et quatre mètres pour une des cryptes d’étage. Nous décrirons uniquement cette crypte car c’est la mieux conservée de toutes. On y accède par la chapelle A’ par une échelle moderne. Au débouché du couloir d'entrée, on tourne à gauche pour atteindre la salle centrale, située sur l'axe du temple
La Salle 1 appelée la Demeure du Sistre, elle contient également la forme du faucon femelle d'Hathor et d'Isis. Selon les textes des bandeaux, elle servait à célébrer la Fête du Renouvellement de l’ivresse Malgré les difficultés d’interprétation, il est fort probable que la chambre évoque également la fête du 5 Paophi.
Fig1 Salle 3
Trois sistres hathoriques, emblèmes fort anciens qui, comme nous l'avons vu, sont peut-être enfouis dans les fondations, au cœur même du temple. On en voit six sur la paroi sud et deux sur la paroi nord. Tous décrivent qu’ils étaient en ébène, or, pierres précieuses ou cuivre.
Fig2 Salle 3
Des scènes montrent une déesse suivie de sa forme animale, un oiseau à tête humaine. A droite de la paroi il s'agit d'Hathor, à gauche, d'Isis. Scène de droite (fig2) Hathor est représenté dans une chapelle portative .C'est la contrepartie femelle du faucon d'Horus et d'Harsomtous même si l'oiseau a une tête humaine. Les textes nous disent : « Hathor, maîtresse de Denderah, qui est dans sa maison (tabernacle) ». Ils nous indiquent également que le disque solaire était en bois, et enduit d’or. Les dimensions du tabernacle sont indiquées derrière l’oiseau. L'impossibilité pour l'oiseau d'entrer dans le tabernacle n'est qu'apparente: en effet, la couronne (disque entouré de cornes) était amovible.
La salle suivante est aussi consacrée à Hathor et Isis.On y remarque surtout les magnifiques colliers-menât (1) qui, comme les sistres, produisent des sons. Ils sont faits d'un contrepoids tenu à la main auquel sont attachés des rangs de perles (on en voit un passé autour du cou d'Hathor, sur la paroi gauche). Les deux colliers posés sur des socles sont de véritables bijoux: Le premier, sur la même paroi nord, représente le contrepoids (2) avec une tête d'Hathor pourvue de bras qui tiennent l'enfant Ihy (3). Il est en «bronze noir plaqué d'or, sa hauteur est de quatre palmes (30 cm).derrière se tient Isis (4)
Le deuxième, sur la paroi sud, est encore plus beau; au contrepoids posé verticalement (1) sont attachés les rangs de perles (2) qui se raccordent à quatre sistres fixés sur un collier de pétales de fleur. Entre les sistres, qui symbolisent les quatre points cardinaux et aussi les quatre piliers du ciel (3) , navigue la barque solaire. (4)
L'instrument de musique est devenu un substrat cosmique répondant à l'épithète à caractère solaire, «œil et fille du soleil », que porte Hathor. Les quatre sistres illustrent aussi un aspect de la déesse Hathor « aux quatre visages » qui, par son pouvoir universel, règne sur le ciel et sur la terre. L'ensemble est« en cuivre plaqué d'or et toutes sortes de pierres précieuses. Les mêmes colliers sont représentés dans la chapelle (C’), appelée comme la crypte «demeure des colliers-menât».
La dernière salle vers l'est est consacrée à Harsomtous; le faucon momifié de la paroi nord fait pendant au rapace de la paroi sud. (La beauté de la gravure est remarquable). Les autres scènes montrent un serpent protégé par une gangue qui surgit d'une fleur de lotus; un pilier pourvu de bras étaie l'ensemble : ce fétiche préhistorique, qui jouait un rôle dans les rites agricoles, symbolise la solidité et la permanence avec son nom djed (« stabilité»).
Le serpent, image d'Harsomtous est un symbole de fécondité (chaque région possédait ses propres reptiles sacrés). Il est aussi le premier animal surgi du flot primordial par la volonté du créateur. Le soleil est apparu pour la première fois sur un lotus et Harsomtous, en tant que dieu-enfant à caractère solaire, a été assimilé à ce jeune astre. La chapelle du dieu, tout comme la crypte, est située dans l'angle sud-est du temple et paraît vouloir concentrer en cet emplacement l'idée de la renaissance périodique qu'illustre le soleil se levant à l 'Est et brillant au Sud.
Au cours des fêtes d'Harsomtous qui avaient lieu aux premiers jours des récoltes, on utilisait probablement de petits objets telle la barque contenant le lotus d'où on voit émerger le serpent; cet esquif était en or ou en cuivre, de 30 cm de haut; le lotus était en or.
Les deux autres salles, situées à l'ouest de l'escalier, renferment bon nombre de représentations de statues divines dont celle d'Isis en bois et d'une hauteur de 52 cm. Les couleurs sont encore bien conservées sur certaines de ces images divines.
BIBLIOGRAPHIE
Christian Jacq Les Grands monuments de l'Egypte Ancienne de 1986
Mariette, Auguste Denderah : description générale du grand temple 1875
Sylvie Cauville Le temple de Dendérah : Guide archéologique
TEMPLE DE DENDERAH
LA TERRASSE
ESCALIERS
On accède à la terrasse par l'escalier Ouest (Nord rituel), sur les parois duquel est précisément représentée la procession qui monte. On la voit redescendre par l'escalier Est (Sud rituel). Le premier à l’Ouest, est tournant et comporte 110 marches. Le second à l’Est
est rectiligne et comporte 97 marches, Ils sont tous deux emprunté par la même procession qui est quatre fois représentée sur les parois. (Deux fois montantes et deux fois descendantes). Les personnages ont à peu près leurs grandeurs réelles. Ils sont identiques dans les quatre processions. À chaque palier
de l’escalier tournant, de longs textes décrivent les cérémonies. À chaque étage, deux fenêtres éclairent le passage reproduisant quelques éléments du ciel : les rayons du soleil sont gravés sur la partie inférieure de la paroi; de chaque côté, on voit l'image du soleil et de la lune ou bien du vent
La Procession
Ointe et parée, la statue d’Hathor suivie de son cortège emprunte l'escalier ouest. Le personnel du cortège comprend des prêtres et des assistants. Les prêtres sont reconnaissants à leur longue robe et un bonnet serré qui couvre leur tête. Les assistants ont un caleçon court et une grosse perruque. Certains ont les épaules couvertes de cartons peints qui imitent des animaux symboliques. La procession comportait deux parties. Le roi, en tête dans chacune d’elles s'avance, tenant en main une cassolette allumée. Non compris le roi, La première partie comprend 34 personnages, la seconde 19.
Premier Groupe
Dans la première partie, le cortège se partageait en trois groupes. Dans le premier groupe : 13 prêtres portent des étendards sacrés, sui un chanteur qui tient en main un coffret de papyrus. Derrière eux s'avancent, en premier lieu, un assistant coiffé d'un masque de lion chargé d’ oindre les statues des divinités, en second lieu, une femme qui porte les coffres dans lesquels sont enfermées les étoffes et les bandelettes dont on habille les statues.
Dans le deuxième groupe figurent quatre prêtres (prophètes) qui tiennent de la main droite le sistre, et de la main gauche un vase qui parait contenir des lingots d'or et d'argent. Suivent 8 assistants, cinq hommes et trois femmes qui ont sous leur garde les offrandes solides et liquides qu'on emploie dans la cérémonie.
Deuxième groupe
Dans le troisième groupe on compte six personnages dont 4 prêtres et trois employés. Le premier prêtre est le stoliste, le second, le purificateur par l'eau, le troisième, le purificateur par le feu. Les deux hommes sont chargés de l'arrosage du chemin que parcourt la procession. La femme est la pourvoyeuse de toutes les offrandes employées dans la cérémonie.
Dans la seconde partie Dix-neuf prêtres, portent devant eux, attachés par des courroies , les onze coffres ou naos dans lesquels sont enfermées les statues des onze parèdres, et qu'on est allé prendre, pour cette solennité, dans la chapelle où ils sont en dépôt.
Ce petit édifice découvert est composé de douze colonnes à chapiteau hathorique reliées quatre par quatre par des murs-bahuts. Les tabernacles étaient placés à l'intérieur recouvert d'une grande pièce d'étoffe (vélum) servant à tamiser la lumière. Les divinités figurées dans l'escalier sont représentées sur les parois à l'intérieur de leur chapelle portative. Lorsque les rayons du soleil avaient 1'orientation souhaitée, on tirait le vélum et les statues sorties de leur tabernacle étaient inondées de soleil : elles s'unissaient ainsi aux rayons du créateur, et l'âme divine immatérielle rejoignait son support terrestre. Il est situé exactement au-dessus de la chapelle du « trône de Rê », siège de la lumière. Lors de la fête du Nouvel An, on y célèbre le rite de « l'union au disque solaire ». La statue d'Hathor, après toute une année, est épuisée, vidée de son énergie; aux premiers rayons du soleil levant, on expose la statue pour qu'elle soit rechargée de la lumière unique du Nouvel An. Lorsque le corps de la déesse absorbe le soleil, le ciel est en joie, la terre danse
CHAPELLES D’OSIRIS
Avant-propos : Les mystères d’Osiris
Les mystères d’Osiris se déroulent durant le dernier mois de la saison de l’inondation alors que les eaux de la crue se sont retirées et que la germination commence.
Sont alors confectionnées des statues simulacres du corps divin "Osiris végétant" , symboles de son remembrement par Isis, rendues à la vie par un important arsenal de rites. Les rites se déroulent dans des chapelles dites "chapelles osiriennes". Les mieux conservés se trouvent sur la terrasse du toit du temple de Denderah ; admirablement préservées leurs parois offrent la version la plus complète et la plus détaillée du récit du déroulement de ces "mystères".
Au nombre de six, elles sont réparties symétriquement trois par trois sur les côtés Est et Ouest, de la terrasse. Les chapelles n° 1 sont en fait des cours à ciel ouvert, donnant accès par une porte et deux fenêtres aux chapelles n° 2 qui donnent elles-mêmes par une porte sur les chapelles n° 3 ces dernières ne sont éclairées que par un puits de lumière creusé dans le plafond. Les chapelles Ouest portent le nom de "maison d’Isis-Chentayt" où l’on procède à l’embaumement permettant la préservation du corps.
Dès le 12 du mois Khoïak, on procède à la fabrication des statues, d’Osiris, de sa relique locale, et de Sokar. La statue d’Osiris et de Sokar sont façonnées dans un moule en or, celle de la relique dans un moule en argent. Les moules sont tapissés de lin puis remplie de la pâte servant à fabriquer les simulacres. C’est la déesse Chentayt, forme d’Isis sous sa forme de veuve éplorée, qui en est chargée. Elle est symboliquement secondée par les dieux Ptah et Khnoum, l’un démiurge, l’autre façonneur. La préparation de cette pâte, et les moules sont représentés sur les parois de la chapelle 1 Est
Moule d'Osiris
En longeant sur la terrasse le mur d'enceinte Ouest, on rencontre trois petites chambres construites en enfilade. La première est à ciel ouvert et forme à proprement parler une cour; les deux autres se trouvent dans les conditions de construction et d'éclairage des autres parties du temple. Une autre cour et deux chambres semblables se trouvent en longeant sur la terrasse le mur d'enceinte Est. En les rejoignant, on remarque sur les parois des murs formant les parapets des « fausses portes ; elles correspondent aux emplacements des gargouilles. Ces lions, placés sur la face extérieure crachent l'eau de la tempête (manifestation de Seth), ils empêchent les rares pluies chargées de sable de ruisseler sur les parois et d'en encrasser les inscriptions.
Les chapelles d'Osiris sont le lieu de la résurrection du dieu, suprême secret révélé par un très long rituel dont le texte est inscrit sur les murs. On fabriquait deux statuettes d'Osiris, I ‘une avec du sable et de l'orge, I ‘autre avec des aromates et des pierres précieuses. Douze jours de manipulation étaient nécessaires. On « momifiait » ces figurines pour les enterrer. Et le miracle se produisait: I ‘orge, arrosée, finissait par germer. Des pousses sortaient du corps d'Osiris, preuve matérielle que le dieu « végétant » était ressuscité. Une scène extraordinaire en donne une autre preuve. Plus symbolique: dans l'ouverture d'une des chapelles est représenté Osiris sur son lit de mort, en forme de lion. Quand la lumière passe par cette ouverture, elle entre dans le cadavre, ressuscitant Osiris chaque jour.
Chambre1. C’est une cour intérieure à ciel ouvert, sur ses parois éclairés par le soleil, les scènes gravées en relief en creux. Un long texte de 150 colonnes est relatif aux cérémonies de l'enterrement d'Osiris selon le rite adopté dans chacun des seize temples de l'Egypte où le culte Osiriaque était à l’honneur. La première partie colonnes 1à 31 contient la description des jardins d'Osiris existants dans chacun des seize nomes possédant un membre du d’Osiris. Le jardin d'Osiris est un coffre de pierre, situé près d’un bassin. Dans ce coffre on dépose la relique divine (un des 16 membres) a côté de l’image d'or du dieu. Le 20 du mois de Khoïak, des grains de blé ou d’orge sont semés dans le coffre. On les arrose avec l'eau du bassin en récitant les prières conformes au rite. Le 21 commençaient des fêtes qui durent jusqu'au 30.
Elle n'a aucune ouverture au plafond; le jour n'y entre que par les fenêtres ouvertes sur la cour. La partie du plafond où était sculpté le zodiaque circulaire a été enlevée il y a cinquante ans et transportée à Paris. Elle est considérée comme la chambre sépulcrale d’Osiris, sa momie, censée y être déposée, attendant sa résurrection. Mais Seth et ses compagnons veille autour du tombeau, tout prêt à empêcher le mystère divin de s'accomplir.
Les Nomes
Pour écarter les influences malignes, les nomes transformés en oiseaux planent au-dessus de la chambre. Viennent ensuite les vingt-quatre heures du jour et de la nuit suivies de leurs génies qui, pendant la durée de chacune d'elles, veille sur la momie sacrée.
Première heure de la nuit
Première heure de la nuit— Osiris est représenté sous sa forme Tentyrite. Derrière lui, le génie Amset gardien de cette heure. Devant lui, Thot, Anubis, la grande jumelle et petite jumelle, un prêtre Sotem de Memphis, un prêtre Ur-ma d'Héliopolis, un prêtre de Dendérah avec le seul titre de prophète, deux autres personnages sans désignation. C'est à cette heure que Thot se montre avec Anubis pour protéger Osiris. On voit également paraître des divinités armées de glaives, envoyées spécialement par les provinces du nord et du sud, pour veiller dans la chambre et la préserver de l'action des compagnons des ténèbres et, de la mort.
Chambre n° 3—Elle ne reçoit du jour que par une ouverture prismatique ménagée au plafond, la chambre est très sombre, ses parois sont encrassés et noircis par la fumée. Les hiéroglyphes en relief, sont mal définis et de petites dimensions, le plus souvent très difficiles à lire.
Chapelles Ouest
La disposition du groupe Ouest est exactement celle du groupe Est du Sud. On y trouve comme de l'autre côté une cour suivie de deux chambres
Chambre 1
Les textes de ses parois décrivent les funérailles et la résurrection d’Osiris.
Chambre 2
Osiris est, ici encore, censé reposer sur sa couche funèbre. Les textes énumèrent les cent-quatre amulettes prophylactiques dont il faut le couvrir pour écarter les mauvaises influences. Un grand tableau nous montre des divinités entremêlées de personnages qui représentent les jours, les heures et les décans, arrivant pour veiller près de la momie divine. Le soleil lui-même passe successivement par les douze portes du jour et envoie les douze gardiens de ces portes pour interdire l'approche de la chambre aux compagnons des ténèbres et de la mort. Sur le plafond est gravée une composition à la fois théologique et astronomique très difficile à interpréter, elle fait pendant au zodiaque gravé au plafond de la chambre 2 du Sud.
Le roi remplit les fonctions de prêtre du dieu, et amène devant lui le traîneau de cérémonie qui lui est consacré. Osiris-Onnophris de Dendérah est assis sur son trône. (Onnophris : l’Etre parfait) Il est « le vengeur de ses ennemis et du mal. » Un prêtre décapite un veau « rouge, » symbole des ennemis d'Osiris. Ainsi mis à mort, l'ennemi d'Osiris n'existe plus ; on lui a coupé la tête, enlevé la peau, extirpé les ongles. Nephthys manifeste sa joie de voir l'ennemi de son frère anéanti, derrière elle Isis joue du tambourin en manifestant également sa joie.
Chambre 3
C’est la suite et continuation de la chambre n° 3 de L’Est. Ici encore le mystère divin va s'accomplir. Le mal est vaincu; il n'est pas détruit. Osiris renaît. Mais il va de nouveau avoir à combattre son ennemi éternel. Il succombera de nouveau; de nouveau il descendra aux enfers et ressuscitera.
C'est toujours le mystère de la mort et de la résurrection d'Osiris qui fait le sujet des représentations. Tantôt le dieu est couché; les deux Schen-li sont près de lui, hâtant le moment suprême par leurs incantations. Tantôt le dieu est debout ou à demi-dressé sur la couche funèbre ; déjà le souffle vital l'a saisi et il apparaît vainqueur du mal et de la mort. Tantôt il est ithyphallique ; un germe d'existence est encore en lui et la seconde mort ne l'a pas atteint.
BIBLIOGRAPHIE
Mariette, Auguste Denderah : description générale du grand temple volume 6
Sylvie Cauville Le temple de Dendérah : Guide archéologique
Mariette Auguste Denderah Planches volume 4
LE TEMPLE D'HATHOR
Visite Guidée
Afin de mieux comprendre les divers aspects du temple vous pouvez lire le Panthéon de Dendérah
Le temple actuel, date de l'époque ptolémaïque, c’est le dernier d'une série de temples formant une chaîne sacrée. La construction commença à la fin du IIe siècle avant J.-C., alors que se terminait celle d'Edfou, temple d'Horus, avec lequel Hathor forme un couple divin. Le nom « Hathor » signifie d'ailleurs temple d'Horus
Le temple d’Hathor Ta Iounet ta neteret «Héliopolis » fut appelé neteret « en égyptien », puis Tentyris «en grec » et enfin Dendérah « en arabe », il couvre près de cinq siècles d'histoire de la déesse.
La Façade
La façade du temple couvert ne ressemble à aucune autre. C'est l'univers d'Hathor qui s'impose à nous avec ces six colonnes qui sont les instruments de musique de la déesse, des sistres surmontés de la tête d'Hathor aux oreilles de vache, au-dessus de laquelle se trouve une petite chapelle. Elle présente le panthéon local composé d'Hathor, de son époux, Horus d'Edfou, de leur fils Harsomtous, d’Isis, et de son époux Osiris.
Les chapiteaux des temples consacrés à la déesse Hathor sont ornés sur leurs quatre faces d'une tête de vache ou d’Hathor avec une tête de femme. Hathor est la seule divinité à être représentée de face car sa figure évoque le rayonnement solaire. Les quatre visages d'Hathor du pilier représentent les quatre coins du ciel orienté vers un point cardinal : la déesse est souveraine du cosmos.
Sur les murs, entre les colonnes, des frises de serpents uraeus prêts à agresser les profanes qui voudraient violer les secrets du temple. Sur le pourtour extérieur de ce dernier, on découvre des scènes de fondation et des processions de dieux-Nil qui apportent au sanctuaire les richesses de la terre ainsi que celles de femmes incarnant les provinces d'Égypte, unies dans la célébration du culte.
Le Pronaos
On est aussitôt frappé par le climat d'intense recueillement régnant dans cette forêt de pierres, plongée dans la pénombre. De part et d'autre de l'axe central, deux groupes de neuf colonnes. Au-dessus de l'allée centrale, d'immenses vautours, ailes déployées, portant la couronne de Haute Égypte, alternant avec des disques solaires ailés, liés à la couronne de Basse Égypte. Les deux aspects de la royauté sont réunis dans le cosmos où la déesse met au monde le soleil qui illumine le temple de neuf rayons.
Cette salle servait de lieu d'enseignement aux initiés qui y pénétraient par deux petites portes latérales (à l'est et à l'ouest), pour apprendre à lire ce prodigieux papyrus de pierre qui leur offrait la connaissance des lois célestes gouvernant chaque existence humaine. Sur terre, dans les scènes qui décorent colonnes et parois, sont décrits les rites. De multiples scènes symboliques de Denderah mériteraient un long commentaire, comme l'offrande des deux sistres, pour dissiper violence et colère
Le Plafond : Plusieurs articles lui sont consacrés
Lire
Salle Hypostyle (B)
On traduit généralement le nom égyptien de la salle hypostyle par « salle de l'apparition », car c'est là qu'Hathor entourée de sa cour apparaît dans sa barque de fête avant de partir en procession.Placée juste derrière le Pronaos, cette salle est soutenue par six colonnes à chapiteau composite, surmonté d’un dé hathorique. Elle fait office de carrefour d'accès aux escaliers lors par exemple de la fête du Nouvel An. Cette disposition commune à tous les temples explique la présence des diverses entités chargées de protéger le lieu.
C’est là, lors des grandes fêtes, que la déesse apparaissait aux initiés en ce lieu, sous la forme d'une statue placée dans une barque. Les offrandes étaient consacrées sur des autels, c'est là aussi que débute l'ensemble architectural du Saint des saints. Tout chemin vers le mystère commence par le don. Ce qui est matériel (nourriture solide et liquide) est ici transformé en aliment spirituel pour la divinité. Elle reçoit la lumière à travers huit ouvertures judicieusement pratiquées dans le plafond permettent de déchiffrer la liste des offrandes inscrite sur les murs.
La base et le premier tambour des six colonnes massives sont en granit d'Assouan, les colonnes sont décorées de deux tableaux répartis suivant l'axe du temple.
Sur cette colonne, le roi érige un saule qu’il consacre ici aux deux grandes divinités du temple, Hathor et Hor-Hut. (A l'intérieur de l'enceinte du temple existaient des jardins sacrés, appelés par l'arbre qui y croissait principalement. Il y avait le jardin du persea, du palmier, du saule. )
De part et d'autre de l'axe central, se trouve six pièces. Pour comprendre leurs rôles, il faut les associer deux à deux, en avançant. Premier couple: le laboratoire (F) et la salle du Trésor (J).
Le laboratoire les alchimistes y préparaient les onguents, les huiles saintes nécessaires au culte journalier, sur ses parois sont inscrites les recettes et les listes de produits Les différentes phases de la fabrication sont y sont décrites minutieusement.
Derrière le roi, une servante porte des fleurs de diverses espèces et des vases, symboles des essences précieuses que l'on fabriquait avec ces fleurs. Les trois personnages à têtes d'animaux personnifient les parfums, les huiles, les onguents, les essences.
La salle du Trésor
Les objets précieux du culte étaient entreposés dans le trésor; les parois présentent des offrandes de parures. Sur les soubassements se déroule la procession des pays producteurs d'or, de lapis-lazuli, de malachite ou de cornaline qui sont symbolisés par des porteurs d'offrandes. Ces contrées se trouvent en Égypte (Sinaï ou Nubie), à l'exception d'une seule que l'on situe assez vaguement entre la mer Caspienne et la Mésopotamie.
La salle du calendrier (G),. Elle est appelée ainsi car sur les montants extérieurs de sa porte est gravé le calendrier des fêtes d'Hathor. Ce calendrier se poursuit sur la paroi vers le vestibule Est (H).Les fêtes sont décrites du premier jour de l'année au dernier. La date est indiquée par le mois (quatre par saison), puis par la saison (trois par an), enfin par le jour.
La chambre du Nil (I), Elle s’ouvre vers le puits : c'est par là que le chapelain, trois fois par jour (matin, midi et soir) portait dans une aiguière l'eau sacrée puisée dans le puits sacré. Elle servait aux innombrables purifications que nécessitait le culte divin journalier. Sur les épaisseurs des montants de la porte intérieure sont gravées, à l'intention des prêtres des recommandations pour procéder aux purifications
Le roi offre deux aiguières d'or a Hathor pour qu’elle lui accorde une inondation abondante
Les annexes (H et O) Elles servaient à la circulation des offrandes quotidiennes ou exceptionnelles, en liaison directe avec la salle médiane suivante, portant précisément le nom de « salle de l'offrande » (C). L’annexe Ouest (O) permet d'accéder à l'escalier qui mène au toit. D'après l'inscription du bandeau de frise, les prêtres l'utilisaient, notamment, pendant la nuit durant la fête du Nouvel An.
Depuis les chapelles de 1'hypostyle, les prêtres apportaient les diverses offrandes et les déposaient sur des dressoirs dans la salle des offrandes. Ainsi, lorsque les portes du sanctuaire étaient ouvertes, la divinité humait les effluves des aliments. Pour exécuter ce rituel, des intercesseurs divins ont été créés par les théologiens : sur la paroi sud, entre le roi et la déesse, des dieux zoomorphes officient, les mains posées sur les dressoirs : ils sont originaires des villes d'Égypte où ils étaient d'ailleurs vénérés : Memphis, Héliopolis, Mendès dans le Delta et, enfin, Hermonthis à côté de Thèbes.
La salle des offrandes fait office de carrefour d'accès aux escaliers lors, par exemple, de la fête du Nouvel An. Cette disposition commune à tous les temples explique la présence des diverses entités chargées de protéger le lieu :
Trente uraeus à tête de lion placés sur les montants de porte de la chapelle située dans l'angle Sud-Est de la salle sont affectés à la protection de chaque jour du mois
365 uraeus identiques mais pourvus de noms différents sont répartis sur les frises de la salle, à l'endroit où 1 'air et la lumière pénètrent. Ces entités sont des avatars de la déesse Hathor-Sekhmet, la maîtresse de l'année, qui peut épargner ou infliger des tourments. Œil de Rê , elle représente l'aspect brûlant et destructeur du soleil.
VESTIBULE
Sans fonction précise, il sert essentiellement de passage, vers la salle des offrandes, le sanctuaire, l’Ouâbet et la chambre des étoffes. Il accueillait les tabernacles contenant les statues des diverses divinités lors du départ des grandes fêtes.
Comme son nom l'indique, la chambre des étoffes renfermait les divers vêtements et tissus utilisés lors des cérémonies. On y trouve, représentés sur les parois, les génies préposés aux étoffes et, sur les soubassements, des porteurs de ces mêmes étoffes. On discerne mal le décor du troisième registre, le plus intéressant : des prêtres portent des coffres d'étoffes et d'onguents dont certains sont originaires de localités saintes du pays, Abydos, Héliopolis, Memphis ou Thèbes.
Cette salle est le cœur liturgique et non théologique du temple. Le service quotidien s'y déroulait, mais les subtilités doctrinales et les statues sacrées de la déesse se trouvaient dans la chapelle axiale située derrière le sanctuaire.
Sur l'épaisseur des montants de la porte, à l'est, se trouve un hymne à Hathor qui nous apprend que la déesse est venue au monde la nuit, que sa principale fête est celle au cours de laquelle elle se rend à Edfou pour voir son époux et que, enfin, Denderah a été créée à l'image d'Héliopolis
Dans l'Antiquité, un naos en pierre (du type de celui d'Edfou) était placé au fond du sanctuaire; devant lui reposaient les barques divines. Celles-ci sont représentées sur les parois latérales; à l'est, celles d'Hathor et d'Horus; à 1 'ouest, celles d'Isis et d 'Harsomtous. Les barques des déesses sont reconnaissables à la tête féminine qui orne la proue et la poupe ; celles des dieux portent deux têtes de faucon. À l'intérieur de ces nacelles reposait un petit tabernacle démontable fermé par un rideau de lin qui protégeait 1'image divine.
CHAPELLES DIVINES
Dans le couloir mystérieux, neuf portes (rappel de l’Ennéade) ouvrent sur onze chapelles. Chacune d'elles a une signification particulière. L'initié apprenait à se purifier, à pratiquer la musique sacrée, à découvrir les secrets du feu et de l'énergie, renaissait sous la forme symbolique du faucon qui traverse les airs et du serpent qui connaît les profondeurs de la terre, il « renouvelait sa forme », était accueilli par Isis et voyait la lumière divine.
Les onze chapelles qui entourent le sanctuaire recèlent la théologie essentielle du temple. Toutes les parois du fond de ces salles sont consacrées à Hathor et Isis qui se voient présenter des offrandes stéréotypées. La fonction principale de chaque chapelle est gravée sur les montants et linteaux de porte, ainsi que sur les bandeaux de frise et de soubassement.
Nous prendrons la notation des salles établie par Auguste Mariette Bey
Quatre chapelles sont consacrées aux divinités les plus importantes du temple: la (T) à Isis; la (U) à Sokaris-Osiris; la (V) à Harsomtous; la (B’) à Horus d'Edfou. Les sept autres sont réservées à Hathor, la reine du temple.
Chapelle d'Isis (T)
Le linteau extérieur et le tableau placé à gauche de l'entrée sont consacrés à Isis. Le linteau intérieur montre la déesse intronisée comme reine par Thot et Khnoum. Les dieux qui participent à son triomphe sont représentés sur les registres supérieurs des parois latérales
Chapelle de Sokaris-Osiris (U).
Sokaris à l’ origine dieu funéraire de Memphis est connu dans toute l’Egypte par son association avec Osiris. À Denderah, il est représenté avec une tête de faucon tandis qu'Osiris a une tête humaine. Les montants extérieurs de la porte, ils sont gravés de textes originaux invoquant Osiris dans toutes les villes de Haute Égypte (montant nord) et de Basse Égypte (montant sud).
Le registre supérieur montre des scènes relatives aux mystères osiriens. Une scène située sur le mur ouest, montre un œil-oudjat qui symbolise la lune (Osiris): l'identification est donc claire entre le dieu qui meurt pour renaître et l'astre aux phases cycliques. Les deux dieux sont Thot (à tête d'ibis) et Chou qui repêchent la lune à la fin de son cycle pour l'empêcher de mourir et, en quelque sorte, réamorcer le processus vital; en haut à droite, la lune éclaire le ciel tandis qu'apparaît le soleil matinal sous forme d'un scarabée.
Chapelle d'Harsomtous (V).
Des triades divines (père, mère, enfant) se rencontrent dans de nombreuses villes d'Égypte. Ce type de groupement répond peut-être au besoin de réunir plusieurs cultes dans un même lieu; le modèle en est celui d'Osiris, Isis et Horus l'enfant, archétype national et mythique. Les trois aspects de la personnalité du dieu-enfant de la triade tentyrite (Nome de Tentyra, en Haute-Égypte.) : héritier (tête humaine); solaire (tête de faucon); générateur de fécondité (tête de serpent).
Le linteau intérieur illustre le nom même du dieu et sa fonction essentielle, unir le pays : Harsomtous signifie « Horus qui unit les Deux Pays», c'est-à-dire le Delta et la vallée du Nil.
Les dieux-Nils réunissent la Haute et la Basse Égypte symbolisées par les touffes qu'ils portent sur la tête, papyrus du Delta à gauche, jonc de la vallée du Nil à droite. le roi et la reine encadrent la scène pour montrer que la royauté du dieu est aussi celle de son représentant sur terre.
Harsomtous reçoit d'autres emblèmes de sa fonction, les plumes de sa couronne ou bien le lotus, berceau du soleil Une touffe végétale (au premier registre de la dernière scène de la paroi sud) représente les bouquets du· triomphe que l'on remettait au roi lors de la répétition symbolique de son couronnement au Nouvel An, à l'occasion d'une visite au temple ou au retour d'une campagne victorieuse.
Chapelles d'Hathor (S, X, Y, Z, B’, C’, D’).
Dans la chapelle S, lieu de couronnement, les théologiens ont mis en parallèle l'intronisation d'Hathor et la passation de pouvoir d'Horus à son fils Harsomtous exprimée par les offrandes qui leur sont présentées.
La chapelle C’ «demeure des colliers-menât» renferme les statues ornithomorphes (ayant une forme d’oiseau) du panthéon essentiel.
Dans la chapelle D’ se trouve le petit Ihy, autre aspect de l'enfant de la triade, Harsomtous. Ce dieu-enfant, toujours représenté nu, un doigt à la bouche et de taille inférieure à celle des autres divinités, figure souvent en tête de ces dernières pour présenter sistre et collier-menât.
La chapelle axiale Z est la plus importante, là, s'accomplissait le rituel ultime de l’initiation aux mystères. Musique, boisson de l'ivresse, rite du miroir, découverte de la statue de la déesse en sont des éléments clés. L'initié, comme il est précisé sur les montants de la porte, reçoit une vue et une ouïe nouvelles; c'est pourquoi il acquiert aussi l'intuition qui le mène vers la connaissance et lui permet d'exprimer le Verbe. Sa façade extérieure est magnifique, elle comporte une corniche et une frise d’uræus superposés. Sur ses parois on peut y voir les scènes suivantes :
Le roi est introduit par Nekhbet et Ouadjyt exécute le rituel journalier tel qu'il est décrit dans le sanctuaire.
Pépi er agenouillé qui présente sur un tableau une figurine en or du dieu-enfant Ihy. La statuette en or (52cm), était conservée dans le temple.
Hathor est placée devant une chapelle fermée par une résille d'or; sa statue en bois plaquée de feuilles d'or mesurait plus de deux mètres de haut. Il est possible que la chapelle figurée derrière elle, représente la niche aménagée dans la paroi du fond, haute de plus de trois mètres, et fermée d'une résille dans l'Antiquité. L'idole placée à l'intérieur, à demi dissimulée et brillant de l'éclat du métal précieux, devait susciter une certaine crainte religieuse. Depuis l'actuel escalier métallique qui mène à la niche, on peut voir de part et d'autre de celle-ci deux représentations de la déesse placée dans des chapelles amovibles.
La chapelle porte le nom de la déesse Nekhbet en Haute Égypte (per-our) qui est très vite devenue son symbole. Le roi, au cours des fêtes jubilaires, y recevait la couronne blanche. Les salles qui encadrent la chapelle axiale (Y et A’) portent les noms de sanctuaires de Basse Égypte, per-nou pour la chapelle Y, et perneser pour la chapelle A’, où est symboliquement remise la couronne de Basse Égypte
En tant que répliques de sanctuaires de Basse Égypte, les chapelles Y et A’, abritent des dieux et des déesses du Delta. On y voit face à Hathor Sekhmet, la lionne de Memphis, ou Bastet, la chatte de Bubastis. Ces chapelles étaient destinées au service de la chapelle axiale. De ces salles, on accède aux deux cryptes les plus importantes, qui t renfermaient les images les plus sacrées.
Chapelles d'angle (X et B’).
On y accède par les chapelles Y et A’. À la différence de celles-ci, elles ont leur fonction propre.
Une niche semblable à celle de la chapelle axiale est aménagée dans la chapelle X, appelée «demeure du sistre »; elle devait contenir les trois statues principales d'Hathor, une d'Isis, les formes animales des quatre divinités les plus importantes, Hathor, Isis, Horus et Harsomtous et deux sistres-fétiches.
Le nom de la chapelle A’, (trône de Rê); est semblable à celui d'une chapelle d'Edfou. Elle abritait sans doute l'idole d'Horus, faucon en or et pierres précieuses, « y compris le phallus» selon les textes. Le texte du bandeau de soubassement dit que l'âme du dieu Horus réside dans sa statue, que le dieu s'unit à la déesse et qu'ainsi« Denderah est réunie à Edfou.
On rencontre l‘Ouâbet (chapelle) et sa cour du Nouvel An dans la plupart des temples du pays. C'est à Denderah qu’il est le mieux conservé. Au premier jour de l’année, l’Ouâbet était le théâtre d’un grand rituel de fête: Hathor y recevait étoffes, onguents et parures, elle était intronisée comme reine par Ptah-Tenen de Memphis et Rê-Horakhty d’Héliopolis tandis que Thot d’Hermopolis lui remettait les diverses couronnes. Puis prêtres et statues divines se rendaient sur le toit pour poursuivre le cérémonial. (Voir l’article consacré à La fête du Nouvel An au temple d’Edfou).
La Chapelle
Littéralement la salle pure, elle est précédée d'une cour, bien établi à la période gréco-romaine La chapelle est surélevé par rapport à la cour et aux espaces voisins. Il est séparé de la cour par deux colonnes et des murs d'entre colonnement.
Sur la paroi du fond aux côtés d'Hathor, prennent place Isis, Horus, Harsomtous de Khadi. Harsomtous enfant et Ihy: ils participaient à la fête du Nouvel An. Seule Hathor bénéficiait du grand rituel: étoffes, onguents, parures, et. Enfin del’ investiture divine.
L'accueil de la déesse : Les colonnes d'hiéroglyphes encadrant l'entrée poursuivent le récit de la fête: Hathor est accueillie en musique par les Sept Hathor frappant du tambourin, les deux Meret jouant de la harpe et la reine agitant les sistres. Les Quatorze Kas de Rê. Horus et Thot purificateurs continuent le rituel Avec le roi et la reine, trente acteurs participent au rituel divin.
Le roi offre la vérité à Hathor et Ho-sam-ta-ui accompagné de Maât elle-même et du jeune dieu, qui est un dédoublement du roi assimilé à la troisième personne de la triade
Neuf personnages divins suivis du roi sont devant Hathor Le premier est Thot, la raison divine, celle qui coordonne et maintient en équilibre les diverses parties de l'univers. La couronne d'or et le vase font partie des dix offrandes à faire dans le temple sont dans ses mains, il amène à la déesse huit figures allégoriques alternativement à tête de vipère et de grenouille, et alternativement mâles et femelles. Elles symbolisent quatre des puissances élémentaires. La première est le Noun, l'océan céleste; la seconde est le Heh, l'infini, le temps : la troisième le Kek, l'obscurité, l'espace; la quatrième le mouvement, la force. Chacune de ces huit figures, appelées ici « les serviteurs. » apportent à la déesse, avec le roi lui-même, une des coiffures divines et royales qui lui assurent la souveraineté dans le ciel et sur la terre.
La Cour du Nouvel An
Véritable puits de lumière ouverte sur le ciel, c’était le lieu de rassemblement d'où partait la procession : les tabernacles divins sortis des diverses chapelles y étaient provisoirement déposés. On y entassait les offrandes (pains, viandes, boissons, fleurs)- dans la cour qui devait être aussi encombrée que nous le montrent les panneaux latéraux. Le Nouvel An est un moment capital: un cycle s'achève, un autre commence. Un monde disparaît, un autre apparaît. C'est une période magique par excellence, celle de la « Première fête », au sens de « fête essentielle », au cours de laquelle la divinité se « recharge » d'énergie lumineuse qu'elle redistribue ensuite aux humains.
Salle N
Cette petite pièce qui précède la Cour du Nouvel An était utilisée pour préparer les parures plutôt que pour les conserver. Sur les parois, on remarque entre autres le pectoral pour Harsomtous et Horus (parois sud et nord) et, face à face, des colliers pour Isis et Hathor. Les soubassements présentent le même décor que le premier trésor : des personnages agenouillés coiffés du signe de la montagne, lieu d'où sont tirés les minerais, portent des coffres ou des vases; les régions productrices apportent ainsi leurs tributs à la divinité qui les a créées.
La Terrasse , les chapelles d'Osiris
BIBLIOGRAPHIE
Christian Jacq Les Grands monuments de l'Egypte Ancienne de 1986
Auguste Mariette-Bey Denderah : description générale du grand temple 1875
Auguste Mariette-Bey Denderah Vol1, Vol2, Vol3, Vol 4 planches 1875
Sylvie Cauville Le temple de Dendérah : Guide archéologique